Approvisionnement des marchés européens en gaz : L’enjeu des contrats à long terme
L’acheminement du gaz naturel vers l’Espagne via le gazoduc Medgaz permet, selon les spécialistes, à Sonatrach et son partenaire Naturgy de rentabiliser leur investissement dans cet ouvrage stratégique.
Un gazoduc entré en activité en 2011 et assurant actuellement l’ensemble du volume des exportations algériennes de gaz naturel (GN) vers l’Espagne et qui pourra atteindre une capacité de 10,7 mds m3 /an une fois sécurisée et qui sera aussi appelée à aller jusqu’à 16 mds m3 en cas de besoin à la condition que d’autres investissements viennent se joindre à cette réalisation.Toutefois, les études relatives à une telle augmentation (16 mds m3) ont été déjà réalisées, mais la décision finale d’investissement d’un tel ouvrage ne peut être prise qu’en cas de conclusion de contrats à long terme de gaz naturel entre Sonatrach et les clients européens pour des volumes relativement équivalents à la capacité de l’extension du Medgaz et sur une durée suffisante pour la récupération des investissements dans l’amont et dans le transport par gazoduc. A rappeler par ailleurs que Sonatrach et Naturgy avaient renforcé leur position sur le Medgaz en acquérant, en 2020, les parts de Cepsa. Sonatrach est devenue de ce fait actionnaire à 51% dans la société Medgaz, alors que 49% des actions sont détenues par le partenaire espagnol.
Aussi, il devient claire que Sonatrach et son partenaire Naturgy privilégient le Medgaz pour l’acheminement du gaz naturel vers l’Espagne et le Portugal notamment après l’expiration, le 31 octobre dernier, des trois contrats d’achat et de vente de gaz naturel (Espagne, Portugal, Maroc) via le Gazoduc Maghreb Europe (GME), dont celui qui concerne l’ONEE Office national de l’électricité de l’eau) marocain datant de 2011. Une continuité de l’exploitation du GME, au-delà de l’échéance du 31 octobre 2021, dépendait de l’existence de contrats gaziers sur cette ligne entre Sonatrach et ses clients qui n’ont, rappelle l’expert énergétique Mahmah Bouziane, pas renouvelé leurs contrats. Ce qui fait, ajoute-t-il dans sa déclaration à l’APS, que Sonatrach a convenu avec ses clients, dans le cadre du projet d’expansion de la capacité du Medgaz, de transférer une partie de leurs volumes qui devaient transiter sur le GME vers le Medgaz.
Enfin, M. Mahmah Bouziane a rappelé que le tronçon de GME qui traverse le territoire marocain est la propriété de la société Maghreb Pipeline Limited (EMPL), détenue par Naturgy (Espagne) à 77,2% et Galp Energie (Portugal) à 22,8%. Et dont les travaux de réalisation et l’exploitation ont été confiées à la société Metragaz, détenue par Naturgy à 76,68%, Galp Energia à 22,64% et l’Office national des hydrocarbures et des mines marocain (ONHYM) à 0,68%. Ce qui indique, conclu-t-il, que l’Algérie n’était impliquée ni dans la propriété ni dans l’exploitation du tronçon GME transitant par le Maroc étant donné que les contrats entre Sonatrach et ses clients pour la vente de GN vers l’Espagne, le Portugal et vers le Maroc, exigeaient de Sonatrach d’acheminer le gaz jusqu’à El Aricha. Au-delà de ce point frontalier, l’Algérie n’était pas concernée par la gestion du 2ème tronçon du GME. De ce fait, l’Algérie ne payait aucun droit de passage de son gaz via le GME, ni en espèce ni en nature, du moment qu’il s’agissait d’une infrastructure dont la concession ne la concernait pas. Ce sont ainsi les parties espagnole (Naturgy) et portugaise (Galp Energie) qui payaient ces droits au Maroc, étant la partie bénéficiaire de la concession à travers la société EMPL. Kamel Nait Ameur