Culture

12e AIFF : Le film palestinien « Passing dreams » projeté en compétition

La salle Ibn Zeydoun d’Alger a accueilli dimanche soir la projection en compétition de « Passing dreams » (Songes), long métrage de fiction du réalisateur palestinien Rachid Masharawi, dans le cadre de la douzième édition du Festival international du film d’Alger. Cette œuvre poignante, qui met en lumière le quotidien difficile des Palestiniens sous occupation et leurs aspirations à une vie meilleure, s’inscrit dans la riche programmation d’un festival qui rassemble jusqu’au 10 décembre une centaine de films issus de 28 pays, avec Cuba comme invité d’honneur. D’une durée de 85  minutes, le film raconte l’histoire touchante de Sami, un garçon de 12 ans interprété par Adel Abou Ayache, qui se lance dans une aventure extraordinaire le menant de son camp de réfugiés de Kalandia, situé près d’El Qods occupée, jusqu’à la ville côtière de Haïfa, dans l’espoir de retrouver son pigeon disparu. Persuadé que l’oiseau que lui a offert son oncle est retourné à son lieu de naissance, ce jeune garçon ingénu convainc son oncle Kamal, campé par l’acteur Ashraf Barhoum, et sa fille Myriam de l’accompagner dans ce périple à la recherche du volatile perdu. Ce qui débute comme une simple quête enfantine se transforme progressivement en un voyage initiatique qui révèle les multiples facettes de la réalité palestinienne. De ce bref voyage initial se multiplient les distances, donnant naissance à un véritable road-movie où les événements et les scènes s’enchaînent dans un style rythmé et harmonieux qui maintient l’attention du spectateur tout au long du récit.

Transcendant les limites d’un seul espace géographique, le film s’ouvre à plusieurs zones situées dans les territoires occupés, faisant ressortir des images qui traduisent avec force la complexité et les difficultés auxquelles font face les Palestiniens rencontrés en chemin. Le scénario, entièrement écrit par Rachid Masharawi, brosse un tableau saisissant de la réalité palestinienne sous occupation, décrivant avec justesse des atmosphères marquées par la haine, la peur et le rejet qui imprègnent le quotidien des personnages. En filigrane, cette fiction témoigne de la réalité concrète des relations entre Palestiniens et le colonisateur sioniste à travers la représentation des points de contrôle omniprésents, des fouilles humiliantes et de la présence militaire constante qui rythme la vie des habitants.

Mais le film ne se limite pas à une vision sombre et désespérée. Rachid Masharawi prend soin de montrer également de magnifiques plans des paysages rocailleux de la Palestine, ses marchés colorés et animés, ses ruelles pleines de vie et ses habitants à travers des scènes quotidiennes qui laissent transparaître l’empathie, la solidarité et la patience malgré des conditions d’existence extrêmement difficiles. Cette dualité entre la beauté naturelle du pays et la dureté de l’occupation confère au film une dimension poétique qui ne verse jamais dans le misérabilisme.

L’innocence du regard enfantin de Sami sert de fil conducteur pour explorer les contradictions et les absurdités de la situation palestinienne. Sa quête apparemment simple d’un pigeon perdu devient une métaphore puissante de la recherche d’une liberté confisquée, d’un retour impossible et d’un espoir qui persiste malgré tous les obstacles. Le choix d’un enfant comme protagoniste permet au réalisateur d’aborder frontalement les questions politiques tout en maintenant une fraîcheur narrative qui rend le propos accessible à un large public. « Passing dreams » a déjà connu une reconnaissance internationale significative depuis sa sortie. Projeté en avant-première lors de la 45e édition du Festival du film du Caire en Égypte en 2024, le film a été distingué à plusieurs reprises, notamment par le prix du meilleur film palestinien décerné par l’Union de la Radio et de la Télévision de l’Organisation de la coopération islamique. 

M.S.

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