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L’Algérie déploie sa diplomatie énergétique en Afrique

L’Algérie confirme, une fois encore, son ambition de devenir un acteur énergétique de premier plan sur le continent africain. En multipliant les partenariats stratégiques avec ses pairs africains, elle entend mettre à profit son savoir-faire dans les hydrocarbures et le gaz pour promouvoir une coopération sud-sud fondée sur la solidarité, le transfert de compétences et la valorisation des ressources africaines.

La rencontre tenue à Brazzaville entre le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, et son homologue congolais, Bruno Jean Richard Itoua, président en exercice de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), illustre parfaitement cette dynamique. Selon le communiqué du ministère, cette entrevue s’inscrit dans le cadre du « renforcement des relations bilatérales entre l’Algérie et la République du Congo, marquées par une profondeur historique et une solidarité africaine partagée ». Elle intervient à la veille de la 48ᵉ session du Conseil des ministres de l’APPO, symbole d’une Afrique qui veut désormais parler d’une seule voix sur les questions énergétiques. Les discussions ont porté sur les moyens de consolider la coopération entre Sonatrach et la Société nationale congolaise de pétrole (SNPC), notamment à travers la mise en œuvre du mémorandum d’entente signé en mai 2024 à Brazzaville. Ce texte ambitieux ouvre la voie à des partenariats dans l’exploration et la production, le raffinage, les services pétroliers, le développement du gaz et du gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que dans la réduction de l’empreinte carbone. Il prévoit également un important volet de formation et d’échanges d’expertise dans les domaines de la santé, de la sécurité, de l’environnement et de la gestion du capital humain. Pour Alger, ces accords ne se limitent pas à une coopération bilatérale classique : ils traduisent une vision continentale. M. Arkab a réaffirmé « la volonté de l’Algérie de renforcer les relations de coopération sud-sud » et son soutien à « une transition énergétique juste et équitable, tenant compte des spécificités du continent et de ses intérêts en matière de développement ». Derrière ces mots, se dessine une stratégie claire : faire de l’énergie un levier d’intégration régionale et un instrument d’émancipation économique pour l’Afrique.

L’Algérie, forte de son expérience dans la recherche, la prospection, le développement des gisements et la maîtrise du gaz naturel liquéfié, se positionne en partenaire privilégié des pays africains désireux de diversifier leurs sources d’énergie et de renforcer leurs capacités nationales. Le ministre congolais n’a pas manqué de le souligner, saluant « l’Algérie comme un exemple à suivre en matière de gestion du secteur des hydrocarbures, de développement du gaz et de la pétrochimie ». Pour Alger, ces initiatives traduisent une double ambition. D’une part, affirmer son leadership technique et institutionnel sur le continent, à travers la diffusion de son modèle énergétique. D’autre part, répondre à des enjeux stratégiques internes : diversification de ses débouchés, sécurisation de ses partenariats et renforcement de son influence au sein des organisations régionales comme l’APPO et l’OPEP.

Dans un contexte mondial marqué par la transition énergétique et les incertitudes sur les marchés pétroliers, l’Algérie choisit de miser sur la coopération africaine pour construire une autonomie énergétique collective. Une orientation qui s’inscrit dans une logique de souveraineté partagée, où les ressources du continent ne sont plus seulement extraites, mais valorisées au bénéfice de ses peuples. Comme le rappelle le communiqué, les deux ministres ont « affirmé leur soutien à une vision africaine unifiée visant à réaliser une valeur ajoutée des ressources énergétiques africaines et à assurer un développement durable ».

Plus qu’un simple partenariat, cette rencontre de Brazzaville symbolise l’émergence d’une diplomatie énergétique africaine où l’Algérie entend jouer un rôle moteur. En capitalisant sur ses atouts techniques et son expérience, elle s’impose comme un pont entre les économies africaines et une référence dans la construction d’un avenir énergétique solidaire, durable et souverain.

Samira Ghrib

admin

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