Récupération des biens détournés : Une plateforme numérique pour un suivi en temps réel
Le ministre de l’Industrie, Yahia Bachir, a présidé lundi à Alger la cérémonie officielle de lancement d’une plateforme numérique dédiée au suivi des biens récupérés, marquant une nouvelle étape dans la gestion transparente et efficace du patrimoine économique saisi dans le cadre de la lutte contre la corruption. La cérémonie s’est déroulée en présence des points focaux et des représentants des différents secteurs concernés par cette initiative.
Selon un communiqué du ministère, « cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant la modernisation de l’administration publique, le renforcement de la numérisation et la promotion de la transparence, outre l’amélioration des mécanismes de suivi et de coordination entre les différents secteurs intervenant dans la gestion des biens récupérés ». La plateforme constitue ainsi un outil technologique au service d’une gouvernance renforcée du patrimoine économique saisi. Pour garantir l’efficacité opérationnelle de cet instrument, le ministère a confié à la responsable de l’Inspection générale du ministère de l’Industrie la supervision de l’activation de cette plateforme. Cette mission vise à « assurer l’unification des règles de traitement, l’exploitation optimale de la plateforme numérique et le suivi, en temps réel et avec précision, la situation des biens récupérés », précise le communiqué ministériel. Cette centralisation de la supervision devrait permettre d’harmoniser les pratiques et d’éviter les disparités dans le traitement des dossiers entre les différents secteurs impliqués. Lors de cette cérémonie, le ministre Yahia Bachir a réaffirmé « l’engagement constant du ministère à ancrer la bonne gouvernance et à soutenir la transformation numérique en tant que choix stratégique pour l’amélioration de la performance publique », selon la même source. Cette plateforme numérique répond à un besoin crucial de coordination et de traçabilité dans la gestion d’un patrimoine économique considérable. Elle devrait permettre aux différentes administrations concernées de suivre en temps réel l’état des entreprises, terrains et autres actifs récupérés, facilitant ainsi la prise de décision et accélérant les processus de réhabilitation et de remise en exploitation.
L’enjeu dépasse la simple dimension administrative. Il s’agit de transformer un patrimoine estimé à plus de 1.500 de dinars en véritable outil de développement économique. Le ministre de l’Industrie avait d’ailleurs souligné récemment que la relance des entreprises confisquées pour corruption constitue un projet économique global, lors d’une visite jeudi dernier à Guelma où six unités récupérées font l’objet d’un plan de réhabilitation.
Depuis l’élection du président Tebboune en 2019, l’État a récupéré un patrimoine économique colossal comprenant plus de 350 entreprises, 15.000 hectares de terrains agricoles et industriels, ainsi qu’un important parc immobilier estimé à plus de 12.000 logements et locaux commerciaux. Près de 65% de ces entreprises relèvent du secteur industriel et commercial, avec une forte concentration dans l’agroalimentaire, les matériaux de construction, la logistique et le textile.
Le lancement de cette plateforme numérique s’inscrit donc dans une stratégie plus large visant à transformer ces avoirs issus des affaires de corruption en véritables leviers de souveraineté économique et de création d’emplois. La digitalisation du suivi apparaît comme un préalable indispensable à toute politique cohérente de réhabilitation et de valorisation de ce patrimoine récupéré.
Amar Malki

