Culture

Avec six nouveaux classements : Mila renforce la protection de son patrimoine historique 

Six biens culturels immobiliers, témoins de strates historiques successives allant de l’époque romaine à la période coloniale, seront prochainement présentés devant la commission de wilaya de Mila des biens culturels protégés en vue de leur classement et de leur intégration à l’inventaire supplémentaire local. Cette démarche s’inscrit dans la dynamique nationale de sauvegarde du patrimoine matériel algérien, un chantier prioritaire pour les pouvoirs publics qui multiplient les initiatives visant à sécuriser juridiquement et à valoriser les richesses architecturales et historiques du pays. Selon Lazghed Chiaba, chef du service du patrimoine culturel à la direction de la culture et des arts de Mila, les monuments concernés reflètent la diversité et la profondeur historique de cette région du Nord-Est algérien. Parmi eux figurent l’église Saint Luc dans la commune de Chelghoum Laïd, le mausolée de Picatus à Ain Mellouk, Ghar El Zema situé à djebel Aggab dans la commune d’Oued Athmania, Ain Belaïd à Teleghema, le moulin Vergès à Sennaoua dans la commune de Mila, ainsi que le centre de torture dit « deuxième bureau » dans la commune d’Oued Endja. Ce dernier site revêt une charge mémorielle particulièrement sensible, lié aux heures sombres de la guerre de libération nationale. Le responsable souligne que ces monuments revêtent une importance historique, archéologique et architecturale considérable, appartenant à plusieurs phases historiques différentes couvrant de la période romaine à celle de l’occupation française. Cette stratification temporelle fait de Mila un véritable palimpseste architectural où se lisent les traces successives des civilisations qui ont marqué le territoire algérien. L’église Saint Luc et le moulin Vergès témoignent de l’empreinte coloniale française, tandis que le mausolée de Picatus et les vestiges archéologiques rappellent la présence romaine millénaire dans la région, autrefois connue sous le nom de Milevum, important évêché de l’Afrique romaine chrétienne.

La procédure administrative arrive à son terme. Lazghed Chiaba précise que la phase d’élaboration des dossiers de classement touche à sa fin et que leur présentation devant la commission de wilaya des biens culturels protégés devra avoir lieu avant la fin du mois de décembre courant. Cette échéance serrée répond à un objectif clair énoncé par le responsable : « assurer la protection légale, la valorisation et la réhabilitation » de ces biens patrimoniaux. Le classement juridique constitue en effet le préalable indispensable à toute action de conservation et de mise en valeur, en dotant ces édifices d’un statut protecteur qui empêche leur démolition, leur transformation anarchique ou leur abandon. L’enjeu dépasse largement ces six monuments. Les services de la direction de la culture et des arts de la wilaya recensent plus de 420 biens culturels immobiliers répartis à travers toutes les communes du territoire, dont seulement 23 bénéficient actuellement du statut de biens culturels protégés. Ce déséquilibre entre le patrimoine existant et le patrimoine légalement sécurisé révèle l’ampleur du travail restant à accomplir. Les six nouveaux classements en préparation représentent donc une avancée significative, mais également un signal de la nécessité d’accélérer le recensement et la protection du patrimoine local face aux menaces que constituent l’urbanisation accélérée, les dégradations naturelles et parfois l’indifférence.

Cette initiative locale s’inscrit dans une politique nationale ambitieuse de préservation du patrimoine culturel, considéré comme un pilier de l’identité nationale et un vecteur de développement touristique. Les autorités algériennes ont multiplié ces dernières années les programmes de réhabilitation de sites historiques, de musées et de monuments, conscientes que la mémoire matérielle constitue un capital immatériel essentiel pour les générations futures. 

M.S.

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *