Mohamed Lahcen Zeghidi à propos de la loi sur la criminalisation de la colonisation : « Une avancée historique »
L’adoption à l’unanimité par l’Assemblée populaire nationale de la proposition de loi criminalisant la colonisation française en Algérie marque un tournant historique dans la préservation de la mémoire nationale. Qualifiée d' »exploit historique » par les groupes parlementaires, cette loi répond à une revendication populaire et concrétise l’engagement du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en faveur de la protection du patrimoine mémoriel algérien. Mohamed Lahcen Zeghidi, coordinateur de la Commission algérienne Histoire et Mémoire, a souligné lors d’une conférence organisée mardi au forum du quotidien El Moudjahid que le texte de cette loi constitue « une revendication populaire » et « une avancée historique » réalisée grâce à la volonté du président de la République, pour le renforcement de la protection de la mémoire nationale. Il a précisé que l’adoption de ce texte par les représentants du peuple se veut à la fois « un gage de fidélité et de reconnaissance envers les chouhada et les moudjahidine ayant enduré les affres d’un colonialisme brutal », et « un message fort » pour la France coloniale, rappelant que « la mémoire du peuple algérien est inaliénable et non négociable ». Lors de la conférence organisée par l’association Mechaal Echahid sous le thème « La résistance et la Révolution nationale dans l’extrême Sud algérien », Mohamed Lahcen Zeghidi a présenté un exposé mettant en lumière les principales étapes de la résistance populaire et de la Révolution nationale dans le sud du pays, et ses artisans qui ont mis en échec les tentatives du colonisateur français de diviser le pays. Il a passé en revue le rôle des résistances populaires qui ont incarné la résilience des populations du Sud face à l’invasion de l’armée coloniale au début du XXe siècle. Les témoignages apportés lors de cette conférence ont enrichi la réflexion historique. Ben Abderrahmane Ibrahim, petit-fils du chahid Cheikh Amoud Ben Mokhtar, a salué l’organisation de cette conférence historique au vu de son importance, tandis que Mohamed Ag Akhamouk, fils du défunt moudjahid Hadj Moussa Ag Akhamouk, a apporté un témoignage vivant sur le parcours militant de son père, illustrant la continuité de la mémoire entre les générations.
Dans un communiqué publié lundi, les groupes parlementaires de l’APN et le représentant des députés sans appartenance ont salué l’adoption de la proposition de loi criminalisant la colonisation française en Algérie, qui constitue « un exploit historique », affirmant que « la mémoire nationale ne peut faire l’objet de surenchères ou d’exploitation conjoncturelle ». Ils ont rappelé que la criminalisation de la colonisation était « un choix souverain et une exigence historique pour protéger l’Algérie et préserver son avenir », ajoutant que sa documentation constitue « un message clair que les questions majeures de la nation se préservent par l’unité et la vérité ». La démarche adoptée pour l’élaboration de ce texte témoigne d’une volonté de consensus et de rigueur. Le communiqué précise que la proposition est intervenue suite à la mise en place d’une commission parlementaire conjointe présidée par Brahim Boughali, président de l’APN, regroupant l’ensemble des groupes parlementaires et le représentant des députés sans appartenance, dans le but de « soustraire ce dossier de toute instrumentalisation partisane et de lui conférer sa dimension nationale fédératrice ». La commission a élaboré une première mouture ayant fait l’objet de débats et de révisions minutieuses, en consultant des experts en droit et en relations internationales, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, le secrétaire général de l’Organisation nationale des enfants de chouhada, le coordinateur de la Commission algérienne Histoire et Mémoire, afin de « garantir la force et la rigueur juridique et politique du texte et préserver la mémoire nationale ». Après l’achèvement des phases de préparation et de rédaction, la proposition a été soumise à l’APN avant d’être adoptée le 24 décembre dernier à l’unanimité. Les groupes parlementaires ont affirmé à cet égard que « la criminalisation de la colonisation représente un consensus national et une réponse souveraine aux politiques hostiles de l’ancien Etat colonial », conclut le communiqué.
Cette loi s’inscrit dans une démarche plus globale de valorisation de l’histoire nationale et de reconnaissance du sacrifice des générations qui ont résisté au colonialisme. L’adoption de cette loi criminalisant la colonisation française marque ainsi une étape décisive dans la protection juridique de la mémoire nationale. Elle consacre le principe selon lequel l’histoire de l’Algérie et les sacrifices de son peuple ne peuvent être l’objet d’aucune négociation ni d’aucune instrumentalisation.
Malik Meziane
