Dysfonctionnement dans la distribution des médicaments anticancéreux : Enquête au Groupe Saidal
Le groupe pharmaceutique Saidal, leader dans la production des médicaments en Algérie, fera bientôt l’objet d’une enquête sur la production, la distribution et l’orientation des médicaments anticancéreux. C’est ce qu’a annoncé, lundi soir à partir de Blida, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, à l’issue de sa visite d’inspection de l’unité de distribution Centre relevant de Saidal, au niveau de la zone industrielle Benboulaid. Si le ministre n’a pas précisé la nature de l’enquête qui sera diligentée dans les tout prochains jours, il est clair que les investigations concerneront la mauvaise gestion et les prétendus détournements de médicaments anticancéreux. Pour le moment, M. Aoun s’est limité à annoncer « l’ouverture d’une enquête pour repérer la destination des médicaments anticancéreux produits par le groupe », ce qui suggère, d’emblée un dysfonctionnement dans le circuit de distribution qui a gravement impacté les hôpitaux où des milliers de malades peinent à se procurer ces médicaments. La messe est dite, cette enquête promet, d’ores et déjà, des révélations gravissimes, sachant que cette annonce a été faite au moment où le ministre en charge du secteur évoquait une réorganisation et restructuration de ce groupe public pour mettre fin à plus d’une décennie de mauvaise gestion. Et c’est en ce sens que M. Aoun a pointé du doigt « certaines parties qui l’ont détruit », qui, pour le moment, ne cite pas et que cette enquête révélera au grand jour. Déplorant la situation dans laquelle se trouve le groupe à cause de cet état de fait, le ministre a rappelé que la décision de restructurer ce géant pharmaceutique intervient en application des instructions du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui accorde un intérêt particulier à ce dossier, qui rappelons-le, avait l’objet d’un chapitre entier lors du conseil des ministres du 25 décembre dernier. En effet, abordant l’industrie pharmaceutique, dans le chapitre « Diagnostic et perspectives », le chef de l’Etat avait instruit le ministre de l’Industrie pharmaceutique à engager le processus pour « réhabiliter le Groupe Saidal afin de lui permettre d’assurer la couverture d’une grande partie des besoins du marché national en médicaments, couverture qui a reculé à 5% alors qu’elle représentait 47% des parts du marché », d’une part, et « lutter contre toute forme de contrebande des médicaments et durcir les peines contre toute personne impliquée », d’autre part. Raison pour laquelle, M. Aoun a indiqué, à Blida, qu’il était « grand temps de procéder à la réorganisation et à la restructuration de ce groupe en vue d’en faire une locomotive pour l’industrie pharmaceutique en Algérie afin de couvrir tous les besoins du marché national et mettre, ainsi, un terme à la dépendance aux laboratoires étrangers ». A ce propos, le ministre a déploré le fait que « Saidal qui couvrait 47% des besoins du marché national ne couvre actuellement que 5% », faisant état d’une baisse conséquente en termes de médicaments produits par le groupe de 350 à 50 médicaments. Partant, l’ensemble des filiales du Groupe feront l’objet d’audits une restructuration approfondie des Process de production et distribution pour mettre un terme à la longue léthargie qui prévaut actuellement dans ce secteur névralgique. Pour réussir un tel défi, M. Aoun a annoncé que l’Etat va déployer toutes les mesures d’accompagnement pour développer le Groupe Saidal, y compris le redéploiement de la ressource humaine, ordonnant, par la même occasion « la révision des salaires des travailleurs pour appliquer une nouvelle grille à partir du mois de mars prochain ».
Riad Lamara