La Tunisie s’enfonce dans la crise politique
Gel du Parlement et dissolution du gouvernement
Le président tunisien Kaies Saied a décidé, dimanche soir, de geler les activités du Parlement et de limoger le gouvernement El Mechichi après les manifestations qui ont revendiqué la dissolution du Parlement et les affrontements qui ont eu lieu à l’entrée du siège des représentants du peuple. Si la décision du président tunisien a suscité une levée de bouclier des partis islamistes, qui dénoncent un « Coup d’État contre les institutions élues », elle bénéficie du soutien de la population qui critique sévèrement l’action du gouvernement issu de la majorité parlementaire.
La crise politique latente en Tunisie a induit des tensions qui sont montées d’un cran depuis dimanche. En colère, les Tunisiens ont investi les quartiers du Parlement à Tunis pour réclamer sa dissolution. Ennahda, majoritaire au Parlement tunisien et le gouvernement El Mechichiadossé à cette majorité sont au banc des accusés, pointés du doigt par les Tunisiens pour leur gestion de la crise sanitaire, mais aussi de la crise économique et social.
Des centaines de jeunes se sont, en effet, rassemblés dès dimanche à proximité du parlement tunisien, au Bardo, pour réclamer le départ du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée des Représentants du Peuple, selon l’Agence de presse tunisienne qui a également fait état d’affrontements devant le Parlement tunisien hier.
Des tensions qui ont induit des mesures. Le président tunisien Kais Saied a décidé de geler le Parlement. La décision concerne également le chef du gouvernement Hichem Mechichi qui a ainsi été démis de ses fonctions dans un contexte de colère des tunisiens envers sa mauvaise gestion de la crise sociale et sanitaire. Aussi, à l’issue d’une réunion d’urgence au Palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité, Kais Saieda annoncé qu’il se chargera personnellement du pouvoir exécutifen se faisant aider d’un « d’un gouvernement dont le président sera désigné par le chef de l’Etat ». Ces décisions ont d’ailleurs été suivies immédiatement d’effet. Le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Rached El Ghanouchi a été interdit d’accéder au Parlement par l’Armée. La coalition menée par Ennahda a dénoncé « un coup d’État contre la révolution et contre la Constitution», Qalb Tounes et le mouvement islamiste nationaliste Karamaont, de leur côté,condamné les décisions qu’ils ont qualifiées de contraires à la démocratie.Du côté du courant démocratique à l’instar du Parti des Travailleurs et le parti socio-démocrate qui compte parmi les soutiens du président, c’est le rejet qui a été exprimé contre ses mesures tout en rendant responsable de la crise sociale, économique et sanitaire la coalition au pouvoir dirigée par Ennahda.
En tout état de cause, ces mesures ont été soutenues par la population. Des jeunes ont, en effet,bravé le couvre-feu en vigueur et sont sortis dans la rue dimanche soirpour manifester et exprimer leur satisfaction en tirant notamment des feux d’artifice et en organisant des cortèges de voitures en klaxon dans la capitale, Tunis où le président tunisien s’est offert un bain de foule et dans beaucoup d’autres villes.Hier, le président Kaïs saïd estimait que les mesures prises visent à « sauver la Tunisie, l’Etat et le peuple tunisien ».
Enfin, il est à noter que cela fait six mois qu’un bras de fer oppose le président tunisien Kaïs Saied et au chef du parti islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi. Au-delà des tensions politiques, c’est la gestion de la crise par le gouvernement qui a alimenté la colère des Tunisiens dans une conjoncture où le pays est devant le danger de la pandémie du Covid 19 qui a déjà fait en Tunisie le plus grand taux de mortalité au monde avec 18.000 morts sur les 12 millions d’habitants. La Tunisie vit une situation économique très difficile notamment après l’apparition de la pandémie du Covid 19 qui a engendré la fermeture des frontières durant une longue période. Durement touchée par cette fermeture des frontière, l’activité touristique, principale activité économique de la Tunisie, a connu un recul dramatique se répercutant sur les conditions sociales des Tunisiens.
Akli Amor