Ouargla-Touggourt : Nécessaire coopération entre instances agricoles et agronomes
Des chercheurs agronomes dans les wilayas d’Ouargla et Touggourt plaident pour une intensification de la coopération entre les instances agricoles et les agronomes en vue de développer les cultures stratégiques, une des orientations de la nouvelle politique de l’Algérie pour atteindre le développement durable.La consolidation de la relation entre les différents partenaires du système de la recherche agricole appliquée est envisageable par la mise en place d’une plateforme de coordination entre eux, à même d’augmenter leurs contributions en réponse aux exigences de développement et de concrétisation de la sécurité alimentaire, a estimé Dr.Abdelbasset Boumada (département d’agronomie à l’Université d’Ouargla).Les recherches scientifiques menées sur le terrain par les étudiants de l’Université d’Ouargla et des instituts de formation ainsi que les expériences laborantines menées par les agronomes, en plus de l’apport des supports technologiques, la mécanisation de l’activité agricole et la diversification des genres culturaux avec respect des itinéraires techniques, sont aussi de nature à s’imbriquer dans l’effort de hausse des capacités de production et de développement de cultures nouvellement introduites dans les wilayas du Sud, a ajouté M. Boumada.S’agissant de la feuille de route 2020-2024 du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), dans son volet relatif au développement des cultures stratégiques, telles que le maïs, la betterave sucrière et le Colza oléagineux, ce chercheur agronome s’attend à des résultats « probants » dans les wilayas sahariennes.Selon lui, les wilayas sahariennes recèlent de grandes potentialités, notamment en matière d’étendue des terres et d’abondance de la ressource hydrique souterraine, adossées à des mesures incitatives aux investisseurs agricoles pour se lancer dans les cultures modernes à même de participer à la sécurité alimentaire du pays et de réduire la facture des importations.
Abondant dans le même sens, le chef de département d’agronomie et du projet de l’Ecole supérieure d’agronomie à l’Université d’Ouargla, Dr.Mohamed Dadda-Moussa a souligné à l’APS l’importance de l’accompagnement des investisseurs agricoles dans la région mais aussi l’impératif d’effectuer des visites aux périmètres agricoles pour prodiguer des conseils et des informations sur les opérations de base à adopter pour des rendements élevés et de qualité.M. Dadda-Moussa a, à ce titre, fait état d’une augmentation significative de mémoires de fin d’études au département d’agronomie de l’Université d’Ouargla, consacrés justement au développement de filières agricoles, aux mécanismes de hausse des rendements et à l’introduction de nouveaux genres culturaux pour diversifier l’activité agricole dans les wilayas d’Ouargla et Touggourt.
Pour rappel, l’Université « Kasdi Merbah » d’Ouargla et l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA) ont signé dernièrement une convention prévoyant l’analyse de la situation de la recherche et de la formation en agronomie et l’échange d’informations et d’expériences de spécialistes et chercheurs dans le domaine.Il s’agit d’un partenariat qui vise à tirer avantage des points forts de chaque institution et leurs infrastructures et expertises humaines, pour faciliter l’accès à l’information et la transmettre aux agriculteurs, dans un objectif de construction d’un système de recherche complémentaire, d’aplanissement des contraintes des agriculteurs, de valorisation des résultats de la recherche et de développement de la formation via la vulgarisation agricole, a soutenu M. Dadda-Moussa.Les wilayas d’Ouargla et Touggourt ont enregistré ces dernières années des résultats jugés « encourageants » par les agronomes en ce qui concerne les cultures stratégiques, telles que la phoeniciculture et la céréaliculture (blé dur et tendre), en plus de l’introduction de nouvelles cultures à l’instar de la betterave sucrière, du maïs en grain, du Colza oléagineux et du tournesol, auxquels