Pour contrer l’informel et l’évasion fiscale : Plusieurs chantiers structurels lancés
Alors que l’économie nationale s’efforce de réduire sa dépendance à la rente pétrolière, la lutte contre l’informel et l’évasion fiscale s’impose comme un levier essentiel de mobilisation des ressources internes.
À l’occasion des réunions annuelles du Forum africain de l’administration fiscale (ATAF), tenues ouvertes mardi à Alger, le Directeur général des impôts, Djamel Hanniche, a détaillé la stratégie du pays pour moderniser son système fiscal et en faire un pilier de la souveraineté économique. Selon M. Hanniche, l’activité informelle « impacte, dans une large mesure, les recettes fiscales internes ». Pour y remédier, l’Algérie a engagé plusieurs chantiers structurels, axés sur l’intégration progressive du commerce informel dans le tissu économique formel. Cette démarche passe, a-t-il expliqué, par « la simplification des procédures, l’adaptation du système fiscal aux spécificités de cette catégorie, la facilitation de l’accès aux moyens de l’e-paiement, ainsi que la mise en œuvre de programmes de sensibilisation et d’information destinés aux contribuables ». Cette stratégie s’inscrit dans une politique économique plus large, qui vise à diversifier les sources de financement de l’État et à consolider les recettes hors hydrocarbures. « L’Algérie œuvre à réduire la dépendance à la fiscalité pétrolière, à travers la diversification de l’économie nationale et la transition vers les énergies renouvelables », a poursuivi le DGI, estimant que cette mutation est indispensable pour « préserver le niveau des recettes publiques à long terme ».
Dans cette optique, la modernisation administrative joue un rôle déterminant. L’introduction du Numéro d’identification fiscale (NIF) et le développement d’une plateforme numérique dédiée constituent, selon M. Hanniche, des avancées majeures pour « identifier minutieusement les contribuables et élargir l’assiette fiscale ». Le responsable a insisté sur le fait que « le renforcement du contrôle fiscal entraînera, à son tour, l’amélioration du recouvrement et l’augmentation des recettes ».
Digitalisation des services fiscaux
La digitalisation des services fiscaux, couplée à une meilleure traçabilité des opérations commerciales via les outils de paiement électronique, s’inscrit dans une logique de transparence et de conformité accrue. Ces réformes visent à instaurer un climat de confiance entre l’administration et les contribuables, tout en réduisant les marges d’évasion. L’adhésion récente de l’Algérie à l’ATAF — elle en est le 43ᵉ membre — conforte cette orientation. Le pays entend renforcer ses capacités institutionnelles en s’appuyant sur la coopération régionale. Cette intégration s’inscrit dans « une vision visant à améliorer la mobilisation des recettes, à intensifier la lutte contre la fraude et les flux financiers illicites, et à porter une position africaine unifiée face aux défis fiscaux internationaux », selon les termes du communiqué de l’ATAF.
Dans un contexte de mutations économiques rapides, cette volonté d’aligner la politique fiscale nationale sur les standards internationaux traduit une ambition claire : faire de la justice fiscale un instrument de développement et de souveraineté. En plaçant la lutte contre l’informel au cœur de sa stratégie, l’administration fiscale cherche à consolider sa base fiscale et à préparer, sur des fondations assainies, la transition vers une économie plus diversifiée et plus résiliente.
Sabrina Aziouez

