Complexe sidérurgique Al Solb El Hadjar d’Annaba : 65.000 tonnes de coke bloquées au port
La situation critique qui perdure depuis plusieurs mois au sein du complexe sidérurgique Al Solb El Hadjar d’Annaba trouve son origine dans un blocage logistique majeur : près de 65.000 tonnes de coke sont immobilisées au port d’Annaba depuis août dernier, faute de dédouanement. Cette matière première essentielle au fonctionnement du haut-fourneau n°2, véritable poumon du complexe, ne peut être acheminée vers les unités de production, paralysant ainsi l’activité de cette entité industrielle qui emploie plus de 6.000 travailleurs. Selon des sources proches du dossier, sur les 65.000 tonnes bloquées, seules 6.000 tonnes ont été dédouanées à ce jour. Cette quantité demeure largement insuffisante pour alimenter le haut-fourneau n°2, à l’arrêt depuis plusieurs mois. Le blocage du coke au port serait dû, selon les mêmes sources, aux dettes douanières accumulées par le complexe. Celles-ci nécessitent un règlement urgent afin de pouvoir débloquer la totalité du combustible, ce qui permettrait la reprise de l’activité du haut-fourneau. De leur côté, les services douaniers affirment « appliquer la réglementation en vigueur et insistent sur la nécessité de régulariser les créances avant tout déblocage massif ». La situation ne se résume pas à des problèmes techniques ou ponctuels, elle reflète un déclin structurel dont les conséquences se font ressentir tant sur le plan industriel que sur le plan socioéconomique. Selon certaines sources, le manque d’anticipation sur les procédures douanières et les garanties financières nécessaires à l’importation des matières premières essentielles, dont le coke notamment, alimente cette crise. L’impact sur la production a mis cette entité industrielle dans l’incapacité d’atteindre ses capacités historiques.
Les députés saisissent le Premier ministre
Face à cette crise qui dure, la classe politique de la wilaya d’Annaba a décidé de monter au créneau. Les représentants de la wilaya au sein de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) se sont dits inquiets quant à la situation prévalant au sein de cette entité économique, dont dépend l’avenir de l’économie industrielle dans la région. Après les alertes lancées par plusieurs députés, Mohamed El Hadi Tebessi, député du parti HMS de la circonscription électorale d’Annaba, a décidé d’interpeller directement le Premier ministre. Dans une correspondance transmise au chef du gouvernement, Sifi Ghrib, en date du 7 décembre courant, le député s’interroge sur la vision du gouvernement concernant l’avenir de ce complexe sidérurgique en crise inédite. Il questionne également les mesures à entreprendre pour sauver le complexe d’El Hadjar, afin de préserver les postes d’emploi de la masse salariale et d’en créer d’autres. L’objectif des représentants parlementaires est d’attirer l’attention du Premier ministre sur cette crise qui dure depuis des mois et, au-delà, de trouver une solution pour ce complexe stratégique.
Les événements et les incidents qui se sont succédé, occasionnant une crise multidimensionnelle au sein de l’entité, ont suscité l’appréhension des sidérurgistes, rongés par l’incertitude quant à leur avenir socioprofessionnel. Selon les sources consultées, l’indice de tension au sein des salariés dénote une crise sociale dont les prémices se font de plus en plus sentir. Trois issues principales sont aujourd’hui évoquées. La première, et la plus rapide, consisterait en un règlement partiel ou total des dettes douanières, permettant le dédouanement progressif des 65.000 tonnes de coke et la relance du haut-fourneau. Une seconde option, plus lourde, impliquerait une restructuration approfondie du complexe, assortie d’un audit financier complet. La troisième possibilité, appréhendée voire redoutée par les sidérurgistes, serait celle d’une paralysie prolongée, avec le risque d’un arrêt durable de certaines unités.
Sofia Chahine

