Soudan : Des milliers de personnes dans les rues
Des milliers de Soudanais ont manifesté hier contre un récent accord entre les militaires au pouvoir et des groupes civils censé sortir le pays d’un an de crise politique, mais rejeté par les partisans de la démocratie. Des manifestations quasi hebdomadaires rythment la vie des Soudanais depuis que le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a pris le pouvoir en octobre 2021 et évincé les dirigeants civils. Ce coup d’Etat a fait dérailler une difficile transition vers un régimecivil qui avait été entamée après l’éviction de l’ex-président Omar el-Béchir en avril 2019, sous la pression de l’armée et de la rue. Les manifestations hier marquaient aussi le 4e anniversaire du lancement de la contestation ayant abouti au départ d’Omar el-Béchir, au pouvoir pendant près de trois décennies et aujourd’hui en prison. « A l’occasion de l’anniversaire de la révolution de décembre, j’espère que le processus politique réalisera les revendications et les aspirations des hommes et des femmes soudanais qui sont descendus dans la rue il y a 4 ans et continuent à lutter pour un avenir de paix, de démocratie, de droits de l’homme et d’égalité des citoyens », a tweeté le représentant spécial de l’ONU pour le Soudan, Volker Perthes. Le 5 décembre, les militaires au pouvoir ont signé un accord-cadre avec plusieurs groupes civils, notamment les Forces pour la liberté et le changement (FFC) dont les représentants avaient été évincés lors du coup d’Etat du 25 octobre 2021. Cet accord, très général et fixant peu d’échéances, a été jugé « vague » et « opaque » par des analystes et militants prodémocratie. Les critiques de l’accord doutent de sa capacité à résoudre l’impasse politique dans laquelle le pays est plongé depuis treize mois. « Vous ne nous gouvernerez pas avec cet accord », ont scandé les manifestants à Khartoum. D’autres slogans appelaient les militaires à « rentrer dans leurs casernes ». Les autorités avaient décrété un jour férié hier et les forces de sécurité avaient fermé les ponts menant à la capitale ainsi que les routes menant au quartier général de l’armée. Des protestataires portaient des drapeaux soudanais et des affiches pour les victimes de la répression des manifestations depuis l’année dernière. Selon des médecins prodémocratie, au moins 122 personnes ont été tuées et des milliers blessées lors de cette répression.
R.I.