Soudan : L’armée reprend du terrain
L’armée soudanaise a repris le contrôle de la ville d’Um Sayala dans l’État du Nord-Kordofan aux dépens des Forces de soutien rapide, ont indiqué lundi des sources locales.
Les forces de l’armée soudanaise se sont emparées de cette ville située à 200 kilomètres au nord de la capitale provinciale El-Obeid, à l’issue de violents combats contre les FSR. Des soldats ont publié sur les réseaux sociaux des vidéos les montrant en train d’entrer dans la localité. Cette nouvelle avancée intervient après que l’armée soudanaise a rétabli son contrôle sur les zones d’Umm Dham Haj Ahmad et de Kazgil, également dans le Nord-Kordofan. Depuis la prise d’El-Fasher, capitale du Nord-Darfour, par les FSR le mois dernier, les combats entre les FSR et l’armée soudanaise se sont étendus à de nouveaux fronts, notamment dans la région du Kordofan, au centre et au sud du pays. Le conflit opposant l’armée aux FSR, déclenché en avril 2023, a fait au moins 40.000 morts et déplacé 12 millions de personnes, selon l’Organisation mondiale de la santé. La situation humanitaire dans les zones contrôlées par les FSR est dramatique. Le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a qualifié d’indescriptible la situation des civils déplacés dans l’État du Darfour-Nord, affirmant que plus de la moitié des survivants en fuite sont des enfants. Souffrance indescriptible à Tawila, a-t-il indiqué dimanche sur les réseaux sociaux, précisant qu’une femme blessée qu’il a rencontrée est arrivée au camp à pied après avoir survécu à une attaque, portant l’enfant affamé de son amie. Ces survivants demandent au monde si l’aide va arriver, a-t-il affirmé. Tom Fletcher s’est rendu à Tawila où il a rencontré et parlé à des femmes qui ont fui El-Fasher il y a seulement quelques semaines. Les déplacés portent des récits terrifiants de violences brutales. Le monde ne les a pas protégés. Nous devons faire mieux, a souligné le responsable onusien. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, Fletcher a également visité El-Geneina au Darfour-Ouest et Zalingei au Darfour-Central. Plus tôt cette semaine, il s’est rendu à Port-Soudan dans l’est du pays où il a rencontré le président du Conseil de souveraineté transitoire, Abdel Fattah al-Burhan.
L’Organisation internationale pour les migrations estime que le nombre total de personnes déplacées en provenance d’El-Fasher et des villages environnants avoisine les 100.000 depuis le 26 octobre. Le mois dernier, les Forces de soutien rapide ont pris le contrôle d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, où elles ont commis des massacres. Le groupe contrôle désormais les cinq États du Darfour sur les 18 que comptent le pays, tandis que l’armée détient la majorité des 13 autres États, dont Khartoum. Le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial, Carl Skau, a exprimé son indignation face aux terribles atrocités qui ont eu lieu récemment dans la ville d’El-Facher, appelant à des mesures urgentes pour prévenir de telles catastrophes ailleurs. S’exprimant depuis Addis-Abeba, Carl Skau a déclaré que ce qui s’est passé à El-Facher était prévisible et aurait dû être évité. Nous devons maintenant vraiment intensifier nos efforts pour empêcher que de telles catastrophes ne se produisent ailleurs, notamment à Kadugli, a-t-il ajouté.
Après sa visite d’une semaine au Port Soudan et Khartoum, M. Skau a affirmé qu’il y avait des besoins dans tout le pays et que la communauté internationale devait intervenir. Les besoins dans le pays sont immenses et diversifiés. Nous unissons nos forces pour intensifier l’aide, sauver des vies et restaurer les moyens de subsistance et la dignité, a-t-il écrit sur un réseau social. Pour cela, nous avons besoin d’un meilleur accès au territoire et davantage de financements. Le siège doit être levé immédiatement afin d’enrayer la famine, a-t-il insisté. Les personnes affamées ne meurent pas seulement de faim, mais aussi de maladies liées au manque d’eau et d’assainissement, a alerté M. Skau, relevant que nous avons besoin d’une réponse globale à cette crise massive. La crise a provoqué un exode massif vers les pays voisins. Près de 890.000 Soudanais ont fui leur pays en proie au conflit armé pour se réfugier au Tchad depuis avril 2023, et plus de 337.000 Tchadiens se trouvant au Soudan ont également regagné leur pays, a indiqué lundi le Fonds des Nations unies pour l’enfance. Au 10 novembre 2025, selon les autorités tchadiennes et les informations de l’ONU, 888.522 réfugiés soudanais et 337.494 Tchadiens sont arrivés au Tchad. 62% des réfugiés et 68% des rapatriés sont des enfants. L’afflux de réfugiés en provenance du Soudan a aggravé la situation humanitaire dans les provinces tchadiennes du Wadi-Fira et de l’Ennedi Est. La situation a atteint un point critique, a alerté l’Unicef. Depuis avril 2025, quelque 105.187 Soudanais y sont arrivés, dont 4.400 au cours des deux dernières semaines. Le conflit a déjà fait au moins 40.000 morts selon l’Organisation mondiale de la santé et poussé près de 12 millions de Soudanais à l’exil, beaucoup se retrouvant au bord de la famine. Selon les organisations humanitaires, le nombre réel de morts pourrait être beaucoup plus élevé.
Lyes Saïdi

