Le Premier ministre inaugure le SILA 2025 : Carrefour des cultures et des générations
Sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre Sifi Ghrieb a présidé, mercredi, au Palais des expositions d’Alger, l’inauguration officielle de la 28ᵉ édition du Salon international du livre d’Alger (SILA).
Cet événement majeur, placé cette année sous le thème « Le livre, carrefour des cultures », se tient jusqu’au 8 novembre et réunit quelque 1254 maisons d’édition venues de 49 pays, confirmant une fois encore la vocation universelle du SILA comme l’un des plus grands rendez-vous littéraires du monde arabe et du bassin méditerranéen. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de plusieurs membres du gouvernement, de hauts cadres de l’État et de représentants d’institutions nationales, témoignant de l’importance que les autorités accordent au livre et à la culture. Au cours de sa visite, le Premier ministre a parcouru les différents pavillons, notamment celui du ministère de la Culture et des Arts, où il a insisté sur « la nécessité de numériser les musées publics », soulignant l’importance de moderniser la gestion du patrimoine national à l’ère du numérique. Il s’est ensuite rendu au stand du ministère de la Défense nationale, qui expose de nouvelles publications multilingues, dont plusieurs études stratégiques. Enfin, il a visité le pavillon du pays invité d’honneur, la République islamique de Mauritanie, célébrée cette année pour la richesse de sa tradition littéraire et poétique.
Un phénomène économique et social
Pour Mohamed Iguerb, commissaire du Salon, le SILA est bien plus qu’un simple événement culturel. Dans un entretien accordé à la radio nationale, il affirme que « le Salon du livre d’Alger n’est plus seulement une manifestation culturelle, mais une véritable phénomène social, économique et touristique que les Algériens et les Arabes attendent chaque année avec impatience ». Selon lui, le livre demeure « une marchandise certes, mais avant tout un message par lequel l’Algérie réaffirme qu’elle reste un phare de culture, de dialogue et d’ouverture sur l’autre » — des valeurs que le thème de cette édition incarne parfaitement.
L’édition 2024 avait accueilli près de cinq millions de visiteurs, un chiffre que les organisateurs espèrent dépasser cette année. Le salon coïncide en effet avec la commémoration du 71ᵉ anniversaire de la Révolution du 1er Novembre et le début des vacances scolaires, des facteurs qui devraient favoriser une affluence exceptionnelle. « Le Salon revient, dit Ikreb, pour rappeler que le livre est toujours vivant, que la culture peut rassembler ce que la politique et la géographie divisent, et qu’il demeure un espace où se rencontrent civilisations, idées et générations. » Avec ses 23 000 m² d’exposition et 240 000 titres disponibles, le SILA s’impose comme le plus grand événement littéraire du monde arabe. Près de 250 écrivains, algériens et étrangers, animeront des conférences, tables rondes et rencontres littéraires. Parmi les moments forts figure un colloque international intitulé « L’Algérie dans la civilisation », prévu le 4 novembre à l’hôtel El Aurassi, qui mettra en lumière le rôle de l’homme algérien comme moteur de la civilisation humaine et rendra hommage aux grandes figures intellectuelles du pays.
Mohamed Iguerb insiste sur la dimension intellectuelle et militante de cette édition, qui ne se limite pas à la littérature : « Le programme s’ouvre sur l’histoire contemporaine et le combat contre le colonialisme français, tout en accordant une place importante aux luttes pour la libération et la justice, de la Palestine au Sahara occidental, en passant par la réflexion sur le néocolonialisme et ses défis. » Selon lui, le SILA 2025 doit aussi devenir « une tribune de dialogue sur les valeurs de citoyenneté et de coexistence pacifique, des messages dont le monde a plus que jamais besoin ». L’événement sera également marqué par une série d’hommages aux grandes figures de la littérature algérienne. En tête de ces célébrations, le centenaire de la naissance d’Abdelhamid Benhedouga, pionnier du roman algérien d’expression arabe et auteur de « Rih El Djanoub » (Le Vent du Sud), publiée en 1971, neuf ans après l’indépendance. « Benhedouga, rappelle Iguerb, est unanimement reconnu par la critique comme l’un des fondateurs du roman algérien moderne. » Le Salon célèbrera aussi le soixantième anniversaire de l’écrivain et poète Rachid Boudjedra, aux côtés d’autres auteurs dont les œuvres ont marqué plusieurs générations de lecteurs.
Le choix de la Mauritanie comme invité d’honneur illustre la volonté du SILA de renforcer les liens culturels au sein du Maghreb et du monde arabe. Décrite comme « le pays du million de poètes », la Mauritanie présentera ses écrivains, musiciens et penseurs à travers un programme d’échanges et de débats. « Ce sera, souligne Iguerb, une occasion unique pour le public algérien de découvrir la profondeur des liens spirituels et intellectuels entre nos deux peuples, dans la religion, la pensée, la littérature et la musique. » Au-delà des stands et des signatures, le SILA 2025 s’annonce comme une célébration de la parole, de la mémoire et du savoir partagé. Dans un contexte mondial souvent marqué par les fractures identitaires et les replis culturels, Alger choisit, à travers son Salon du livre, d’offrir un espace où le dialogue, la connaissance et la création demeurent les véritables instruments de résistance et d’unité.
Mohand Seghir

