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Criminalisation de la colonisation française : « L’Algérie ne transige jamais sur sa mémoire »

L’Assemblée populaire nationale a examiné samedi une proposition de loi portant criminalisation de la colonisation française en Algérie, un texte historique présenté comme un acte de souveraineté et de fidélité à la mémoire nationale. 

Lors d’une séance plénière solennelle tenue en présence de membres du gouvernement et de représentants de la famille révolutionnaire, les parlementaires ont présenté un texte législatif sans précédent visant à condamner formellement la colonisation française. Cette initiative s’inscrit dans la politique mémorielle défendue par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui accorde une attention particulière au dossier de la mémoire nationale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Abdelmalek Tacherift, a inscrit cette initiative dans une perspective de justice historique. « Ce texte vient condamner un système colonial révolu fait d’oppression et d’injustice, et montrer que l’Algérie victorieuse ne transige jamais sur sa mémoire nationale et ne tolère aucune atteinte à ses faits historiques », a-t-il affirmé. Le ministre a souligné que rappeler les crimes coloniaux français « n’est pas seulement un retour sur le passé, mais un devoir moral et historique », compte tenu de l’ampleur des atrocités commises qui ont « atteint un niveau d’atrocité et d’horreur dépassant l’entendement ». Abdelmalek Tacherift a martelé que les crimes coloniaux odieux commis en Algérie sont « imprescriptibles conformément aux chartes et principes internationaux » et « ne peuvent être effacés par l’oubli ». Le ministre a rappelé que par ses crimes, l’occupant français « cherchait à subjuguer le peuple algérien, à le priver de ses droits et à éteindre la flamme de la résistance, qui, loin de s’éteindre, s’est embrasée davantage ». Il a conclu son intervention en affirmant qu' »il n’y a pas de justice humaine sans reconnaissance, ni d’avenir digne sans équité ».

Le président de l’APN, Brahim Boughali, a souligné la portée exceptionnelle de cette démarche. « La question de la criminalisation de la colonisation est la cause de tout un peuple, où les sensibilités s’estompent et les divergences s’effacent », a-t-il déclaré, insistant sur le caractère consensuel de ce combat mémoriel. Il a précisé que la tenue de cette séance « n’est pas une procédure parlementaire routinière, mais plutôt un acte souverain par excellence, une position morale explicite et un message politique clair exprimant l’attachement de l’Algérie à son droit imprescriptible ». Le texte présenté repose sur trois piliers fondamentaux : l’énumération des crimes coloniaux français, l’établissement de la responsabilité de l’État français dans son passé colonial, et la mise en place de mécanismes juridiques pour exiger reconnaissance et excuses. Des dispositions pénales criminalisant la glorification ou la promotion de la colonisation sont également prévues. Brahim Boughali a tenu à clarifier les intentions du législateur algérien : ce texte « ne cible aucun peuple, ne cherche ni vengeance ni à attiser les rancunes, mais repose plutôt sur un principe consacré selon lequel les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles ».

La proposition de loi détaille méthodiquement les crimes perpétrés durant la période coloniale. Brahim Boughali a rappelé que la colonisation française était « un projet à part entière de déracinement et d’expropriation » qui a usurpé les terres pour les distribuer aux colons, « faisant de l’Algérien un étranger dans son propre pays, privé des richesses de sa terre et de son droit à une vie digne ». Le président de l’APN a évoqué les politiques systématiques d’appauvrissement, les déplacements forcés de populations, les centres de regroupement qui ont servi d’outils de contrôle collectif, ainsi que les massacres de masse ayant coûté la vie à des millions de victimes.

Un chapitre particulier est consacré aux essais nucléaires effectués par la France dans le Sahara algérien, dont les effets persistent jusqu’à aujourd’hui, « causant des plaies ouvertes et des préjudices sanitaires et environnementaux, desquels les générations successives souffrent encore, dans un crime à part entière, imprescriptible et impossible à oublier », a dénoncé Brahim Boughali. Cette proposition de loi représente selon Brahim Boughali « un pas qualitatif à même de renforcer le système législatif national relatif à la protection de la mémoire nationale » et rappelle que « l’État, à travers l’ensemble de ses institutions constitutionnelles, est attaché à son droit souverain à la préservation de son histoire nationale ». Le président de l’APN a conclu en exprimant sa fierté du peuple algérien, « détenteur du droit et digne gardien de la mémoire nationale », estimant que cette loi est « l’un des fruits de sa longue lutte et de sa persévérance constante à défendre sa souveraineté et sa dignité ».

Salim Amokrane

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