Palestine : L’Afrique du Sud dénonce un plan de déportation des Palestiniens
L’arrivée mystérieuse en Afrique du Sud d’une centaine de Palestiniens la semaine dernière s’inscrit dans un plan manifeste visant à chasser les Palestiniens de leur terre, a dénoncé lundi le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Ronald Lamola. Un groupe de Palestiniens est arrivé jeudi dernier à l’aéroport de Johannesburg à bord d’un vol charter en provenance de Nairobi. Les 153 hommes, femmes et enfants ont été bloqués par la police aux frontières dans leur appareil pendant plus de douze heures, en raison de l’absence de tampon de sortie sur leurs passeports, avant qu’ils ne soient autorisés à fouler le sol sud-africain par compassion. Le gouvernement sud-africain est suspicieux quant aux circonstances de l’arrivée de cet avion, a déclaré Ronald Lamola, soulignant que son pays ne veut plus d’aucun vol à destination de son territoire. Il a soutenu à ce titre qu’il s’agit d’un plan manifeste visant à chasser les Palestiniens de Ghaza, de Cisjordanie et des zones environnantes, ce à quoi l’Afrique du Sud s’oppose fermement. Cela semble s’inscrire dans un plan plus vaste visant à déplacer les Palestiniens de Palestine vers différentes régions du monde, et il s’agit manifestement d’une opération orchestrée, a-t-il ajouté, dénonçant une stratégie délibérée de nettoyage ethnique déguisé. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé vendredi que son pays comptait élucider les circonstances de l’arrivée mystérieuse de ces 153 Palestiniens. Ce sont des habitants de Ghaza qui, d’une manière assez mystérieuse, ont été mis dans un avion qui a transité par Nairobi puis a atterri ici, a-t-il indiqué. Le fondateur de l’ONG Gift of the Givers, Imtiaz Sooliman, a expliqué jeudi ne pas savoir qui avait affrété l’appareil et révélé qu’un premier avion transportant 176 Palestiniens avait atterri à Johannesburg le 28 octobre dans des circonstances similaires. Cette répétition des faits renforce les soupçons d’une campagne organisée de déplacement forcé de la population palestinienne. Pendant ce temps, la situation à Ghaza demeure catastrophique malgré le cessez-le-feu en vigueur. La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a déclaré que le cessez-le-feu dans la bande de Ghaza n’avait pas mis un terme aux souffrances des Palestiniens qui assistent impuissants à la politique cynique de l’occupant sioniste. Non, le cessez-le-feu n’a pas fait cesser le génocide. On n’a même pas fait cesser le feu à Ghaza, a indiqué dimanche Mme Albanese aux médias, en marge de la présentation à Paris de son ouvrage Quand le monde dort qui rassemble les témoignages de Palestiniens confrontés à l’occupation et à la violence systémique, et mêle récits personnels et analyse juridique pour faire entendre les voix étouffées par l’indifférence internationale.
Elle a à cet égard souligné que l’entité sioniste a violé plus de 125 fois les termes du cessez-le-feu jusqu’à jeudi dernier, faisant 250 martyrs seulement dans la bande de Ghaza. L’entité sioniste continue à garder la moitié de la bande de Ghaza fermée à l’aide humanitaire. Très peu de camions sont admis, et ce sont surtout des camions commerciaux. Ce n’est pas de l’aide humanitaire, a-t-elle signalé. On s’attend à ce que les survivants du génocide à Ghaza achètent. Ils n’ont pas d’argent. C’est d’un cynisme et d’une cruauté. Ce qu’on est en train de faire aux Palestiniens, c’est inacceptable. J’ai honte d’utiliser le mot paix dans ce contexte, a déploré Mme Albanese.
La situation sur le terrain est dramatique. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a confirmé que les niveaux de destruction dans l’ensemble de la bande de Ghaza sont effroyables, avertissant que de nombreux bâtiments risquent de s’effondrer avec l’approche de la saison des pluies. Dans une publication sur ses comptes officiels des réseaux sociaux dimanche soir, l’agence onusienne a indiqué que les niveaux de destruction dans l’ensemble de la bande de Ghaza sont effroyables, environ 81 % de tous les bâtiments du territoire ayant été endommagés, selon le Centre satellitaire des Nations unies. L’UNRWA a souligné à cet égard que de nombreux bâtiments sont désormais exposés au risque d’effondrement, en particulier avec l’approche de la saison des pluies hivernales qui augmente le danger d’infliger davantage de dommages aux structures déjà instables. L’agence a précisé dans le même temps qu’elle travaille actuellement à aider les familles du territoire à se préparer pour l’hiver, dans un contexte où les conditions de vie sont devenues insoutenables pour une population déjà meurtrie par des mois d’agression.
L.S.

