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L’Algérie met le cap sur l’exportation de carburants

Après avoir atteint l’autosuffisance en carburants, l’Algérie engage une ambitieuse stratégie d’expansion de ses capacités de raffinage avec un investissement de 7 milliards de dollars, visant à porter sa production à plus de 800 000 barils par jour d’ici 2027 pour s’imposer comme un exportateur majeur de produits pétroliers raffinés en Afrique du Nord et sur les marchés européens voisins.

Le pays mise sur la modernisation de son appareil industriel et la construction de nouvelles unités pour transformer davantage de pétrole brut en produits à forte valeur ajoutée. Selon les données compilées par la plateforme spécialisée Energy Platform, basée à Washington, la capacité totale des raffineries algériennes s’élève actuellement à 677 000 barils par jour, répartis sur six installations principales situées à Skikda, Arzew, Alger, Hassi Messaoud et Adrar. Ces infrastructures, pour la plupart construites entre les années 1960 et 1980 et exploitées par la compagnie nationale Sonatrach, ont permis au pays de mettre fin à ses importations de diesel et d’essence qui comblaient auparavant le déficit de la consommation intérieure. A cela s’ajoute le projet de réalisation d’une nouvelle raffinerie à Hassi Messaoud.

La raffinerie de Skikda demeure le fleuron du dispositif national avec une capacité de 355 000 barils quotidiens, la plaçant parmi les dix plus importantes du monde arabe. Récemment modernisée avec l’installation d’unités de craquage et de reformage catalytique, elle produit de l’essence, du diesel, du kérosène aviation et des produits pétrochimiques. Elle est suivie par la raffinerie de condensats de Skikda avec 122 000 barils par jour, puis celle d’Arzew avec 87 000 barils quotidiens qui alimente largement la région occidentale du pays. La raffinerie d’Alger, l’une des plus anciennes, affiche une capacité de 78 000 barils par jour, tandis que celles de Hassi Messaoud et d’Adrar traitent respectivement 22 000 et 13 000 barils journaliers pour desservir les zones du Sud.

Le projet phare de cette stratégie de développement reste la construction de la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud dans la wilaya de Ouargla, dont la première pierre a été posée en février 2025. D’une capacité de 5 millions de tonnes annuelles, soit l’équivalent de 97 000 barils par jour, cette infrastructure représente un investissement de 7 milliards de dollars et devrait entrer en service fin 2027. Elle produira sept types de carburants répondant aux normes Euro 5, incluant du propane, du butane, des essences 95 et 91, du kérosène aviation, du diesel et du bitume. Dans sa phase initiale, l’installation traitera un million de tonnes de mazout par an, une production qui grimpera progressivement à 2,8 millions de tonnes. Une fois opérationnelle, elle deviendra la troisième plus grande raffinerie du pays.

D’autres projets complémentaires sont également en cours de réalisation. Un complexe de craquage de naphta d’une capacité de 1,2 million de tonnes d’essence doit voir le jour au port d’Arzew en mars 2027, tandis qu’une usine de craquage de combustible à Skikda produira 1,75 million de tonnes de diesel et 250 000 tonnes d’asphalte à son achèvement prévu en 2029. Ces extensions permettront d’augmenter la capacité globale de raffinage du pays d’environ un tiers.

Les statistiques de l’OPEP et citées par la même plateforme, révèlent d’ailleurs une progression constante de la production des raffineries algériennes, passée de 644 000 barils quotidiens en 2022 à 657 000 en 2023, puis 681 000 en 2024. La production d’essence a légèrement augmenté pour atteindre 85 000 barils par jour en 2024 contre 83 000 l’année précédente, selon les données recensées par la plateforme Energy Platform. Les distillats ont progressé à 233 000 barils quotidiens en 2024 contre 224 000 en 2023, tandis que la production de kérosène a reculé à 16 000 barils contre 18 000, et celle de fuel lourd à 106 000 barils contre 109 000. Les autres produits pétroliers ont bondi à 240 000 barils par jour en 2024 contre 224 000 en 2023. Les exportations de produits raffinés sont restées stables à environ 515 000 barils quotidiens, principalement composées de quantités limitées d’essence et de kérosène aviation, le pays maintenant des stocks stratégiques de diesel pour ses besoins en transport et en production électrique.

Au-delà de l’aspect quantitatif, l’Algérie entend transformer son industrie du raffinage en privilégiant les produits à haute valeur ajoutée comme l’essence à faible teneur en soufre, le diesel propre et les produits pétrochimiques. Le ministère des Hydrocarbures et des Mines cherche à nouer des partenariats avec des entreprises asiatiques et européennes pour moderniser les installations existantes et intégrer des technologies de réduction des émissions et d’amélioration de l’efficacité énergétique, souligne le même rapport. L’objectif est de créer des synergies entre les complexes de raffinage, les projets de gaz naturel liquéfié et la pétrochimie pour parvenir à une intégration industrielle plus large. La position géographique stratégique du pays, avec ses infrastructures portuaires développées à Arzew et Skikda et sa proximité des marchés européens, constitue un atout majeur pour concrétiser cette ambition de devenir un pôle régional du raffinage et du commerce des produits pétroliers d’ici la fin de la décennie, conclut-on.Samira Ghrib

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