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La région est devenue l’épicentre du terrorisme international : L’Algérie tire la sonnette d’alarme sur la situation au Sahel

Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a lancé mardi un avertissement solennel sur la dégradation alarmante de la situation sécuritaire en Afrique, dénonçant particulièrement la transformation du Sahel en « épicentre international » du terrorisme mondial et appelant à une refonte complète du partenariat Afrique-Europe en matière de paix et de sécurité. Intervenant lors du 7e Sommet de coopération entre l’Union africaine et l’Union européenne à Luanda, le chef de la diplomatie algérienne a dressé un tableau préoccupant d’un continent confronté à des menaces sécuritaires multiples et croissantes, dans ce qu’il a qualifié de « contexte international erratique d’une extrême complexité ». Au cœur de ses préoccupations figure la question du terrorisme, qui connaît une expansion sans précédent sur le continent alors qu’il reflue ailleurs dans le monde. « La région sahélo-saharienne est aujourd’hui le foyer mondial ou l’épicentre international de ce fléau, qui a semé le désordre et le crime dans les pays africains, dans un silence international qu’on peine à comprendre », a déclaré le ministre d’État, pointant du doigt l’indifférence de la communauté internationale face à cette menace grandissante. Le diagnostic établi par Ahmed Attaf ne s’arrête pas à la menace terroriste. Le ministre a également sonné l’alarme sur « la résurgence, en Afrique, du phénomène des changements anticonstitutionnels de gouvernements », soulignant que ces bouleversements politiques « ne sont plus de simples retombées liées à des données passagères ou ponctuelles, mais une réalité qui s’étend et s’enracine face au blocage de toute perspective de retour à l’ordre constitutionnel escompté ». Cette observation fait écho à la série de coups d’État qui ont récemment secoué plusieurs pays africains, particulièrement dans la bande sahélienne, créant une instabilité politique durable qui complique toute approche de résolution des crises. Le chef de la diplomatie algérienne a également dénoncé « la prolifération du phénomène des interventions militaires étrangères en Afrique », qu’il considère désormais comme « un facteur structurel dans le paysage sécuritaire africain qui complexifie et éternise les crises et compromet toute chance de les régler par des voies pacifiques ». Face à cette situation alarmante, Ahmed Attaf a plaidé pour « une réorganisation des priorités du partenariat Afrique-Europe en matière de paix et de sécurité », articulée autour de quatre axes majeurs. La première priorité, selon lui, « doit être de mettre un terme à la léthargie internationale à l’égard des questions de paix et de sécurité en Afrique, car les défis auxquels notre continent est confronté ne sont pas des difficultés localisées ou limitées dans l’espace, mais des risques transfrontaliers, transnationaux et transcontinentaux ». Le deuxième axe concerne « la réhabilitation du rôle diplomatique africain et la promotion du principe des solutions africaines aux problèmes africains, car notre organisation continentale a déjà prouvé sa capacité à s’acquitter du rôle qui lui est dévolu, dès lors qu’elle a eu suffisamment de marge de manœuvre et qu’elle a bénéficié du soutien international nécessaire ». La troisième priorité porte sur « l’investissement effectif et efficace dans le développement, en tant que voie la mieux indiquée pour prévenir les crises et s’attaquer à leurs causes profondes », l’Algérie appelant notamment « de ses vœux la concrétisation des promesses d’investissement de l’Europe en direction de l’Afrique, dans le cadre de l’initiative Global Gateway ». Enfin, la quatrième priorité vise à « mettre fin à la marginalisation de l’Afrique dans tous les centres décisionnels internationaux en matière sécuritaire et économique », cette marginalisation demeurant selon le ministre « l’un des principaux facteurs structurels qui entravent l’Afrique dans la concrétisation de ses aspirations et de ses objectifs consacrés dans l’Agenda continental 2063 ». Cet avertissement intervient à un moment critique où le Sahel traverse l’une des périodes les plus troublées de son histoire récente, avec une insécurité grandissante qui menace de déstabiliser l’ensemble de la région et au-delà.

Hocine Fadheli

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