Culture

Dénonciation des crimes coloniaux : Le cinéma révolutionnaire à l’honneur 

Un séminaire national explore le rôle du septième art dans la documentation de la lutte pour l’indépendance et la dénonciation des crimes coloniaux.

Le cinéma algérien de la période révolutionnaire et son rôle dans la préservation de la mémoire nationale ont été au cœur des débats lors d’un séminaire national qui s’est ouvert mardi à la maison de la culture Mohamed-Laïd Al Khalifa de Batna. Durant deux jours, universitaires, chercheurs et cinéastes ses ont penchés sur l’héritage des films documentant l’histoire de la lutte pour l’indépendance. Organisée sous le slogan évocateur « La révolution par le son et l’image, une mémoire qui ne meurt jamais », cette rencontre scientifique réunit des spécialistes venus de plusieurs universités algériennes. L’événement, fruit d’une collaboration entre la maison de la culture, le laboratoire de recherche en patrimoine intellectuel et littéraire en Algérie et le département de langue et littérature arabes de l’université de Batna-1, ambitionne de jeter un nouvel éclairage sur une page méconnue de l’histoire culturelle nationale. Les participants ont unanimement salué la contribution essentielle du cinéma révolutionnaire dans la transmission du récit de la guerre de libération. Selon les intervenants, ces films ont constitué un registre visuel irremplaçable de la mémoire collective, tout en ayant joué un rôle déterminant durant le conflit lui-même en faisant connaître la cause algérienne à travers le monde. Les œuvres cinématographiques de cette époque ont ainsi rempli une double fonction : témoigner des exactions du colonisateur français et documenter l’héroïsme du peuple algérien engagé dans sa lutte pour la liberté.

La présidente du comité scientifique du séminaire, le docteur Sara Guettaf, a explicité les ambitions de cette initiative académique. « L’objectif de cet événement est de mettre en lumière la valeur historique et artistique des films révolutionnaires, de stimuler les études académiques spécialisées en matière de cinéma national, et d’ouvrir un débat scientifique entre chercheurs, cinéastes et critiques, tout en ravivant la mémoire nationale », a-t-elle déclaré. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de valorisation du patrimoine cinématographique algérien, trop souvent relégué au second plan des études culturelles.

Le directeur du laboratoire de recherche en histoire intellectuelle et littéraire en Algérie, le docteur Tarek Thabet, a pour sa part détaillé l’architecture thématique du séminaire. Les axes de discussion retenus couvrent « le cinéma sous les aspects historiques, artistiques et médiatiques, ainsi que la dimension éducative et mémorielle », a-t-il précisé. Cette approche pluridisciplinaire permet d’appréhender le phénomène cinématographique révolutionnaire dans toute sa complexité, en croisant les regards de l’historien, du critique d’art, du spécialiste des médias et du pédagogue.

La première journée de travaux a été consacrée à l’histoire du cinéma révolutionnaire algérien, abordée sous l’angle de la narration et de la performance. Les communications ont revisité cette expérience cinématographique singulière en en étudiant les dimensions à la fois artistique et historique. Cette relecture critique a permis d’engager un débat approfondi sur les enjeux culturels et éducatifs que porte aujourd’hui encore ce corpus filmique. Les œuvres de cette période, réalisées souvent dans des conditions précaires et au péril de la vie de leurs auteurs, témoignent d’une créativité et d’un engagement remarquables.

L’assistance, composée de doctorants, d’intellectuels et de passionnés du septième art, a suivi avec attention les interventions et participé activement aux échanges. Les débats ont été nourris, témoignant de l’intérêt que suscite encore aujourd’hui cette production cinématographique auprès des nouvelles générations de chercheurs. La question de la transmission de cette mémoire filmique aux jeunes générations, ainsi que celle de la préservation et de la restauration des pellicules d’époque, ont notamment été évoquées.

Ce séminaire s’inscrit dans un mouvement plus général de redécouverte et de réévaluation du patrimoine culturel lié à la guerre de libération nationale. Alors que les témoins directs de cette période se font de plus en plus rares, les traces visuelles et sonores qu’ont laissées les cinéastes de l’époque deviennent des sources historiques d’une valeur inestimable. Les films révolutionnaires constituent ainsi un pont entre les générations, un moyen de maintenir vivante la flamme de la mémoire collective et de transmettre aux plus jeunes les valeurs qui ont animé la lutte pour l’indépendance.

M. Seghir

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