Assassinat par le Maroc de civils de trois pays de la région : L’Algérie condamne un terrorisme d’État
L’Algérie a condamné, hier par la voie du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, l’assassinat par les forces d’occupation marocaines de civils de trois pays de la région du Maghreb et interpelle le Conseil de sécurité de l’Onu aux fins de mettre fin à ce terrorisme d’État. Dans un communiqué publié hier après-midi, le département de Ramtane Lamamra précise que « l’Algérie condamne énergiquement les assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le Royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région ». « Ces pratiques belliqueuses s’apparentent à des actes répétitifs de terrorisme d’Etat et prennent les caractéristiques d’exécutions extrajudiciaires passibles de poursuites devant les organes compétents du système des Nations unies. Cet acharnement contre des civils à travers des homicides intentionnels et prémédités constitue une violation systémique grave du droit humanitaire international qui doit être vigoureusement dénoncée et résolument dissuadée », ajoute le ministère. Le communiqué relève que « cette fuite en avant de la puissance occupante marocaine constitue un défi persistant à la légalité internationale et expose la région à des développements particulièrement dangereux. » La même source fait observer que l’ « aventurisme que portent les visées expansionnistes » du Royaume du Maroc doit interpeller le Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, « dont la mission et les efforts d’apaisement se trouvent sérieusement hypothéqués par ces atteintes graves et répétées à la sécurité dans les territoires sahraouis occupés et leur voisinage immédiat avec des risques sérieux de dérives régionales potentiellement périlleuses. »
Il est utile de rappeler dans ce contexte que plusieurs sources sahraouies et mauritaniennes ont fait part dimanche d’une attaque marocaine contre des civils mauritaniens, sahraouis et algériens qui s’étaient arrêtés dans une zone de repos pour les marchands et les passants à Ain Ben Tili à la frontière mauritanienne. Ces derniers ont essuyé selon les mêmes sources entre 8 et 12 tirs de drones. Un acte d’agression caractérisé contre les pays de la région qui a fait plusieurs blessés dont des Mauritaniens, des Sahraouis et un camionneur algérien. La presse mauritanienne a également fait part du décès d’une mauritanienne qui voyageait avec ses deux enfants à bord d’un véhicule attaqué par l’armée d’occupation marocaine. Ce n’est pas la première fois que le Makhzen et ses forces d’occupation au Sahara occidental se fourvoient dans ces actes de terrorisme. Au mois de novembre dernier, ces forces d’occupation ont lancé une attaque au drone contre un convoi commercial algérien faisant trois morts. Depuis, elle a multiplié les attaques et les assassinats de civils sahraouis et mauritaniens en faisant recours à des drones et des armes de précision. Ce qui dénote de la préméditation de ces actions. Selon le Dr Slimane Aradj, Doyen de la Faculté des sciences politiques et des relations internationales Alger 3, « le Royaume du Maroc pratique le terrorisme pour servir ses objectifsexpansionnistes. » Dans une intervention à Radio Algérie internationale, le Dr. Aradj a estimé que « le Maroc cherche par ces méthodes la provocation des pays voisins, notamment l’Algérie et la Mauritanie. Il essaye, en outre, d’élargir, le champ du conflit dans la région afin de légitimer sa colonisation dans le Sahara occidental. »
Autre objectif derrière cet acte terroriste, poursuit le Dr Aradj, « les tentatives d’impliquer les pays voisins et les faire porter la responsabilité du crime, notamment à travers le choix non fortuit des ressortissants de trois pays différents comme cibles. » Le spécialiste des relations internationales appelle, par la même occasion, « les activistes des droits de l’Homme à condamner cet acte odieux. » Il exhorte également les pays africains, à « suspendre l’adhésion du Maroc de l’Union africaine. »
De son côté, le Pr Farid Ben Yahia, estime que l’objectif derrière ces actes criminels commis par le Maroc « est de créer des zones de conflit en Algérie et en Mauritanie. » Il alerte contre un plan de déstabilisation et de séparation dans le grand sud, « d’où la nécessité pour notre corps diplomatique et nos services de renseignements de poursuivre leurs nobles missions. » En plus de l’extrême vigilance de l’Algérie, poursuit le Pr Farid Ben Yahia, « elle doit faire preuve d’intelligence et ne pas se laisser conduire dans ce conflit. »
Chokri Hafed