Mohamed Idir Aït Amrane : Un héritage inestimable pour la culture algérienne
Vingt ans après sa disparition, la mémoire de Mohamed Idir Aït Amrane demeure vivante dans le cœur de tous ceux qui œuvrent pour la culture, la langue et l’identité amazighes. Poète, linguiste, moudjahid et militant infatigable, il fut l’un des artisans les plus éclairés de la reconnaissance de Tamazight en Algérie. Né en mars 1924 à Takidhount, dans la région des Ouacifs à Tizi-Ouzou, Aït Amrane incarna tout au long de sa vie cette alliance rare entre engagement nationaliste et fidélité à la diversité culturelle du pays. Premier président du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), qu’il dirigea de 1995 jusqu’à son décès le 30 octobre 2004, il a laissé une empreinte profonde sur les institutions culturelles algériennes. Pour Si El Hachemi Assad, actuel secrétaire général du HCA, Mohamed Idir Aït Amrane a transmis « de nombreux documents importants pour le HCA et un legs inestimable pour la culture algérienne ». Il se souvient de lui comme d’« un homme d’ouverture, mais aussi une mémoire généreuse », dont la pensée continue d’inspirer la politique culturelle nationale.
Afin d’honorer ce parcours exemplaire, le HCA lui a récemment consacré un film documentaire et un ouvrage retraçant sa vie et son combat. « Pour valoriser cet héritage et rendre hommage à son engagement en faveur de Tamazight, nous lui avons consacré un film et un ouvrage sur son parcours », a précisé M. Assad à l’APS. Le livre revient sur son itinéraire et la portée historique de son œuvre, tandis que le film de 52 minutes, Adhyidhir mmiss oumazigh, réunit les témoignages émouvants de ses proches et compagnons de lutte. L’hommage s’étend également à la traduction en arabe et en français de ses chants patriotiques et de sa poésie, afin, selon M. Assad, de « mettre ces textes à la disposition des associations et garantir que la fibre patriotique contenue dans son œuvre continue d’inspirer ». Ces initiatives participent d’un travail de mémoire et de transmission, à l’image de celui que Mohamed Idir Aït Amrane a lui-même mené pour préserver la langue amazighe et ses expressions poétiques, tout en inscrivant son combat dans le vaste récit national.
Celui que le HCA décrit comme « une source d’inspiration en matière d’engagement patriotique » fut aussi un passeur de sens, un homme de dialogue, qui croyait à la puissance du verbe pour unir les peuples. À travers son œuvre, entre poésie, chanson et réflexion linguistique, il a su traduire l’esprit d’un pays en quête d’unité dans la diversité. En lui rendant hommage, c’est à toute une génération d’intellectuels et de militants que l’Algérie exprime sa reconnaissance — ceux qui, à l’image d’Aït Amrane, ont su faire du mot un acte de résistance et de fidélité à la mémoire collective.
Mohand S.

