61eanniversaire du massacre du 17 octobre 1961 : Un crime d’État imprescriptible
La démarche mémorielle menée par la France officielle reste muette sur la réalité des massacres coloniaux perpétrés contre les Algériens en général et le massacre de 17 octobre 1961 en particulier.
La commémoration du 61eanniversaire des massacres de 17 octobre 1961 est l’une de ces stations historiques qui mettent en lumière l’horreur de la colonisation et des crimes coloniaux qui ont jalonné l’histoire du combat des Algériens pour le recouvrement de leur indépendance et de leur souveraineté.
Beaucoup de zones d’ombre entourent cette page sombre et sanglante de l’histoire algérienne. De l’autre côté de la Méditerranée Le traitement historique de cet événement a été caractérisé par de la dissimulation et de l’aliénation des faits qui a fait le lit des ultras et des nostalgériques de « l’Algérie française ». Seulement, il y a eu des historiens qui ont pu apporter une contribution objective et honorable quant aux motifs réels qui ont animé la répression sanglante et sans précédent contre les Algériens de l’immigration.
Cette page de l’histoire est restée en jachère sur le plan du traitement historique. Beaucoup d’historiens qui sont interpellés par leur conscience et leur éthique ont qualifié le massacre de 17 octobre 1961 comme étant « un crime d’Etat » commis par la France coloniale et qui reste imprescriptible tant que les politiques n’osent pas faire de pas important et dévoiler les véritables raisons qui ont présidé à ce massacre de grande ampleur. Les Algériens de l’immigration, dont la quasi majorité étaient des travailleurs, ont répondu à l’appel du Front de libération nationale (FLN) d’observer une journée de manifestation comme signe de rejet et de boycott du couvre-feu nouvellement appliqué aux seuls Maghrébins . C’est dire que ce couvre feu était teinté du racisme et de sélection criarde à l’égard des Algériens.
L’administration française avait une conception particulière pour saborder une manifestation pacifique, en impliquant la Force auxiliaire de la police constituée dans sa majorité des supplétifs et de Harkis nouvellement reçus en métropole. Ce qui explique le degré de la répression qui s’est abattue sur les manifestants qui sont venus accompagnés avec leurs femmes et leurs enfants pour exprimer leur rejet d’un couvre feu scélérat.Entre 30.000 et 40.000 manifestants ont investi Paris pour faire entendre leur refus du couvre-feu sélectif et leur soutien sans ambages au FLN comme étant le porte-parole du combat du peuple algérien. Cette masse d’Algériens a été reçue par des balles et une répression systématique sans faille.
La préfecture de police de Paris qui était commandée à cette époque par le criminel et le préfet Maurice Papon, n’a ménagé personne, elle a ordonné aux policiers de tirer sans scrupule sur les manifestants sans défense.L’ordre était donné par des officiels de l’Etat français, ce qui fait de cet événement dramatique un « crime d’Etat ». Des Algériens ont été noyés dans la scène d’une manière méthodique, c’est-à- dire que la répression a été préparée d’une manière volontaire.
Le récent livre de Fabrice Riceputi, un historien qui a retracé les événements tragiques du 17 octobre 1961 en s’inspirant de la démarche de son aîné, Jean-Luc Einaudi a souligné, dans son nouveau livre qui s’intitule « Ici on noya les Algériens que « le refus obstiné de reconnaître toute légitimité politique à ses minorités racisées lorsqu’elles s’organisent elles-mêmes pour contester l’ordre établi est une constante dans l’histoire de la République française». La démarche mémorielle menée par la France officielle reste muette sur la réalité des massacres coloniaux perpétrés contre les Algériens en général et le massacre de 17 octobre 1961, en particulier.Il reste beaucoup à faire pour que l’Histoire soit décolonisée et que la mémoire soit restituée en bonne et due forme.
Rachid Nassouti