Des engagements présidentiels confirmés : 3,9 milliards de dollars pour l’allocation chômage
Le ministre du Travail révèle l’ampleur du dispositif social qui bénéficie à 2,3 millions de jeunes, avec une hausse prévue à 18.000 dinars dès janvier 2026
L’Etat consacre déjà une enveloppe colossale de plus de 420 milliards de dinars, soit 3,23 milliards de dollars, au financement de l’allocation chômage, a révélé lundi le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Abdelhak Saihi. Cette annonce, faite lors de l’ouverture du premier séminaire national sur l’emploi au Centre familial de Ben Aknoun à Alger, intervient alors que le gouvernement s’apprête à augmenter cette aide de 15.000 à 18.000 dinars mensuels dès janvier prochain, ce qui portera le budget annuel à près de 3,9 milliards de dollars sur la base des 2,3 millions de bénéficiaires actuels. Cette hausse de 20% traduit la volonté du président Abdelmadjid Tebboune de renforcer le caractère social de l’État algérien face aux défis du chômage des jeunes. Instaurée en 2022, cette allocation s’adresse à tous les jeunes sans emploi âgés de 19 à 40 ans et représente aujourd’hui l’un des piliers de la politique sociale du gouvernement. Le ministre a souligné qu’un budget supplémentaire important, dont le montant n’a pas été précisé, a été adopté pour accompagner cette revalorisation, ce qui témoigne, selon ses propres termes, de « l’attachement de l’État à sa vocation sociale et de sa volonté d’assurer la stabilité des différentes couches de la société ». Dans son discours inaugural, Abdelhak Saihi a tenu à recadrer la nature même de ce dispositif en affirmant qu’« il ne s’agit pas d’une aide temporaire, mais d’un mécanisme social efficace visant à protéger les jeunes pendant leur recherche d’emploi, et à leur fournir un parcours de soutien comprenant formation et orientation et assurant une transition réussie vers l’insertion professionnelle ». Cette approche s’inscrit dans l’engagement de l’État à « ne laisser aucun jeune sans soutien », principe que le ministre a rappelé à plusieurs reprises lors de cette rencontre de haut niveau qui a réuni plusieurs membres du gouvernement, dont les ministres des Hydrocarbures, de l’Industrie, du Commerce intérieur, de la Communication et de la Formation professionnelle, ainsi que les représentants des organisations patronales et syndicales.
Le profil des bénéficiaires révèle une forte prédominance féminine, les femmes représentant 71% des 2,3 millions d’allocataires contre seulement 29% d’hommes. Lors du Conseil des ministres du 30 novembre dernier, le président de la République a décidé d’augmenter le montant de cette allocation. Au-delà des aspects budgétaires, le ministre du Travail a profité de ce séminaire pour présenter la vision réformiste de son département ministériel face aux mutations profondes que connaît le monde du travail. Abdelhak Saihi a insisté sur la nécessité d’adopter des « visions novatrices et des politiques d’emploi plus flexibles et efficaces » face aux transformations technologiques, démographiques et climatiques qui redéfinissent les modèles d’emploi traditionnels. Il a notamment évoqué la montée en puissance des compétences numériques, l’émergence de l’économie verte, le développement du télétravail et la persistance du secteur informel qui nécessite une prise en charge globale et durable. Le ministre a détaillé les axes de la stratégie gouvernementale, notamment le renforcement de la digitalisation des services de médiation à l’emploi à travers la modernisation des dispositifs existants et le développement de plateformes numériques permettant une meilleure transparence des offres d’emploi et un suivi statistique plus rigoureux. Cette transformation numérique vise également à améliorer l’orientation des demandeurs d’emploi et à lutter contre le travail non déclaré, fléau qui continue de gangrener le marché du travail algérien.
En matière de formation, Abdelhak Saihi a souligné l’importance de développer, en coordination étroite avec le ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels, une offre adaptée aux besoins réels des entreprises. L’objectif est d’améliorer l’employabilité des jeunes à travers des programmes courts orientés vers les métiers d’avenir, notamment dans les secteurs de l’économie numérique et des énergies renouvelables, tout en renforçant la formation en entreprise. Le ministre a également appelé l’ensemble des acteurs du marché du travail à se conformer strictement aux dispositions de la loi 19-04 relative au placement des travailleurs et au contrôle de l’emploi, insistant particulièrement sur l’obligation de soumettre les offres d’emploi exclusivement au service public de l’emploi afin de garantir l’égalité des chances et de promouvoir la justice sociale. Ce séminaire national, qui constitue selon le ministre une étape majeure dans l’évaluation des politiques publiques en matière d’emploi, a donné lieu à des ateliers techniques et des débats approfondis dont les recommandations serviront de base à la poursuite des réformes structurelles du secteur.
Samir Benisid