leur sont désormais réservées des superficies.Les pouvoirs publics leur accordent justement un grand intérêt depuis une dizaine d’années, en encourageant l’investissement dans ces créneaux pour diversifier l’économie nationale et réduire les importations.La phœniciculture suscite un intérêt particulier dans les wilayas d’Ouargla et Touggourt, avec un patrimoine de plus de 2,6 millions de palmiers couvrant une superficie de plus de 22.512 hectares, et vient s’ajouter à la céréaliculture aux perspectives « prometteuses » dans la région, au regard des résultats obtenus ces dernières années.Les services agricoles font état, en matière de céréaliculture, d’une production annuelle de près de 110.000 quintaux au cours des cinq dernières années, avec un rendement moyen ayant atteint les 82 quintaux à l’hectare, en partie réservés aux semences. La céréaliculture est concentrée dans les régions Remtha (Rouissat), Ain-Moussa (Sidi-Khouiled), Gassi-Touil (Hassi-Messaoud), Ngoussa et Ouargla.Le maïs ensilage a donné aussi de « bons » résultats ces deux dernières années dans une exploitation agricole de la région, qui prévoit d’ailleurs une extension des superficies lui étant consacrées pour son intérêt pour la filière d’élevage comme aliment de bétail, en plus de la culture du Colza oléagineux dont les services agricoles lui ont dédiée, dans une première phase, 50,5 hectares exploités par 15 agriculteurs, avec une production de 700 quintaux remis au groupe privé « Sim » d’agro-industrie.L’oléiculture n’est pas en reste et intéresse depuis une dizaine d’années de plus en plus d’investisseurs, donnant lieu à une extension de ses superficies à plus de 2.500 hectares concentrés dans les daïras de Sidi-Kouiled, El-Hedjira et N’goussa, et une production d’huile avoisinant les 48.000 litres, selon les données du secteur de l’agriculture.Pour encourager l’investissement dans les cultures stratégiques le MADR a consenti, via ses directions de wilayas, des mesures incitatives aux agriculteurs désirant investir dans ce type de cultures destinées à l’agro-industrie qui, d’ailleurs, commence à émerger dans les wilayas d’Ouargla et Touggourt.Des autorisations de mise en valeur de terres pour leur exploitation ont été ainsi accordées, appuyées par un raccordement au réseau d’électrification, l’ouverture de pistes d’accès et d’autres opérations de dotation en systèmes d’irrigation modernes et en matériels et intrants agricoles, ainsi que l’accompagnement technique continu et des facilitations d’accès aux crédits saisonniers (R’fig) et d’investissement (Ettahadi), et des facilitations à l’investissement dans l’agro-industrie.Parmi les mesures incitatives figure la signature dernièrement d’une convention entre des producteurs de Colza oléagineux à Ouargla et Touggourt et le groupe « Sim » pour la commercialisation de leur production, remise via la Coopérative des céréales et légumes secs (CCLS), a-t-on fait savoir en signalant aussi que l’Office national d’aliment de bétail (ONAB) se charge, pour sa part, de l’achat de la production de maïs fourrager et assure son transport vers les unités de transformation.Les services agricoles d’Ouargla ont, pour leur part, conclu un accord avec la Société Asfertrade (filiale du groupe Asmidal) pour la fourniture de services aux exploitants agricoles.Aussi, des terrains ont été accordés par le nouvel Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS, basé à El-Menea) à trois opérateurs dans la zone de Hassi El-Hedoua (Hassi-Messaoud).D’une superficie de 4.000 hectares, les terrains sont octroyés pour développer des cultures stratégiques (céréales, betterave sucrière, plantes oléagineuses, maïs) et réduire la facture des importations, a indiqué la chef de service de production et d’appui technique à la DSA d’Ouargla, Mme.Fatiha Boubekri.Le ministère de tutelle vient de mettre un portefeuille foncier de 170.000 hectares, répartis entre les wilayas d’Ouargla, El-Menea, Timimoun, Illizi et Adrar, à la disposition des investisseurs souhaitant se lancer dans les grandes cultures.
R.R.