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L’hymne national algérien au cœur d’une nouvelle tentative d’ingérence française : L’obsession algérienne

La ministre française des Affaires étrangères a ignoré la réserve diplomatique et commis en impair en alimentant le débat sur l’Hymne national algérien. Ce qui est en soit une tentative d’ingérence dans une question éminemment souveraine.

« L’Algérie réintroduit un couplet anti-France dans son hymne national », titre « Le Figaro » dans sa livraison du 15 juin. L’auteur de l’article s’extasie, s’alarme et s’interroge s’il faut « (…) percevoir cet événement comme une nouvelle claque aux relations diplomatiques franco-algériennes ? »

Fantasme résiduel d’un passé colonial ou simple énième tentative d’ingérence dans un acte constitutionnel puisque « Kassaman » est inscrit dans la Constitution algérienne et fait partie des constantes de la République algérienne, pourquoi l’hymne national dérange à ce point la France ? Dans une récente déclaration, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, n’a pas cru d’usage de recourir au langage diplomatique et s’était laissée euphoriquement aller à remettre en question la décision du Président Tebboune de réintroduire le troisième couplet de l’hymne national, «Ô France ! Le temps des palabres est révolu

Nous l’avons clos comme on ferme un livre

Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes » et de le rétablir dans sa version originale et complète.  Cette énième tentative d’ingérence contre une décision souveraine vient curieusement à un moment où des voix hostiles à l’Algérie s’élèvent en Hexagone. La dernière en date, c’est celle de l’ex-chef du gouvernement d’Emanuel Macron, Edouard Philippe qui prône la remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968 sur les questions migratoires et s’attaquant à notre émigration pour aller grossir les rangs de l’extrême droite en rejoignant ainsi ses thèses et celles du lobby anti algérien, nostalgique de l’Algérie française. Si du côté algérien, aucune réaction officielle n’est venue remettre les choses dans leur contexte observant plutôt un silence diplomatique, réalisant que l’ennemi d’hier ne pourra pas devenir un ami, des voix s’élèvent ça et là pour dénoncer ce « déni ». L’ancien ministre de la Communication et ancien ambassadeur, Abdelaziz Rahabi, n’est pas resté sans réagir. Rahabi s’exprimant sur sa page Facebook, trouve la déclaration de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, « choquante, inappropriée et inacceptable » concernant notre hymne national. « Catherine Colonna souhaite avoir de meilleures relations avec l’Algérie, tout en remettant en question la décision souveraine de l’Algérie d' »élargir l’utilisation » de son hymne national dans les conditions et termes choisis par le gouvernement algérien. Les hymnes nationaux sont considérés comme des symboles des pays et comme représentant leur histoire depuis le XVIIIe siècle », écrira le diplomate. Rahabi ajoute que « par conséquent, de nombreux hymnes nationaux font référence à des ennemis passés, et certains ont plusieurs versions. Ceci n’est pas propre à l’Algérie ». A ce propos et à bien lire l’histoire, l’hymne national français, « La Marseillaise », est loin d’être une ode à l’amour ni à l’humanisme. Bien au contraire, c’est en l’entonnant que les premiers soldats français ont envahit notre pays en sévissant et en spoliant les Algériens de leurs biens, de leur identité et tenté d’aliéner tout un peuple martyrisé durant 132 ans. Le « Allons enfants de la Patrie, Le jour de gloire est arrivé ! » est empreint de racisme, de violence et de xénophobie dans ses couplets : « Ils viennent jusque dans vos bras Égorger vos fils, vos compagnes ! Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons, Marchons, marchons ! Qu’un sang impur Abreuve nos sillons ! Quoi ! Des cohortes étrangères Feraient la loi dans nos foyers ! » A son tour, la France coloniale dont l’impact d’un passé d’oppresseur est encore vivace à travers les contrées du monde se doit de revoir son propre hymne. La France de la 5e République se doit de contenir sa haine à l’encontre des peuples de ses anciennes colonies, de faire taire sa xénophobie et son anti-islam. « La ministre Colonna demande ouvertement que notre hymne national soit adapté en fonction de l’état des relations bilatérales et de notre histoire, selon les désirs de l’ancienne puissance coloniale. Il est regrettable qu’un membre du gouvernement alimente le débat avec une déclaration inappropriée et inacceptable, dans un contexte intérieur marqué par une campagne continue menée par des partis et des personnalités de droite visant à placer l’Algérie au cœur des débats internes sur les questions d’immigration. Ces forces ont récemment cherché à impliquer l’Algérie dans des discussions sur les conséquences de la guerre en Europe et à saper sa décision souveraine en matière de politique étrangère », termine Abdelaziz Rahabi dans son blog.

Azzedine Belferag

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