12e Festival international du film d’Alger : Sous le signe du dialogue interculturel
La ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, a inauguré jeudi soir la douzième édition du Festival international du film d’Alger (AIFF), qui se tiendra jusqu’au 10 décembre au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Cette édition, qui accueille Cuba comme invité d’honneur, réunit plus de 100 films provenant d’Algérie et de 28 pays participants.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de personnalités officielles de premier plan, dont Kamel Sidi Said, conseiller auprès du président de la République chargé de la Direction générale de la communication, Amar Bendjedda, président de l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel, et Mohamed Baghali, Directeur général de l’Établissement public de la Télévision algérienne. L’ambassadeur de Cuba en Algérie, Hector Igarza Cabrera, ainsi que de nombreux représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie et des artistes ont également assisté à cette soirée inaugurale, témoignant du rayonnement international de l’événement. Dans son allocution d’ouverture, Malika Bendouda a défendu une vision du cinéma comme vecteur de transformation sociale et de dialogue interculturel. Elle a affirmé que « le Festival incarne aujourd’hui une vision qui fait de la créativité une force de construction sociale, permettant la multiplicité des voix et préservant la place de la pensée critique dans la vie publique ». La ministre a poursuivi en soulignant que « lorsque la culture accueille la diversité des expériences et des approches, l’acte artistique devient un outil de consolidation des valeurs d’ouverture, de justice et de respect mutuel ». Selon Malika Bendouda, les œuvres cinématographiques présentées lors de ce festival constituent bien plus qu’un simple divertissement. Elle a expliqué que « les œuvres participant à ce Festival portent la mémoire de leurs peuples, ainsi que leurs interrogations et réflexions sur le monde », permettant aux spectateurs de « découvrir de nouvelles expériences et redécouvrir leur capacité d’empathie, grâce à une lecture plus profonde et plus ouverte des événements ». La ministre a également rappelé l’engagement constant de l’Algérie envers les arts, précisant que « l’Algérie, avec son riche patrimoine culturel et son rôle civilisationnel, poursuit son soutien aux arts » et que « chaque film projeté ici s’ajoute à notre actif symbolique et au projet culturel et humain qui croit que la connaissance se renouvelle par l’interaction avec la créativité, et que le dialogue prospère lorsqu’il trouve sa langue dans l’image et le son ».
Le commissaire du Festival, Mehdi Benaissa, a pour sa part évoqué la résilience du septième art face aux mutations technologiques et sociales contemporaines. Il a observé que « le cinéma qui fait face aujourd’hui à de nombreux défis, a traversé les frontières, connu les guerres, et coexisté avec la télévision, les générations et les nouvelles technologies ». Dans une formule qui inscrit le festival dans une perspective mémorielle et prospective, il a estimé que « les films d’aujourd’hui sont la mémoire de demain et l’histoire de l’avenir ».
Le choix de Cuba comme invité d’honneur revêt une dimension symbolique forte, reflétant les liens historiques privilégiés entre les deux nations. L’ambassadeur cubain Hector Igarza Cabrera a salué cette décision qui, selon lui, témoigne de « la profondeur et l’excellence des relations historiques entre l’Algérie et Cuba ». Il a exprimé le souhait que le Festival puisse « renforcer la coopération cinématographique, la coproduction, la formation artistique et l’échange technique, compte tenu que le cinéma est un pont entre les sociétés et les générations et un outil de créativité et de résistance ».
La soirée inaugurale a été marquée par un moment d’émotion particulière avec la projection du film « Plongeurs du Désert » réalisé par le regretté Tahar Hannache en 1952. Cette œuvre, récemment restaurée à l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, témoigne de la richesse du patrimoine cinématographique national et de la volonté des organisateurs de préserver cette mémoire collective. Des hommages poignants ont également été rendus à plusieurs figures marquantes du cinéma et de la culture, disparues récemment. Parmi elles, le réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina, l’artiste Baya Bouzar, plus connue sous son nom de scène « Biyouna », et Faouzi Saichi ont été célébrés pour leur contribution inestimable au patrimoine artistique algérien. Le festival a également honoré des artistes toujours en activité, notamment Salah Aougrout et la cinéaste cubaine Lizette Vila, reconnaissant ainsi leur parcours et leur engagement dans le monde du cinéma.
La programmation de cette douzième édition s’annonce particulièrement riche et diversifiée. Plus de 100 films seront projetés durant les six jours du festival, dont 50 œuvres en compétition officielle réparties entre longs métrages, courts métrages et documentaires. Hors compétition, 51 films seront également présentés dans différentes sections thématiques, notamment « films cubains », « portes ouvertes sur la Palestine », « Panorama cinéma algérien » et « Panorama Sud Global », offrant ainsi un panorama étendu de la production cinématographique contemporaine. Au-delà des projections, le festival propose une dimension professionnelle et formative importante avec l’organisation du « Marché du festival international du film d’Alger », un espace d’échanges et de rencontres pour les professionnels du secteur. Le laboratoire « Cini Lab » proposera également des cours et des ateliers de formation destinés aux étudiants, couvrant des domaines aussi variés que les effets sonores, l’écriture de scénarios et d’autres aspects techniques de la production cinématographique, contribuant ainsi à la transmission des savoir-faire et au développement de la prochaine génération de cinéastes.
Mohand Seghir
