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Soudan : Au moins 40 morts dans une attaque à El-Obeid

Une attaque survenue mardi lors de funérailles dans la ville stratégique d’El-Obeid, capitale du Kordofan-Nord au Soudan, a fait au moins 40 morts et des dizaines de blessés, a annoncé mercredi le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, alors que les combats s’intensifient dans cette région du centre du pays. L’attaque a visé un rassemblement lors d’un enterrement dans cette ville assiégée par les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide, selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU. Les combats pour le contrôle de cette région du centre du Soudan se sont intensifiés ces derniers jours entre les FSR et l’armée régulière. Le conflit opposant l’armée aux Forces de Soutien Rapide, qui a éclaté en avril 2023, se concentre désormais sur le Kordofan, une région stratégique située entre le Darfour à l’ouest et la capitale Khartoum à l’est. Les violences continuent également au Darfour-Nord, où l’Ocha fait état de multiples frappes aériennes et de drones des FSR survenues dimanche, sans pouvoir établir de bilan précis en raison de l’accès limité au terrain et des difficultés de communications. Depuis la chute aux mains des paramilitaires le 26 octobre de la ville d’El-Facher, dernier bastion de l’armée au Darfour, l’ONU a fait état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population. Plus de 71.000 civils ont fui El-Facher depuis sa chute et quelque 12.000 arrivées ont été enregistrées à Tawila, une ville située à environ 70 kilomètres d’El-Facher, où s’entassent les déplacés sous des bouts de tissus transformés en tentes ou en auvent.

Amira, mère de quatre enfants réfugiée à Tawila, a témoigné de l’horreur vécue lors de la prise d’El-Facher par les FSR. Les déplacés vivent dans des conditions précaires, terrorisés par les violences dont ils ont été témoins. Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est indigné des attaques continues visant le système de santé, affirmant que quatre personnes, dont des enfants, avaient été tuées à l’hôpital pédiatrique de la région de Kernoi, près de la frontière du Tchad.

Le bilan humain du conflit continue de s’alourdir. Plus de 1500 civils ont été tués en octobre dernier par les FSR, selon des statistiques fournies lundi par l’ONG Acled, qui répertorie les victimes de conflits à travers le monde. Au total, depuis mi-avril 2023, l’ONG a répertorié près de 49.800 morts au Soudan, dont près de 15.300 civils. La moitié des morts ont été comptés dans les régions du Darfour-Nord et de Khartoum, avec environ 14.000 et 11.200 victimes respectivement. Selon l’ONU, la guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, provoquant la pire crise humanitaire au monde. La situation des populations déplacées reste critique. L’Unicef a souligné que 14,6% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition sévère. Mardi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à venir à la table des négociations et à mettre fin à ce cauchemar de violence. Sur le plan international, la présidente de la Commission des transports, de l’industrie, des communications, de l’énergie, des sciences et de la technologie du Parlement panafricain, Mme Bahdja El Amali, a appelé à l’arrêt immédiat de toute forme d’ingérence étrangère au Soudan et à la protection des civils ainsi qu’à l’ouverture de couloirs humanitaires sécurisés, sans restrictions ni sélectivité. Lors d’une session de débat du Parlement panafricain sur la situation de la paix et de la sécurité et le rôle des parlements, Mme El Amali a évoqué la situation tragique que traverse le Soudan, déplorant que le pays, autrefois berceau de la dignité, de la fierté et de la civilisation, soit devenu le théâtre des pires crimes et violations. Elle a exigé un arrêt immédiat de toute forme d’ingérence étrangère et l’ouverture d’une enquête internationale transparente sur les flux d’armes et d’argent vers le Soudan.

L.S.

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