Les factions palestiniennes à Alger pour se réconcilier : Le pari de la paix
Les représentants de 14 factions palestiniennes sont attendus Alger pour amorcer des discussions afin de mettre fin aux profondes divisions qui les minent. La remarque est surtout valable pour les deux plus importants partis palestiniens, le Fatah et le mouvement Hamas, qui s’inscrivent depuis plusieurs années dans une logique de rivalité. Le conflit Fatah–Hamas, appelé également le « conflit des Frères », a débuté en 2006 après la victoire du Hamas aux élections législatives. Ce conflit, parfois armé, a vite débouché sur une confrontation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas.
Avec le temps, cette rivalité a fini par donner naissance à deux régimes politiques revendiquant une représentation du peuple palestinien. Depuis, le Fatah dirige l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Ghaza. Cette fracture a affaibli considérablement la lutte des Palestiniens contre l’entité sioniste. Celle-ci a mis à profit les divisions palestiniennes pour implanter davantage de colonies dans les territoires palestiniens et rendre quasi impossible la création d’un Etat palestinien. De nombreuses tentatives de réconcilier le Fatah et le mouvement Hamas ont bien été menées depuis. Elles sont cependant toutes soldées par des échecs. Les accords conclus entre eux à l’issue de leurs rencontres n’ont jamais été réellement appliqués, ce qui a accentué la méfiance entre les deux parties.
L’Algérie a décidé de mettre à profit le prochain sommet de la Ligue arabe qu’elle accueillera le 1er et 2 novembre prochain pour convaincre les chefs des factions palestiniennes d’enterrer la hache de guerre et de créer un front unique et soudé pour face à l’entité sioniste. Pour y parvenir, les autorités algériennes ont mobilisé depuis plusieurs mois leur appareil diplomatique afin de rapprocher les points de vue des uns et des autres. L’initiative algérienne a d’emblée reçu un écho favorable auprès des Palestiniens, surtout que l’Algérie a beaucoup fait par le passé pour la cause palestinienne. Elle est perçue par tous les Palestiniens comme leur plus grand soutien.
L’acte I de la réconciliation palestinienne s’est joué le 5 juillet dernier à Alger. Invités à assister à la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance, les leaders du Fatah et du mouvement Hama, Mahmoud Abbas et Ismaël Haniyeh, ont accepté de se rencontrer. Leur rencontre a été d’ailleurs immortalisée par une photo les montrant avec le président Abdelmadjid Tebboune entrain de se donner une chaleureuse poignée de main. Les observateurs ont décrit cette scène comme un élément de bon augure pour la suite des événements.
Le fait qu’aujourd’hui l’ensemble des factions palestiniennes aient accepté de se réunir à Alger rend possible tous les espoirs. Selon plusieurs sources, l’Algérie compte présenter durant cette réunion des factions palestiniennes une feuille de route susceptible de permettre aux Palestiniens de tous les bords politiques de sceller une réconciliation durable. Le document qui sera soumis à adoption prévoirait ainsi les étapes successives pour l’unification des factions palestiniennes sous l’autorité de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Pour donner une chance à la rencontre d’atteindre ses objectifs, l’Algérie a suggéré aux Palestiniens la discrétion la plus totale. De nombreux médias arabes rapportent que les chefs des principales factions palestiniennes ont accepté de se plier aux conditions algériennes surtout qu’ils voient tous la rencontre d’Alger comme une sorte de nouveau départ de leur lutte pour la liberté.
A ce propos, le président Mahmoud Abbas a souligné vendredi, lors d’une réunion du comité central du Fatah, qu’il y a une forte volonté au sein de son mouvement de « répondre favorablement aux efforts de réconciliation déployés et d’œuvrer pour leur succès afin de parvenir à une réconciliation basée sur les résolutions de la légitimité internationale et la reconnaissance que l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) est le représentant légitime et unique du peuple palestinien ». De son côté, Saleh al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a insisté sur l’idée que « le mouvement a pour principe de ne manquer aucune occasion pour parvenir à la réconciliation et mettre fin à la division ». Il a ajouté qu’il avait informé l’Algérie de sa disponibilité et de son sérieux à participer dans les rencontres de réconciliation en Algérie. Plus globalement, il est certain qu’un succès de la rencontre des factions palestiniennes permettra à la Ligue arabe d’avoir également un atout majeur pour défendre la cause palestinienne dans les instances internationales.
A ce propos, l’ambassadeur de l’Etat de Palestine à Alger, Fayez Abu Aita, a affirmé, jeudi, que le Sommet arabe d’Alger «constituera le plus grand événement politique international en faveur de la cause palestinienne », exprimant sa conviction quant à la capacité de l’Algérie, sous la direction du président Abdelmadjid Tebboune, d’unifier les factions palestiniennes et de conjuguer les efforts des pays arabes pour relever les défis auxquels fait face la nation arabo-musulmane. M. Abu Aita a fait savoir en outre que le Sommet arabe d’Alger sera « exceptionnel » sur tous les plans, compte tenu des préparatifs remarquables reflétant « l’attachement profond de l’Algérie » à prendre en charge toutes les questions arabes et à relever tous les défis qui menacent l’unité de ses rangs.
Khider Larbi