Lutte contre le terrorisme : L’Algérie réaffirme son leadership africain
La secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Selma Bakhta Mansouri, a réitéré lundi l’engagement de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, lors de l’ouverture à Alger d’une réunion consultative des experts sur le plan d’action stratégique africain antiterroriste, organisée par le Centre de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme. Cette rencontre de deux jours, qui se déroule à huis clos avec la participation d’une élite d’experts et de spécialistes venus de différentes régions et institutions africaines, vise à évaluer et actualiser les mécanismes continentaux de lutte contre le terrorisme pour les adapter aux évolutions actuelles de la menace. Les participants examinent la résolution et le projet du plan d’action stratégique continental, ainsi que le cadre politique et les plans d’action régionaux, dans le but de renforcer la réponse africaine commune face à un phénomène qui fait de l’Afrique la première victime mondiale du terrorisme. Dans son allocution d’ouverture, Mme Mansouri a dressé un tableau alarmant de l’ampleur de la menace terroriste sur le continent africain. « Le terrorisme n’est plus un phénomène conjoncturel ou limité à certaines zones géographiques, mais il s’est transformé en une menace transfrontalière qui s’adapte et s’alimente des interactions complexes alliant criminalité organisée transnationale, économies illicites, trafic illégal de ressources et exploitation croissante des technologies modernes », a-t-elle déclaré. La secrétaire d’État a souligné que « l’Afrique subit aujourd’hui lourdement le poids de cette menace, représentant plus de 70 % des victimes du terrorisme à l’échelle mondiale, dans une crise structurelle qui affecte l’autorité des États, compromet les trajectoires de développement et alimente des spirales d’instabilité ». Cette situation critique a conduit les chefs d’État et de gouvernement africains à convoquer un sommet extraordinaire de l’Union africaine à Malabo en 2022, au cours duquel ils ont confié au président de la République Abdelmadjid Tebboune le mandat de Coordonnateur de l’UA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Ce mandat vise à mobiliser la volonté politique au plus haut niveau et à consolider l’appropriation africaine des stratégies de lutte contre le terrorisme.
Face à la complexité des défis sécuritaires, Mme Mansouri a estimé qu' »il est nécessaire que l’Afrique renforce sa présence et son rôle en tant qu’acteur stratégique influent dans l’effort international de lutte contre le terrorisme, à travers une approche continentale plus cohérente et intégrée, reposant sur une vision claire et le renforcement de la souveraineté stratégique ». Elle a appelé à l’activation des mécanismes continentaux proposés, en particulier le Fonds spécial de lutte contre le terrorisme, le mandat d’arrêt africain et la liste africaine des entités terroristes. La secrétaire d’État a également insisté sur la nécessité de renforcer le sous-comité du Conseil de paix et de sécurité chargé de la lutte contre le terrorisme, soulignant que le renforcement des capacités humaines, techniques et financières des mécanismes africains spécialisés constitue un élément décisif pour garantir l’efficacité de toute réponse collective. Elle a notamment cité la Force africaine en attente, l’agence AFRIPOL, le Comité africain de renseignement et de sécurité, et le Centre de l’Union africaine pour la lutte contre le terrorisme comme des institutions essentielles à consolider. De son côté, le directeur adjoint du CUACT, Idriss Mounir Lallali, a souligné le rôle central de l’Algérie dans les efforts de l’UA pour combattre le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent. Il a rappelé que l’accueil du CUACT à Alger et la participation active de l’Algérie aux mécanismes africains et internationaux reflètent l’engagement ferme du pays en faveur de la paix et de la sécurité sur le continent. M. Lallali a également fait observer que la participation de l’Algérie à l’élaboration des instruments juridiques et procéduraux de lutte contre le terrorisme, tels que la Convention de 1999, le Plan d’action continental de 2002 et le Protocole additionnel de 2004, fait du pays un point d’ancrage de la vision africaine collective. Les travaux de cette réunion consultative, qui constitue une plateforme essentielle pour l’échange d’expertises et le partage des meilleures pratiques entre les différents acteurs, seront couronnés par une série de recommandations pratiques destinées à renforcer la coopération régionale et internationale dans le domaine de la lutte antiterroriste. Cette approche globale vise à traiter non seulement les manifestations du terrorisme, mais également ses racines profondes, dans une perspective de prévention et de développement durable pour l’ensemble du continent africain.
Salim Amokrane

