Conférence économique et sociale du FFS : La situation socioéconomique passée au crible
Le Front des forces socialistes a organisé, hier au sein du siège du parti à Alger, sa conférence économique et sociale. L’occasion pour des syndicalistes et des économistes de dresser un état des lieux de la situation économique et sociale du pays.
Intervenant dans une conjoncture marquée par la persistance des effets de la pandémie du Covid 19 sur l’économie nationale, l’augmentation des prix de tous les produits, la conférence économique et sociale, la conférence a été l’occasion pour de nombreux experts d’aborder un panel de thématiques. Des experts qui ont été sans concessions dans leurs analyses et dont les interventions étaient riches en recommandations à même d’enrichir la mise en pratique du plan d’action du gouvernement dans un climat serein éloigné des tensions sociales qui risquent de se produire si nombre de problèmes, signalée d’ailleurs par les intervenants, ne sont pas sérieusement en charge.
Premier intervenant à prendre la parole, Noureddine Bouderba, spécialiste des questions sociales, a abordé les thématiques relatives aux pouvoir d’achat, à la politique fiscale et les transferts sociaux. Pour le spécialiste, la redistribution des richesses joue un rôle important dans les politiques économiques et sociales d’un État, citant l’OCDE qui indique dans ses rapports que les disparités sociales ne sont combattues par les États grâce à ces transferts sociaux. Des questions, recommande-t-il, qui doivent être au centre d’intérêt de l’Etat afin d’améliorer le niveau de vie des citoyens.
Pour sa part, Messaoud Boudiba a insisté dans son intervention sur la revalorisation des salaires qui est, ajoute-t-il, le point nodal de toute politique sociale et économique. Depuis plusieurs décennies, rappelle-t-il, le Cnapest a fait de cette nécessité l’une de ses principales revendications sociales parce que « la revalorisation des salaires est l’une des conditions pour le développement économique qui prenne en compte les conditions sociales des citoyens essentiellement des catégories défavorisées dont les salaires ne répondent pas aux besoins les plus élémentaires ». M. Boudiba alertera par ailleurs sur le recul de la protection sociale durant ces dernières années. Un recul, ajoute-t-il, « facilement constaté sur le terrain avec la hausse des prix des produits de première nécessité », regrettant l’absence de volonté depuis 2003 de régler définitivement le problème des salaires, engendrant ainsi le recul drastique du pouvoir d’achat des Algériens.
L’économiste Mourad Goumiri a, de son côté, abordé la question du financement des collectivités locales « qui a n lien étroit avec la nécessité de renforcer le pouvoir des élus locaux ». Pour Goumiri, « l’Algérie qui n’arrive pas encore à dépasser l’héritage colonial du Jacobinisme conforté », explique-t-il, par les ordonnances de 1967 qui « ont consacré ce dernier par le renforcement du pouvoir des walis et des chefs de daïra au détriment des élus locaux ». Un système qui a fait que l’organisation fiscale de la wilaya d’Alger est restée similaire à l’organisation fiscale de la wilaya d’Illizi à cause de la centralisation de la décision.
Pour sa part, Mustapha Mékidèche, économiste et ancien vice-président du Cnes, insisterasur la nécessité d’une transition énergétique tout en déplorant le paradoxe faisant qu’à « chaque fois qu’il y a une embellie du pétrole, on oublie les réformes et on nous ressort cette question dès qu’il y a situation de crise ».
Akli Amor