Le 31e Sommet des Etats de la Ligue arabe adopte la Déclaration d’Alger : Peser sur le nouvel ordre mondial
Les travaux du Sommet arabe d’Alger se sont clos hier avec l’adoption d’une déclaration commune. Une déclaration qui souligne la centralité de la question palestinienne pour le Monde arabe, mais aussi la nécessité pour ce dernier de peser de tout son poids dans la redéfinition des contours du monde post-covid et post-guerre en Ukraine. Elle est l’aboutissement d’un sommet exceptionnel par la qualité de la participation, mais aussi marqué par un consens total, d’autant qu’aucune réserve n’a été émise.
Les travaux du 31e sommet de la Ligue des Etats arabes se sont clos, hier, à Alger, avec l’adoption par les leaders arabes d’une déclaration, baptisée Déclaration d’Alger, qui accorde une large place aux bouleversements géopolitiques qui affectent le monde. Un nouvel ordre multipolaire dans lequel le monde arabe entend peser et fructifier sa coopération avec ses partenaires dans le respect des principes du non-alignement. Aussi, si les dirigeants arabes se sont accordés sur la nécessité d’établir des relations saines et équilibrées entre la communauté arabe et la communauté internationale, y compris son environnement islamique, africain et euro-méditerranéen, et ont souligné l’importance des forums de coopération et de partenariat existant entre la Ligue arabe et les différents partenaires internationaux et régionaux, ils ont mis en avant la nécessité de peser dans ce nouveau qui se dessine. Dans le texte adopté à l’unanimité, les participants au sommet de l’organisation panarabe ont ainsi souligné « que l’escalade des tensions sur la scène internationale éclaire, (…) au fil du temps, les déséquilibres structurels des mécanismes de gouvernance mondiale et l’urgence de l’aborder dans le cadre d’une approche qui assure la parité et l’égalité entre tous les pays et qui mette fin à la marginalisation des pays en voie de développement». De ce fait, le Sommet d’Alger a mis l’accent sur « la nécessité pour les pays arabes de participer à la formulation des contours du nouvel ordre mondial post-coronavirus et la guerre en Ukraine en tant que groupe (…) uni et en tant qu’acteur agissant qui ne manque pas de volonté, de capacités et de compétences pour apporter une contribution réelle et positive ».
A l’occasion, les participants ont renouvelé leur attachement aux principes de non-alignement et à la position arabe commune pour ce qui concerne la guerre en Ukraine. Celle-ci, est-il précisé, est basée sur le rejet de l’usage de la force et la recherche de la paix par un engagement effectif pour le groupe de contact ministériel arabe qui comprend l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie et les Émirats arabes unis l’ONU, l’Irak, le Soudan et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes. Ces efforts, ajoutent les leaders arabes, visent à « cristalliser une solution politique à la crise conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et qui tient compte des préoccupations de sécurité pour les parties concernées, tout en refusant la politisation des organisations internationales».
Le sommet de la Ligue qui intervient dans un contexte de crise énergétique aiguë a indiqué par ailleurs dans sa déclaration finale apprécier la politique équilibrée menée par l’alliance «OPEP +» afin d’assurer la stabilité des marchés mondiaux de l’énergie et la durabilité des investissements dans ce secteur sensible dans le cadre d’une approche économique qui garantit et protège les intérêts des pays producteurs et consommateurs. Il s’agit là, à n’en pas douter, une manière de répondre aux réactions occidentales hostiles qui ont suivi la récente décision de l’OPEP+ de réduire sa production de pétrole. Washington s’en était violemment pris à l’Arabie Saoudite qui a été accusée de faire le jeu de la Russie. Le président américain Joe Biden est même allé jusqu’à menacer Riadh de mesures de rétorsions. En ce sens, les pays arabes sont clairs, ils mèneront leurs politiques selon leur dictent leurs intérêts communs. Le volet sécuritaire et le phénomène du terrorisme ont été également abordés par les participants au sommet de la Ligue arabe, surtout que beaucoup de pays arabes sont actuellement déstabilisés par les crises sécuritaires. A ce propos, ils ont souligné « la nécessité d’unir les efforts pour combattre le terrorisme et l’extrémisme sous toutes ses formes et réduire les sources de son financement ». Dans ce contexte, ils ont plaidé pour la poursuite du travail de mobilisation de la communauté internationale dans une approche intégrée multidimensionnelle respectueuse des règles du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies. Il est attendu également des pays partenaires « de ne pas permettre que leur terre soit utilisée comme refuge ou plate-forme d’incitation ou de soutien actes terroristes contre d’autres pays ».
Khider Larbi