Lutte contre la spéculation : Un bilan ahurissant !
Depuis plusieurs mois, le phénomène de la spéculation sur les produits de large consommation et surtout subventionnés par l’État, a atteint un seuil inédits. Si autrefois il s’agissait du monopole de certains commerçants mercantilistes en quête d’un enrichissement illicite, aujourd’hui la situation a pris un dangereux virage, car orchestrée par des groupes organisés qui portent atteinte au pouvoir d’achat. Pour lutter contre ce phénomène, l’État a décidé de frapper fort en plaçant cette pratique mafieuse, dans la case des actes terroristes. Des actes, dont désormais leur traitement est confié à la section de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
La spéculation a pris des proportions inédites. Selon le bilan de la Gendarmerie nationale, les unités de lutte contre la contrebande et la spéculationont traité 3691 affaires au niveau national au cours des neuf premiers mois de 2022, suite auxquelles 1117 personnes ont été placées en détention provisoire et 236 autres ont été placées sous contrôle judiciaire. Selon la même source les produits saisis comprennent « 1 226,481 tonnes de farine, 951,097 tonnes de blé tendre, 91,698 tonnes de blé dur, 211,662 tonnes de semoule, 29,032 tonnes de sucre, 20,958 tonnes de poudre de lait, 28 098 litres de lait, 418 090 litres d’huile de table, 63,493 tonnes de pâtes alimentaires et 1 398 têtes de bétail, soit l’équivalent de 262 500 055 DA’’. Ladite source a souligné que les procédures judiciaires étaient accélérées afin de remettre ces produits sur le marché, ajoutant que les personnes impliquées étaient déférées devant la justice, section de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Entre le 10 et le 13 octobre en cours, pas moins de 45 spéculateurs ont été arrêtés et présentés à la justice. Une dizaine d’entre eux ont fait objet d’une procédure de comparution immédiate et ont été condamnés par les tribunaux alors que le reste a été déféré devant la section lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale du tribunal de Sidi M’hamed. Pour les dix personnes ayant fait objet de comparution immédiate, ‘’elles ont été condamnées à de lourdes peines allant entre 8 et 12 ans de prison ferme et des amendes allant d’un million à dix millions de DA’’ selon un communiqué des autorités judiciaires. « Quant à ceux dont les dossiers ont soumis à la section lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, qui sont au nombre de35 individus originaires des wilayas de Boumerdes, Djelfa, El Tarf, Tébessa, Ouargla, Tamanrasset, Sétif, Souk Ahras et Adrar ont été présentés et poursuivis pour spéculation illicite, dans le cadre d’une bande criminelle organisée avec renvoi devant le juge d’instruction, où 30 d’entre eux ont été placés en détention provisoire », a ajouté la même source. Par ailleurs, le ministère de la Justice a aussi fait savoir que « les enquêtes sont toujours en cours à ce propos ». Pour rappel, la loi 15-21 du 28 décembre 2021 relative à la lutte contre le phénomène de la spéculation illicite prévoit l’application de peines sévères contre les personnes impliquées dans ces crimes, pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison et la réclusion à perpétuité si le forfait est commis dans le cadre d’un groupe organisé.
Sofia Chahine