Candidatures aux élections locales : Les raisons des rejets
Le rejet des listes de candidats aux prochaines locales fait débat depuis quelques jours. Les partis accusent, tandis que l’Autorité nationale indépendante des élections s’en tient au processus établi par le nouveau régime électoral et s’empêche tout commentaire. L’Anie attend la fin des recours introduits en Justice avant d’annoncer le verdict définitif qui devra valider les candidatures. Cependant, au-delà du discours politique, qui parfois emprunte des raccourcis, voire virer à la surenchère, le rejet des candidatures est-il la conséquence d’un nouveau cadre règlementaire qui nécessité qu’on l’adapte ou qu’on s’y adapte, ou cache-t-il des phénomènes plus graves. Au-delà des candidatures rejetées pour des motifs purement administratif et qui ont d’ailleurs été repêchées par les tribunaux administratifs, certaines exclusions sont motivées par des critères tout ce qu’il y a de plus objectif. L’Anie, qui s’appuie sur l’article 184 de la loi organique portant régime électoral et sur les rapports des services de sécurité a managé de se débarrasser des candidats ayant eu des démêlés avec la Justice, ou qui ont des liens avec les réseaux de l’argent sale. Dans plusieurs communes du pays les candidatures d’ex-P/APC ont été rejetées pour leur gestion passée de leur commune et qui leur a valu un passage à la case prison. On peut citer l’exemple de Skikda ou des candidats du FLN, du RND et du Front El Moustakbal ont été exclus pour ces motifs. C’est aussi le cas à Béjaïa où l’ex-maire de Tichy qui s’est présenté sur une liste FFS a été considéré comme persona non grata. Ainsi tout comme les élections législatives, les élections locales semblent être l’occasion idoine pour les résidus de la Issaba de se recycler dans les nouvelles institutions, si ce n’est la vigilance des organes mis en place pour le suivi de l’opération électorale. Il est d’ailleurs utile de rappeler le propos du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a affirmé lors de la réunion Gouvernement-Walis que pas moins de 750 candidats issus de la Issaba avaient tenté d’infiltrer le processus électoral législatif avant d’être débusqués par l’Anie.
MAK et Rachad en embuscade
Mais au-delà, le plus grave est la manière dont des organisations terroristes comme Rachad et le MAK ont tenté d’infiltrer les institutions de la République via le processus électoral. Les propos tenus par le chef de file du MSP, Abderzak Mokri, au cours de la conférence de presse qu’il avait organisé il y a de cela quelques jours, ont ainsi permis d’en prendre pleinement conscience. Le chef du MSP qui espérait fustiger l’Autorité nationale indépendante des élections s’était outré du rejet de certaines candidatures pour appartenance à une organisation terroriste. Et pourtant, c’était loin d’être le fruit de l’imagination de l’Anie et encore moins une vue de l’esprit, car certains candidats à la candidature avaient bel et bien des liens avec Rachad et le MAK et ce qui a d’ailleurs justifié leur exclusion. C’est d’ailleurs le cas à Béjaïa où certains d’entre eux ont essayé de confectionner des listes indépendantes. C’est ce que nous avons appris de sources sécuritaires, qui affirment que ces listes «non partisanes» rejetées par l’ANIE, au niveau de certaines wilayas de Kabylie, s’avèrent être affiliées au MAK. Nos sources citent entre autre, une liste établie par un avocat, qui après enquête s’avère être en personne, proche du mouvement séparatiste dirigé par Ferhat M’Henni. Un rejet qui a fait les choux gras de la presse, qui s’interrogeait il ya une semaine sur les motifs ayant conduit au rejet de cette liste «indépendante». Un élément de plus qui permet de mieux comprendre comment cette organisation terroriste tente de saboter le processus électoral et de le dévoyer. Il est d’ailleurs utile de rappeler dans ce contexte l’opération des services de sécurité qui a mené à l’arrestation de membres du MAK dans la région de Kherrata et de Beni Ourtilane, le mois d’aout dernier et qui grâce aux perquisitions opérées en leur domicile, a permis la découverte de cachets humides portant la mention «a voté» en plus d’autres documents subversifs prouvant l’appartenance de ces éléments au MAK. Pour en savoir plus, nous nous sommes rapprochés de certains responsables en lien avec la préparation des élections locales prévues pour le 27 novembre prochain et là nous avons pris conscience de certaines craintes au sein des partis qui pris un certain nombre de précautions à ce propos. «Des noms ont été rejetés pour leur appartenance à Rachad et au MAK», nous ont révélés des enquêteurs qui affirment que ces noms n’ont pas été retenus, avant même que les listes ne soient déposées au niveau des délégations de wilaya de l’ANIE. «Ils savaient que ces noms avaient un lien direct ou indirect avec Rachad et le MAK alors ceux qui ont commencé à recueillir les candidatures ont vite compris qu’il fallait s’en séparer», révèlent des sources sécuritaires.
Idir Yaghmourassen