Financement des méga-projets énergétiques et miniers : L’Algérie se tourne vers les capitaux asiatiques
Le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab a reçu lundi le président de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures Jin Liqun pour explorer les pistes de financement de grands projets dans les hydrocarbures, les mines et le dessalement de l’eau de mer, marquant une ouverture stratégique vers les capitaux asiatiques dans un contexte de diversification des partenariats économiques du pays.
L’Algérie multiplie les approches pour financer son ambitieux programme de développement industriel et énergétique. La visite du président de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures à Alger témoigne d’une volonté manifeste de diversifier les sources de financement au-delà des partenaires traditionnels. Cette rencontre, tenue au siège du ministère des Hydrocarbures et des Mines en présence de cadres, intervient alors que le pays cherche à mobiliser des capitaux massifs pour concrétiser plusieurs projets structurants estimés à plusieurs milliards de dollars. Selon le communiqué du ministère, cette audience « a été l’occasion d’examiner les perspectives de coopération entre l’Algérie et l’AIIB dans les secteurs à priorité stratégique, notamment les hydrocarbures, les mines, le dessalement de l’eau de mer et l’infrastructure industrielle, à travers l’accompagnement et le financement de grands projets à dimension économique et environnementale ». L’enjeu est de taille pour Alger qui doit financer simultanément la modernisation de son appareil productif, la valorisation de ses immenses ressources minières inexploitées et répondre aux défis croissants de la sécurité hydrique dans un contexte de stress hydrique accentué par le changement climatique. Mohamed Arkab a profité de cette rencontre pour dresser un panorama détaillé des réformes entreprises et des opportunités offertes aux investisseurs étrangers. Le ministre d’État « a présenté les grands programmes de développement du secteur, mettant en évidence les nouvelles réformes juridiques et réglementaires régissant les activités des hydrocarbures et des mines, ainsi que les incitations et avantages qu’elles offrent aux investisseurs », tout en insistant sur « les efforts de l’Algérie visant à diversifier l’économie nationale et à renforcer la transformation industrielle, à travers le développement des industries manufacturières et l’augmentation de la valeur ajoutée des ressources nationales ». Le portefeuille de projets évoqués lors de cette audience illustre l’ampleur des ambitions algériennes. Arkab « a exposé les grands projets structurants en cours de réalisation, à l’instar de la mine de fer de Gara Djebilet, du projet du phosphate intégré, du projet d’exploitation du zinc et du plomb, ainsi que des projets de dessalement de l’eau de mer ». Le projet pharaonique de Gara Djebilet, qui recèle quatre milliards de tonnes de minerai de fer dans le sud-ouest algérien, nécessite à lui seul des investissements colossaux estimés à plus de sept milliards de dollars. Le ministre a également souligné « le rôle de l’Algérie en tant qu’acteur fiable dans la garantie de la sécurité énergétique régionale et mondiale », rappelant ainsi la position stratégique du pays comme fournisseur gazier majeur de l’Europe.
La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures représente un partenaire financier d’envergure pour l’Algérie. Créée en 2025 avec un capital initial de 100 milliards de dollars, cette institution basée à Pékin compte aujourd’hui 105 États membres et finance des projets d’infrastructures durables en Asie et en Afrique. Le communiqué rappelle que « l’AIIB est une institution financière qui vise à financer des projets d’infrastructures durables et à soutenir l’énergie verte et les villes intelligentes, outre la contribution au financement des projets de développement en Afrique à l’instar de l’énergie et de l’eau en Égypte, au Kenya, en Éthiopie et en Côte d’Ivoire ». Jin Liqun a salué la démarche algérienne et manifesté l’intérêt de son institution pour accompagner les projets du pays. « Après avoir exprimé sa satisfaction du niveau du dialogue et de la coopération avec l’Algérie, le président de la Banque a salué la clarté de la vision du pays en matière de développement des secteurs des hydrocarbures et des mines, réaffirmant l’intérêt de l’AIIB à accompagner l’Algérie dans ses futurs projets », précise le communiqué. Le responsable chinois a souligné que « l’Algérie fait partie des premiers pays à rejoindre la banque depuis sa création », un atout diplomatique non négligeable dans les négociations à venir. La banque « s’attelle à élargir ses investissements dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en se focalisant sur les technologies propres et le développement durable », des priorités qui correspondent aux ambitions algériennes de transition énergétique et de réduction des émissions de carbone.
Samira Ghrib