Règlement de la crise malienne : Lamamra appelle à joindre l’action à la parole
La mission effectuée ce week-end par le ministre des Affaires étrangères, Ramatane Lamamra, à Bamako n’était pas de tout repos, surtout qu’elle intervient dans un contexte où le Mali est au plus mal.
Il fallait d’abord au chef de la diplomatie algérienne faire reprendre confiance aux groupes armés du Nord malien dans l’accord de paix d’Alger signé en 2015 dans la mesure où ils commençaient sérieusement à s’impatienter. Cette contrariété visible surtout parmi les membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) s’explique par le fait que le projet et les promesses portés par l’accord en question tardent à se concrétiser sur le terrain. Le risque d’un retour à la case départ étaient réels. Ramtane Lamamra se devait aussi de convaincre les autorités maliennes de transition d’hâter la mise en œuvre de l’accord malgré qu’elles aient de nombreux dossiers chauds à gérer. Des dossiers parmi lesquels figure en bonne place la lutte contre le terrorisme et la réussite des chantiers de la transition.
Il faut dire que Ramtane Lamamra a accompli la mission que lui a assignée le président Teboune avec brio. Diplomate chevronné et qui plus est spécialiste de l’Afrique, il a su trouver les mots justes pour rassurer ses différents interlocuteurs et en même temps les persuader de la nécessité de relancer la dynamique de paix portée par l’accord d’Alger. Il ne s’est pas non plus empêché de leur parler franchement quand il le fallait. Et cette franchise teintée parfois de fermeté se justifie amplement par la gravité de la situation.
C’est ainsi que dans son allocation prononcée vendredi à l’ouverture des travaux de la sixième réunion de Haut Niveau du Comité de Suivi de la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, M. Lamamra a plaidé en faveur de mesures concrètes dans l’objectif de mener le processus de mise en œuvre intégrale de l’accord à sa bonne fin. «Dans cette étape décisive de l’histoire du Mali, nous sommes tous appelés à renouveler, individuellement et collectivement, notre engagement en faveur du processus de mise en œuvre intégrale de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et à joindre l’action à la parole en prenant des mesures concrètes dans l’objectif de mener ce processus à sa bonne fin», a-t-il indiqué.
A cet égard, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que « cette rencontre se tient à un moment où ce pays frère et ami a engagé d’importantes réformes institutionnelles tendant à réaliser une profonde refondation de l’Etat et des institutions nationales, offrant ainsi de nouvelles opportunités de prise en charge de toutes les attentes légitimes des populations pour un avenir meilleur dans la réconciliation, la paix et l’unité ». D’une part, ajoute M. Lamamra « elle a été précédée, il y a à peine trois semaines, par la Réunion décisionnelle de haut Niveau, laquelle a mis en exergue l’importance fondamentale d’une application diligente de l’Accord dans son intégralité comme gage de succès de la phase transitoire et l’aboutissement des réformes engagées dans ce cadre ». Il précisera en outre que « cette réunion a surtout envoyé un signal fort sur la ferme volonté de toutes les parties signataires d’accélérer le processus de mise en œuvre de l’Accord et de conjuguer leurs efforts à cette fin ».
Comme pour faire prendre à chacun ses responsabilités, M. Lamamra a pris soin de souligner que « (…) la réunion de vendredi prend acte de cette détermination renouvelée par toutes les parties signataires de l’Accord à dissiper définitivement le doute et la suspicion et à travailler ensemble dans un climat de confiance mutuelle pour favoriser les convergences et les compromis nécessaires au parachèvement des objectifs de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger». Il leur a fait par ailleurs comprendre que le véritable ennemi du Mali et des Maliens demeure le fléau du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée dont l’expansion se nourrit des divisions internes et du manque de perspectives économiques pour la population. Bien évidemment, le ministre des Affaires étrangères n’a pas omis de rappeler aux responsables maliens que l’Algérie se tiendra toujours à leurs côtés. Il faut espérer maintenant que tout le monde paraît avoir saisi la nécessité de régler la crise malienne que personne ne viendra parasiter, encore une fois, la dynamique suscité par Alger.
Khider Larbi