L’occupation marocaine intensifie le black-out au Sahara occidental : 329 observateurs internationaux expulsés depuis 2014
Les autorités d’occupation marocaines ont expulsé 329 observateurs internationaux du Sahara occidental entre 2014 et le 24 août dernier, selon l’agence de presse sahraouie SPS. Ces ressortissants de 21 pays différents se sont vu interdire l’accès au territoire ou ont été contraints de le quitter, dans ce que les organisations de défense des droits humains dénoncent comme une stratégie délibérée visant à maintenir un black-out total sur la situation dans ce territoire occupé depuis 1975. Parmi les expulsions les plus récentes figurent deux militants de l’organisation internationale Nonviolence, illustrant la volonté persistante des autorités d’occupation marocaines de dissimuler les violations des droits humains commises et de renforcer le blocus imposé au territoire sahraoui. Selon un communiqué conjoint de l’Association pour la protection des prisonniers sahraouis dans les geôles marocaines et de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique, cité par SPS, 27 observateurs ont été expulsés durant l’année en cours. Parmi eux se trouvent des parlementaires, des militants des droits humains et des journalistes de nationalités espagnole, américaine et portugaise. Cette politique d’expulsion systématique touche particulièrement les citoyens norvégiens, qui arrivent en tête avec 133 personnes expulsées, suivis par les Espagnols avec 105 cas. Les ressortissants suédois comptent neuf expulsions, tandis que l’Italie, les États-Unis et la France en dénombrent chacun six. La Pologne et le Royaume-Uni complètent cette liste avec respectivement cinq et quatre personnes interdites d’accès au territoire sahraoui occupé.
Au-delà des individus, ce sont également les organisations internationales de défense des droits humains qui se heurtent à un mur. Le Maroc a expulsé ou interdit l’accès aux territoires sahraouis occupés à sept ONG internationales ces dernières années, parmi lesquelles figurent des noms aussi prestigieux que Human Rights Watch, Amnesty International, la Nonviolence Organization et le Carter Center. Selon SPS, l’objectif de ces interdictions est de dissimuler la réalité des graves violations des droits humains et du pillage des ressources naturelles du peuple sahraoui. Cette stratégie d’isolement va jusqu’à empêcher le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme d’accéder au Sahara occidental occupé, et ce pour la neuvième année consécutive, souligne le communiqué conjoint.
Cette absence de surveillance internationale est aggravée par le fait que la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, la Minurso, ne dispose d’aucun mandat de surveillance de la situation des droits humains dans les territoires occupés. Cette lacune institutionnelle, dénoncée par les organisations sahraouies et leurs soutiens, a contribué à la poursuite des crimes commis par le Maroc contre les civils sahraouis non armés, en toute impunité. Hassana Douihi, membre de l’Association pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines, dresse un tableau alarmant de la situation. Citée par SPS, elle affirme que « les territoires occupés du Sahara occidental sont soumis à un blocus militaire et médiatique strict imposé par l’occupation marocaine ». Selon elle, « les visites font l’objet d’un contrôle rigoureux, empêchant l’accès à la plupart des observateurs internationaux et des organisations de défense des droits humains ». La militante sahraouie des droits humains souligne que « ces mesures confirment la poursuite d’une politique systématique visant à isoler la région du reste du monde et à la maintenir sous un siège médiatique et militaire, empêchant ainsi toute voix indépendante ou tout reportage documentant la situation humanitaire et politique sur place de parvenir à destination ». Cette politique de fermeture totale soulève des interrogations croissantes au sein de la communauté internationale sur ce que les autorités marocaines cherchent à dissimuler derrière ce rideau de fer imposé au Sahara occidental, dernière colonie en Afrique.
L.S.

