Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la RASD en Algérie : « La mission de l’envoyé personnel du SG de l’ONU est vouée à l’échec »
L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, Abdelkader Taleb Omar a estimé hier que la mission de l’envoyé personnel de l’ONU au Sahara occidental, Staffan de Mistura « est vouée à l’échec ». Intervenant sur les ondes de la Radio algérienne, le diplomate sahraoui est d’abord revenu sur les circonstances de l’assassinat de trois camionneurs algériens par les forces d’occupation marocaines. Il a dans ce sens confirmé que cet attentat a été exécuté « à l’aide de drones près de Bir Lahlou, localité située sur les territoires sahraouis libérés», apportant un cinglant démenti aux thèses du Makhzen voulant cacher ce crime par une soit disant explosion de mine enfouie sous le sable.Abdelkader Taleb Omar est également revenu sur la célébrationhier la journée du prisonnier sahraoui, alors que 59 Sahraouis civils, croupissent depuis plusieurs mois dans les geôles du régime Marocain, dont 19 font partiedes prisonniers de GdeimIzik.
Pour le diplomate, cette journée représente « une occasion pour rappeler la situation des détenus politiques et les conditions inhumaines dans lesquelles ils vivent ».
Concernant la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, prolongeant d’une année la mission de la Minurso, l’ambassadeur sahraoui rappelle à ce sujet que « les autorités sahraouies ont, à travers une déclaration, ont dénoncé cette résolution qui n’a pas pris en compte les évolutions et les nouveautés sur la scène nationale, notamment la reprise de la lutte armée et les raisons inhérentes à cette reprise, l’échec de l’ONU quant à l’application du plan de paix pouvant permettre à la Minurso, d’assurer sa mission en vue de l’organisation d’un référendum d’autodétermination », précisant que la mission initiale de la Minurso est celle d’assurer l’organisation de ce référendum.Il déplore en ce sens qu’ « aucune initiative n’ait été prise pour diagnostiquer les raisons ayant mené à l’échec de la Minurso à organiser ce référendum au bout de trois décennies ».
Il affirme dans le même contexte qu’à travers cette résolution « le Conseil de sécurité a perdu une réelle occasion en optant pour le statuquo comme s’il existe une volonté de maintenir le gel et ouvrir les portes à de nouvelles escalades ».S’agissant de la désignation deStaffan De Mistura,comme envoyé personnel d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, l’ambassadeur de la RASD estime que « sa mission intervient dans un climat qui ne pourra pas l’aider énormément », précisant que « ses chances sont infimes à cause du statuquo pour lequel a opté le Conseil de sécurité de l’ONU ».Il indiquera à ce propos que « Christopher Rossa affirmé que tant que le Conseil de sécurité n’a pas corrigé son point de vu quant à la prise en charge de la question sahraouie, il n’y aura pas de changement », précisant que « la force d’un envoyé personnel est tributaire de l’appui qui viendra du Conseil de sécurité ».« Tant que le Conseil de sécurité, maintien l’opacité, le régime marocain fera semblant de comprendre qu’il est autorisé à poursuivre de dresser toutes sortes d’entraves », déplore Abdelkader Taleb Omar, indiquant que « jusqu’à l’heure actuelle il ne peut y avoir du nouveau » se référant au dernier discours du roi du Maroc qui a affiché son refus à toutes négociations autour du Sahara occidental.« Le régime marocain a de ce fait fermé les portes de toutes solutions politiques au conflit laissant par contre grands ouvertes les portes de la guerre», déplore en ce sens ce diplomate sahraoui, qui affirme que « la position du Maroc compromet définitivement la mission de l’envoyé personnel d’Antonio Guterres ».Il accusera certains pays qui jouissent du droit de véto, comme la France d’être « le premier qui entrave le plan de paix et freine les contrôles relatifs au respect des droits humains et l’organisation du référendum », indiquant que « les arrières pensées et les intérêts sont connus, car elle utilise le Maroc comme l’un des outils pour l’instauration d’un néocolonialisme en Afrique et dans d’autres pays du monde ».
Outre la France qui freine tout processus de paix, le diplomate cite également l’entité sioniste avec qui le Maroc a normalisé ses relations. Il expliquera que « la lutte du peuple sahraoui, est perçue par ces deux entités (Israël et la France) comme un rempart dressé contre leurs tentatives d’imposer un système néocolonialiste dans la région ».
Boubekeur Amrani