Sahara occidental : Une question de justice et de légalité internationale
De plus en plus de voix s’élèvent en Espagne pour dénoncer la dérive du discours officiel autour du Sahara occidental, que des journalistes considèrent non comme une affaire de diplomatie pragmatique, mais comme une question de justice et de légalité internationale. À Madrid comme à Pampelune, des plumes influentes rappellent que sans référendum d’autodétermination, il ne peut y avoir ni décolonisation ni paix durable dans la dernière colonie d’Afrique. Dans un article intitulé « Sahara occidental libre », publié dans le Diario de Noticias de Navarra, la journaliste Elena Etxegoyen dénonce « la tentative du Maroc d’imposer ce qu’il appelle le plan d’autonomie comme alternative au processus légal de décolonisation ». Elle estime que ce projet représente « une anomalie juridique contraire aux résolutions des Nations unies et à l’avis de la Cour internationale de Justice », qui, dès 1975, a reconnu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Pour Etxegoyen, invoquer le « réalisme politique » pour justifier ce plan revient à « donner une légitimité à la colonisation ». Et d’ajouter : « Le Sahara occidental n’est pas un terrain de marchandages entre puissances ni un champ d’expérimentation pour de nouvelles politiques coloniales, mais la cause d’un peuple privé de sa liberté et de sa souveraineté ».
Dans la même veine, la journaliste Victoria García Corera publie sur la plateforme No olvidéis el Sahara Occidental un texte au titre évocateur : « Le Maroc se retrouve seul face à son projet dit d’autonomie ». Selon elle, la scène diplomatique récente « a clairement mis en évidence l’échec de la propagande marocaine » qui tente de présenter ce plan comme une solution réaliste et définitive. « En réalité, la communauté internationale reste attachée au principe du référendum », affirme-t-elle, rappelant que le Sahara occidental demeure un « territoire non autonome dont le peuple possède le droit inaliénable à l’autodétermination ». García souligne que « le refus croissant de ce plan illégitime traduit une prise de conscience dans plusieurs capitales européennes et africaines » de la nécessité de clore le dernier dossier de décolonisation du continent africain. La journaliste souligne également « l’échec de la diplomatie marocaine à obtenir une reconnaissance claire de son plan au sein des Nations unies », où le Conseil de sécurité se limite, année après année, à réaffirmer la nécessité d’une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable », sans aucune avancée vers le référendum promis par le plan ONU-OUA de 1991. « Cette stagnation », estime-t-elle, « illustre l’incapacité de la communauté internationale à s’attaquer à la racine du problème : l’occupation persistante du territoire ». Dans les territoires occupés du Sahara occidental, les organisations sahraouies de défense des droits humains continuent, elles aussi, de dénoncer la politique répressive imposée par l’occupant marocain. Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains (CODESA) a récemment fustigé « le blocus étouffant imposé aux villes sahraouies », qui empêche toute manifestation pacifique. Hassan Zerouali, membre du comité administratif du CODESA, a affirmé que « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance n’est pas négociable », rappelant que « toute solution durable passe par la tenue d’un référendum libre et honnête ». Selon lui, « toute tentative d’imposer l’occupation échouera devant la volonté du peuple sahraoui de conquérir sa liberté ». Pour Zerouali, l’heure n’est plus aux demi-mesures : « L’ONU doit faire respecter ses propres décisions et mettre fin à l’occupation dans la dernière colonie d’Afrique ». Les associations sahraouies rappellent que la question du Sahara occidental n’est pas un conflit régional, mais bien un dossier de décolonisation inachevée, qui engage la crédibilité du droit international. Les analyses de la presse espagnole rejoignent ainsi la conviction des défenseurs sahraouis : l’avenir du territoire ne saurait être dicté par des considérations économiques ou géopolitiques, mais par l’application stricte de la légalité internationale. Comme le résume Elena Etxegoyen, « la justice ne sera rendue que lorsque le peuple sahraoui aura obtenu pleinement son droit à l’autodétermination ». Et Victoria García Corera de conclure : « Malgré les campagnes de désinformation et les manœuvres diplomatiques, la cause sahraouie reste vivante. Le Maroc, malgré sa propagande, ne peut dissimuler son isolement politique croissant ni la perte de crédibilité dont il souffre auprès de l’opinion publique internationale ». Tant que perdurera l’occupation, la justice et la paix resteront suspendues, comme le peuple sahraoui lui-même, à la promesse inachevée d’un référendum d’autodétermination.
L.S.

