Un méga programme d’infrastructures à l’horizon 2028
Le ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base a dévoilé une feuille de route ambitieuse qui redessine la carte des infrastructures nationales d’ici à 2028.
Présentant le budget sectoriel dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2026 devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre Abdelkader Djellaoui a annoncé la mobilisation de 420,3 milliards de dinars algériens, soit environ 3,1 milliards de dollars dans le cadre du budget 2026, destinés à financer de vastes projets routiers, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires. Un investissement d’envergure pour la croissance et la cohésion du territoire . Au cœur de cette stratégie à moyen terme (2026-2028), le gouvernement ambitionne de désenclaver les régions isolées, d’améliorer la connectivité nationale et d’adapter les infrastructures aux exigences d’une économie en modernisation rapide. La priorité est de réaliser de nouvelles infrastructures essentielles tout en assurant l’entretien et la maintenance du réseau existant, a souligné M. Djellaoui. Il a ajouté que l’effort portera notamment sur la réhabilitation des routes nationales et des ouvrages d’art, mais aussi sur la création de nouvelles voies destinées à faciliter l’accès aux zones montagneuses, aux Hauts Plateaux et au Sud du pays, des régions souvent marginalisées par le passé.
Les chiffres traduisent l’ambition du plan : 392,7 milliards de dinars (2,9 milliards USD) seront consacrés aux investissements publics, tandis que 27,5 milliards de dinars (203 millions USD) financeront les dépenses de fonctionnement. Au total, 440 nouvelles opérations ont été validées pour 2026, couvrant tous les segments des infrastructures de base.
Routes, rails, mers et airs : un chantier national tous azimuts
Le réseau routier algérien, fort de 145 000 km de routes dont 1 311 km d’autoroutes, reste la colonne vertébrale du développement national. Mais l’enjeu aujourd’hui dépasse la simple extension : il s’agit d’améliorer la qualité et la durabilité. Le ministre a d’ailleurs révélé qu’un système numérique de suivi de l’état des routes sera mis en place dès 2026 afin de mieux planifier les travaux de maintenance et de réduire les coûts à long terme.
Dans le domaine ferroviaire, le plan d’action s’inscrit dans la continuité du programme présidentiel d’Abdelmadjid Tebboune, qui a fait du rail un levier stratégique pour l’intégration du territoire. D’ici à 2028, le ministère s’attend à un développement massif du réseau Nord-Sud, notamment la ligne stratégique Alger-Tamanrasset, mais aussi à l’extension du transport guidé urbain afin de fluidifier la mobilité dans les grandes agglomérations. « Nous nous engageons à livrer les projets ferroviaires inscrits au programme présidentiel avant les délais fixés », a assuré M. Djellaoui. Côté infrastructures maritimes, l’État prévoit un vaste programme de modernisation et de protection du littoral. Les 52 ports du pays, dont 23 ports de pêche et deux dédiés aux hydrocarbures, feront l’objet de travaux d’entretien et d’adaptation aux nouvelles normes du transport maritime.
Les aéroports algériens, au nombre de 51, bénéficieront eux aussi d’importantes rénovations. Parmi les priorités pour 2026 figurent l’extension des aires de stationnement des avions à Béjaïa et Constantine, la réfection des pistes de Tébessa et Tlemcen, ainsi que la mise à niveau technique des tarmacs et installations annexes. Le budget alloué aux infrastructures aéroportuaires atteindra près de 4,2 milliards de dinars (environ 31 millions USD).
Un effort budgétaire colossal sous le signe de la rationalité
Le président de la Commission des finances, Mohamed Ben Hachem, a salué « l’importance stratégique d’un secteur vital pour la compétitivité du pays et la qualité de vie des citoyens », tout en insistant sur la nécessité d’une gestion rigoureuse et transparente. Il a exhorté le ministère à « accélérer la réalisation des projets en retard, renforcer la maintenance des ouvrages existants et privilégier les zones les plus démunies en infrastructures ». L’approche retenue par le gouvernement combine donc investissement massif et efficacité budgétaire. En parallèle, une attention particulière sera portée à la maintenance des infrastructures existantes, perçue comme un investissement à long terme, et à la mise en place de mécanismes de contrôle renforcés pour garantir la bonne utilisation des fonds publics.
Au total, c’est une véritable renaissance des infrastructures nationales qui s’annonce à l’horizon 2028. En modernisant son réseau routier, en réhabilitant ses ports, en renforçant ses aéroports et en étendant son réseau ferroviaire, le Gouvernement entend poser les fondations matérielles de la diversification économique. Un défi de taille, mais aussi une opportunité historique. Ce programme, c’est l’Algérie de demain qui se construit, une Algérie mieux connectée, plus compétitive et tournée vers l’avenir.
Samir Benisid

