Permis de conduire, SNTF, Air Algérie et transports publics : Ce qui va changer en 2026
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports promet des sanctions contre les responsables d’accidents de la route et dévoile un plan d’investissement de 180 milliards de dinars pour le ferroviaire, ainsi qu’un vaste programme de modernisation d’Air Algérie.
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a dévoilé mardi soir à l’Assemblée populaire nationale les grandes lignes d’une refonte profonde du secteur des transports, dans le cadre de l’examen du projet de Code de la route. Entre mesures répressives innovantes et investissements massifs dans les infrastructures, le gouvernement affiche son ambition de réduire drastiquement les accidents de circulation tout en modernisant l’ensemble du réseau de transport national. S’exprimant lors d’une séance plénière consacrée aux réponses aux questions des députés, le ministre a insisté sur le caractère contraignant du nouveau texte législatif. « L’État ne ménagera aucun effort pour remédier aux différentes insuffisances constatées », a-t-il martelé, précisant que le projet comporte des dispositions garantissant « l’aménagement adéquat et durable des infrastructures routières et installations accessoires, et leur entretien ». Cette volonté politique s’inscrit dans les directives du président Abdelmadjid Tebboune qui a demandé la consécration du principe de responsabilité pénale et civile de l’ensemble des parties impliquées dans les accidents de circulation. L’une des innovations majeures du projet réside dans l’extension de la responsabilité juridique.
Le permis à points en 2026
Désormais, toute personne impliquée dans « l’introduction ou la commercialisation de pièces de rechange contrefaites » pourra être poursuivie en cas d’accident. Cette mesure vise à assainir un marché parallèle qui contribue à l’augmentation des sinistres routiers. Pour renforcer le contrôle, le ministre a annoncé « l’adoption du contrôle automatisé, à l’aide d’un système automatisé de détection des infractions routières », une mesure qu’il présente comme ayant « un effet dissuasif et garantissant un contrôle réel et efficace ». Sayoud a toutefois tenu à rassurer : « L’application rigoureuse de la loi et la poursuite judiciaire des contrevenants seront de mise, sans que cela n’implique l’intimidation des citoyens ou une quelconque pression à leur encontre ». Le ministre a également évoqué le problème des ralentisseurs anarchiques, révélant que « plus de 70% ont été installés par des citoyens ». Des correspondances ont été adressées aux walis pour procéder à la démolition des dispositifs non réglementaires. Quant au permis à points, très attendu, le ministre a rappelé que le projet « est toujours en cours d’élaboration et devrait être prêt d’ici la fin de l’année 2026 ». Par ailleurs, le secteur s’apprête à réglementer l’activité des transporteurs utilisant les applications électroniques, avec un texte réglementaire actuellement au niveau du Secrétariat général du Gouvernement.
1,4 milliard de dollars pour le ferroviaire
Sur le volet des investissements, Sayoud a dévoilé un programme ambitieux pour le transport ferroviaire. Le président de la République a alloué une enveloppe de 180 milliards de dinars, soit près de 1,4 milliard de dollars, pour l’acquisition de nouveaux wagons et locomotives. Un appel d’offres international sera lancé prochainement, le cahier des charges étant déjà finalisé. Cette commande s’inscrit dans un plan global de la SNTF doté de 378 milliards de dinars visant à porter la capacité du réseau à 100 millions de voyageurs par an contre 32 millions actuellement. Les premières livraisons sont attendues entre 2026 et 2027. Concernant le transport routier, l’État « facilitera » l’acquisition de 10.000 bus neufs destinés au transport urbain, suburbain et rural. Cette opération débutera en janvier et se poursuivra jusqu’en mars ou avril, dans le cadre du retrait des véhicules vétustes de plus de 30 ans. Pour le transport maritime, dix cargos sur douze sont déjà entrés en service, les deux derniers étant attendus avant fin janvier. Le ministre a également révélé un projet de ligne maritime Annaba-Tunis, avec la création d’une société mixte algéro-tunisienne.
Air Algérie renforce sa flotte
S’agissant du transport aérien, Sayoud a défendu la compagnie nationale, appelant à « s’appuyer sur des données réelles » pour évaluer sa position sur le marché. Il a rappelé qu’Air Algérie figure « parmi les trois plus grandes compagnies aériennes en Afrique » et a annoncé l’acquisition de seize avions ATR dont la livraison est prévue à partir de juin, ainsi que dix-huit gros-porteurs dont dix Airbus A330-900. Le premier A330-900 a été réceptionné il y a un mois, et trois autres appareils sont attendus avant la fin de l’année.
Enfin, sur la question controversée de l’allocation touristique de 750 euros, le ministre a été catégorique : « Aucune décision n’a été prise pour revenir » sur cette mesure décidée par le président. En revanche, les cadres juridiques ont été renforcés pour éviter les détournements. Sayoud a dénoncé les « pratiques frauduleuses » de certaines agences qui exploitaient cette allocation, citant l’entrée de « 5.000 bus vers la Tunisie entre novembre et décembre », période inhabituelle pour les déplacements touristiques des Algériens. L’obligation de disposer d’une carte bancaire a été instaurée pour assurer « une traçabilité quant au versement de cette allocation ».
Salim Amokrane

