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Des perspectives économiques moroses qui risquent d’alimenter encore le bouillonnement social : Le Maroc s’enfonce dans la crise

Le Maroc subit de plein fouet conséquences de la crise économique et de l’inflation, sans que le régime du Makhzen, plus enclin à préserver ses niches d’enrichissements et ses privilèges ne daigne trouver de solution susceptible d’alléger le fardeau sur la population. Une situation qui alimente la colère des Marocains qui ne cessent de battre le pavé depuis plus d’une année et demi, pour dénoncer, la misère, la cherté de la vie, l’injustice sans oublier la répression et l’oppression du régime. Et cela ne risque pas de s’arranger. Le Maroc qui vit à crédit et multiplie les demandes de prêts alors que le pays se trouve déjà en situation de surendettement avec un stock de dette de plus de 65 milliards de dollars à fin 2021, devra composer avec une aggravation de la crise économique et qui dégrade sa situation en interne, mais aussi sa position et son rating sur le marché de la dette. Cela aura pour conséquence une augmentation de pression du service de la dette qui sera au final supportée par les Marocains. En effet, l’agence de rat américaine Fitch Solutions a baissé ses prévisions de croissance économique pour le Maroc de 3,4 % à 1,8 % au titre de l’année 2023, en raison de l’accélération de l’inflation, d’un resserrement monétaire plus agressif et d’une reprise modérée de la production agricole. Cette révision fait suite à la publication du PIB du 4e trimestre de l’année 2022 (T4-22), qui a montré un ralentissement de la croissance de 1,6% en glissement annuel au T3-22 à 0,5% au T4-22, lit-ton dans un rapport récent de l’Agence. La croissance dans le royaume « ne devrait atteindre que 1,8% en 2023 », impactée par l’accélération de l’inflation à 7,8% en moyenne et un resserrement monétaire encore plus agressif portant le taux directeur à 4,50% fin 2023 et d’une reprise modérée de la production agricole ainsi qu’une faible évolution de la demande adressée au Maroc de la zone euro, selon le même document. La même analyse estime que « la faiblesse du secteur non agricole a été principalement due à un mélange de pressions inflationnistes et de resserrement monétaire, pesant à la fois sur la consommation privée (0,8 % en glissement annuel) et sur l’investissement (-9,6 % en glissement annuel) ». Fitch s’attend ainsi à une augmentation des importations de produits agricoles et alimentaires en 2023, mais aussi à des « importations de capitaux » suite à une hausse des dépenses d’investissement du gouvernement. En outre, une forte décélération de la croissance de la zone euro de 3,5% en 2022 à 0,4% en 2023 « pèsera sur les exportations marocaines, dont plus des deux tiers sont destinés au continent européen », explique le document, estimant que « les exportations nettes soustrairont 0,6 point de pourcentage (pp) à la croissance en 2023, contre une prévision précédente de -0,2 pp »

A cela s’ajoute l’accélération de l’inflation et la croissance atone du secteur agricole, ainsi que le chômage élevé qui vont peser considérablement sur la consommation privée. « Nos prévisions impliquent désormais que l’inflation moyenne s’accélérera de 6,6% en 2022 à 7,8% en 2023 atteignant son plus haut niveau depuis plus de quatre décennies, ce qui limitera davantage le pouvoir d’achat des ménages », alertent les experts de Fitch. L’agence financière prévoit que la hausse des taux d’intérêt en 2023 continuera à limiter la croissance des prêts et à peser sur l’investissement. Elle a récemment revu à la hausse ses prévisions de taux directeur pour la fin de l’année 2023, de 4% à 4,50 %, à la suite d’une augmentation significative de l’inflation. « Nous pensons que la hausse des taux d’intérêt compensera en partie l’augmentation prévue des dépenses d’investissement du gouvernement, ce qui nous incite à revoir à la baisse notre prévision de contribution de l’investissement au PIB en 2023, de 1,3 à 1,0 point de pourcentage », selon le même document. Des prévisions qui laissent entrevoir une aggravation de la crise au Maroc qui alimente déjà le bouillonnement du front social.

Rappelons des manifestations ont été organisées samedi soir dans différentes villes du Maroc, à l’appel du Front social marocain, une coalition de partis de gauche et de syndicats, pour dénoncer d’une seule voix la cherté de la vie et l’oppression sociale. Ces manifestations, tenues dans 43 villes dont notamment la capitale Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech et placées sous le slogan +Le combat continue contre la cherté de la vie et l’oppression sociale+, surviennent dans un contexte de forte poussée inflationniste, mettant le gouvernement sous le feu des critiques des syndicats, de l’opposition parlementaire et des médias. Selon le Front social, « l’augmentation vertigineuse des prix et le recul du pouvoir d’achat des citoyens n’est pas une fatalité, mais bien le résultat de la politique haineuse et hostile du gouvernement à l’égard des citoyens et de la patrie ».

Hocine Fadheli

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