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La coopération algéro-tunisienne se renforce : Alger et Tunis se serrent les coudes

Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, s’est entretenu hier, avec la Cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, qui s’est déplacée en Algérie pour une visite de travail d’une journée. Selon un communiqué des services du Premier ministre, les entretiens ont permis de mettre en valeur «la profondeur des relations de fraternité et de solidarité entre les deux pays et peuples frères». Les deux responsables, ajoute la même source, ont évoqué «les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale, suivant les visions des deux chefs d’Etats», Abdelmadjid Tebboune et Kais Saïed, qui visent «la consécration de l’alliance stratégique et le développement solidaire et intégré». Les deux parties ont, par ailleurs, réitéré leur volonté de redynamiser les mécanismes de coopération bilatérale et de suivre différents projets en prévision surtout de la prochaine réunion la Haute Commission mixte algéro-tunisienne.  La visite de Najla Bouden à Alger intervient à un moment où la Tunisie traverse une mauvaise passe au niveau économique. Depuis la révolution de 2011, la Tunisie s’est enfoncée dans des difficultés économiques, aggravées par la pandémie de Covid-19, avec une croissance en berne et un chômage très élevé. La guerre en Ukraine a accentué la crise dans un pays très dépendant des importations de céréales et de carburants, deux secteurs où les prix flambent. Régulièrement, les habitants font face à des pénuries de produits essentiels. L’inflation s’est aussi envolée dans le pays.

Asphyxiée par une dette dépassant les 100 % du Produit intérieur brut (PIB), la Tunisie a obtenu à la mi-octobre un accord avec le FMI pour un nouveau prêt de 1,4 milliards de dollars décaissable par tranche à compter de décembre. En contrepartie, le gouvernement s’est engagé à des réformes parmi lesquelles une levée progressive des subventions étatiques aux produits de base (alimentaires et énergie) et une restructuration des entreprises publiques qui ont le monopole de nombreux secteurs. Selon le FMI, la croissance en Tunisie devrait ralentir à court terme, tandis que la hausse des cours internationaux des produits de base exercera des pressions sur l’inflation ainsi que sur les soldes extérieur et budgétaire.

Au plan politique, la situation est également tendue dans ce pays voisin. L’opposition qui s’est réunie au sein du Front du salut national. Les animateurs de cette structure ont d’ailleurs appelé dimanche à la formation d’un gouvernement de salut national pour faire face aux problèmes économiques et sociaux du pays. « Les crises économiques et sociales s’aggravent de jour en jour, et, depuis un an et demi, aucun signe ne laisse présager la fin de ces problèmes », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, leader du Front, lors d’un rassemblement dans le gouvernorat de Tataouine. « La solution à ces crises est fondamentalement politique et passe par la formation d’un gouvernement de salut », a-t-il ajouté. Le 15 septembre 2022, le pays a adopté une nouvelle loi électorale. Des élections législatives doivent par ailleurs avoir lieu le 17 décembre 2022. Il faut espérer que ce scrutin contribuera à régler la crise politique. 

La Tunisie a toujours pu compter sur l’Algérie dans les moments difficiles. Lors de la visite d’Etat de deux jours du président Abdelmadjid Tebboune, à Tunis, le 15 décembre dernier, l’Algérie avait accordé un prêt de 300 millions de dollars à la Tunisie. Pas moins de 27 accords de coopération et mémorandums d’entente avaient par ailleurs été signés par les deux pays. L’Algérie contribue beaucoup en outre à atténuer la crise énergétique qui frappe la Tunisie en l’approvisionnant en gaz et en pétrole à un prix d’amis.La relation historique qui unit les deux pays ne s’est jamais démentie. Depuis l’accession au pouvoir des présidents Tebboune et Saïed, les relations entre les deux pays se sont même caractérisées par une importante dynamique de rapprochement. Une dynamique qui a permis à Kaïs Saied de résister aux pressions occidentales qui se sont multipliées après sa décision de dissoudre le Parlement et de refonder les socles institutionnels et constitutionnels tunisiens. Au plan international, le renforcement des liens entre Alger et Tunis permet de créer une parade au bloc composé du Maroc et de l’entité sioniste qui se forme contre eux. L’Algérie et la Tunisie se sont toujours serrées les coudes face à l’adversité.

Khider Larbi

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