Le tribut de l’avidité
Qui a dit qu’un ministre, un homme politique ou un diplomate ça ne répond jamais au téléphone ? J’ai la preuve du contraire. La voici :
« Allo ! C’est le ministre du machin truc chouette?
- Oui, et des oiseaux qui volent, des pigeons, qui est à l’appareil ?
- Maak, le maréchal Belhasni Yacoub.
- (le souffle coupé), A vos ordres mon Maraichage, enfin, non, euh, je voulais dire mon Marechal, à votre service !
- J’ai parlé de toi au président qui ne se rappelle même pas de toi, il va te promettre
- Merci mon Maraichage, non je veux dire mon Marechal, inchallah vous serez général. Si vous avez besoin de quoique ce soit, je suis là, envoyez votre chauffeur tout de suite ! je vous aime !
Cette discussion téléphonique imaginaire entre le jeune, le très jeune même Belhasni Yakoub m’a laissé sans voix, sans crédit Djezzy, Mobilis et Ooredoo. Bref, je suis médusé. Dorénavant, même ma femme doit me donner un mot de passe en m’appelant au téléphone ! Comment un enfant de 22 ans arrive t-il à mettre dans sa poche des ministres, des personnalités politiques et des diplomates, arrive à les escroquer et leur soutirer des sous ? Chapeau bas Arsène Lupin !
Du coup, cela m’a rappelé une affaire passée devant le tribunal de Skikda dans les années 80 où j’étais « convié » par la Justice pour un article que j’avais commis. Un jeune homme d’une extrême élégance est inculpé d’avoir vendu des bons de commande de l’unité DEI d’une camionnette Mazda à un cadre de la wilaya, un cadre de Sonatrach et un commerçant pour la modique somme de 15.000 dinars alors que le véhicule coûte chez la Sonacome 20.005 dinars. A la question du juge qui demandait à l’inculpé pourquoi avoir arnaqué ces gens, le mis en cause lui retorque, « Monsieur le juge, ils voulaient m’arnaquer sinon comment expliquer qu’ils paient un véhicule coûtant chez l’Etat vingt mille et cinquante dinars pour moins que ça ? » Moralité, « drahem ettammae, yakoulhoum el keddhab ».