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Les cryptomonnaies sous haute surveillance 

L’Algérie resserre l’étau autour des cryptomonnaies, désormais placées sous haute surveillance par les autorités judiciaires. 

À Alger, un atelier de formation dédié à ces actifs numériques a réuni dimanche magistrats, officiers de police judiciaire et analystes financiers, dans le cadre d’une coopération renforcée avec les États-Unis. L’enjeu : maîtriser un outil de plus en plus exploité par des réseaux criminels et terroristes, et combler les exigences techniques imposées par le Groupe d’action financière. Bensalem Abderezzak, directeur des affaires pénales au ministère de la Justice, a souligné que le pays fait face à « un défi pour suivre, saisir et bloquer les fonds virtuels » utilisés par « des réseaux criminels et même des groupes terroristes pour financer leurs activités et générer des revenus ». Il a précisé que cela nécessite de « renforcer les capacités dans le traitement de ce type d’activités », expliquant que des spécialistes américains encadrent pendant quatre jours cette formation, organisée par le Programme international d’assistance et de formation aux enquêtes criminelles (ICITAP) du département de la Justice des États-Unis. Objectif affiché : fournir aux enquêteurs, magistrats et officiers des outils et techniques avancés pour la détection et l’analyse des transactions en cryptomonnaies, tout en améliorant l’échange d’informations entre institutions algériennes et américaines dans la lutte contre la criminalité financière.

Pour le secrétaire général du ministère de la Justice, Mohamed Regaz, l’initiative reflète « la volonté commune des deux pays d’être en phase avec les défis contemporains, notamment ceux relatifs à la lutte contre les crimes financiers transfrontaliers, qui constituent une menace à la sécurité économique et à la souveraineté des États ». L’ambassadrice des États-Unis à Alger, Elizabeth Moore Aubin, a elle aussi souligné que les cryptomonnaies représentent « un défi majeur pour tous » et constituent « un outil clé du blanchiment d’argent servant au financement du terrorisme », phénomène « qui transcende les frontières, les économies et les institutions ». Rappelons que la loi sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, adoptée en juillet 2025, interdit strictement leur émission, achat, vente, détention, promotion ou exploitation de plateformes de trading, y compris le minage, sous peine de prison et d’amende. Cette révision législative a pour but de mettre l’Algérie en conformité avec les 40 recommandations du GAFI, notamment la recommandation n°15 relative aux actifs virtuels.

Le GAFI a confirmé en octobre dernier le maintien de l’Algérie sur la liste grise, tout en soulignant « les progrès encourageants dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ». Pour les autorités algériennes, l’objectif est clair : consolider les dispositifs techniques et juridiques avant d’espérer un retrait définitif de la liste, tout en empêchant que les cryptomonnaies ne deviennent un vecteur de criminalité.

En plaçant ces actifs numériques sous haute surveillance et en multipliant les formations spécialisées, l’Algérie affiche sa détermination à sécuriser son économie, protéger la souveraineté de ses institutions et répondre aux standards internationaux.

Salim Amokrane

admin

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