Rencontre Gouvernement – Walis : L’heure du bilan
Aujourd’hui, se tiendra, au palais des nations, de Club des Pins, la cinquième rencontre gouvernement – walis, depuis l’investiture Abdelmadjid Tebboune. Un rendez-vous qui se déroulera sous le thème : « Développement local : Evaluation et perspectives ». Un rendez-vous qui s’inscrit « dans le cadre de l’évaluation des actions entreprises ces trois dernières années en matière de développement local » et durant lequel les participants « se pencheront sur le processus visant à accélérer le développement socio-économique local à travers une feuille de route globale et cohérente ».
Développer le pays passe nécessairement par le développement des collectivités locales, la wilaya et la commune étant au cœur de l’équation. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’était engagé, à maintes reprises, à doter les collectivités locales de plus larges prérogatives et à faire en sorte pour que celle-ci soient dirigées par des compétences à la hauteur des défis de l’heure. Chaque wilaya ou commune dispose d’atouts qui peuvent contribuer irrémédiablement au développement. Le défi est donc de déceler ces points-forts et mettre les moyens, humains et matériels, pour les fructifier. Il est question, d’une manière générale, de « s’affranchir de la centralisation bureaucratique ». C’est dans cet objectif que se tient la réunion d’aujourd’hui Gouvernement – walis. Organisée par le ministère de l’Intérieur des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, sous le patronage du président de la République, ce rendez-vousse veut une halte pour faire le bilan, comme l’indique son thème, des chantiers et pistes enclenchés lors des précédentes rencontres, afin d’ouvrir des perspectives nouvelles susceptibles de donner un coup d’accélérateur au développement local, qui va inéluctablement contribuer à l’émergence économique du pays. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, la rencontre « abordera essentiellement trois thématiques, à savoir l’évaluation d’étape de la mise en œuvre des mesures en matière de développement socio-économique local, les perspectives d’avenir pour la consolidation du processus de développement socio-économique local et la collaboration entre les walis et le médiateur de la République pour assister les citoyens et les investisseurs ». Une rencontre qui s’inscrit donc, ajoute-t-on encore, « dans le cadre de l’évaluation des actions entreprises ces trois dernières années en matière de développement local ». Il est question, aussi, « d’analyser l’état de mise en œuvre des orientations du président de la République et d’établir un bilan des actions engagées, ainsi que leur impact sur l’amélioration des conditions de vie du citoyen et sur l’économie locale ». Les participants, note le ministère de l’Intérieur, « se pencheront sur le processus visant à accélérer le développement socio-économique local à travers une feuille de route globale et cohérente ». « La démarche méthodologique adoptée pour cette réunion sera l’évaluation sur la base d’un regroupement des wilayas en zones : Est, Ouest, Nord, Sud et Hauts-Plateaux, en vue de faire valoir les synergies et les complémentarités entre les différentes wilayas du pays, la valorisation des potentiels, des vocations et des avantages comparatifs que recèle chacune d’elle », ajoute-t-on encore.Le ton est donc donné. Il s’agit de mettre le développement des collectivités locales et l’attractivité des territoires au cœur des politiques publiques de relance économique articulées autour de la décentralisation et de la débureaucratisation. C’est dans ce contexte que s’inscrit la révision en cours des Codes de la wilaya et de la commune, ainsi le nouveau statut des walis. Des textes destinés à doter les acteurs du développement local de prérogatives plus larges. Des prérogatives qui induisent une libération des initiatives et un affranchissement de ces acteurs des injonctions de l’administration centrale, mais qui aussi des responsabilités et une obligation de résultats.
Il faut noter que lors de la précédente rencontre gouvernement – walis, qui s’était tenu les 24 et 25 septembre dernier, sous le thème « la promotion de l’économie nationale et du développement local », les participants s’étaient notamment penchés sur le « rôle du wali dans le développement économique local », le « nouveau cadre juridique pour la promotion du climat de l’investissement » et « la réforme financière et la fiscalité locale ». A cette occasion, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé, lors de son discours d’ouverture des travaux, plusieurs chantiers relatifs aux collectivités locales, à savoir, entre autres, « la création d’une Commission chargée de la révision des Codes de la Commune et de la Wilaya » et « la clôture du dossier des zones d’ombre au début 2023 ». Pour ce qui est des deux textes de loi, Les premières moutures, qui sont prêtes, apportent quelques nouveautés notamment en matière de possibilité de financement des projets pour les responsables locaux. Pour ce qui est des zones d’ombre, Merad avait donné un aperçu sur ce qui a été réalisé au mois de novembre dernier, à l’ouverture de la 5e conférence annuelle du Réseau pour la recherche en Administration Publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENAPAR), qui a eu lieu à Alger. Tout en rappelant que « 12559 zones d’ombre ont été recensées à travers plusieurs wilayas du pays », il avait indiqué que « 29610 projets à travers 10877 localités, nécessitant une enveloppe budgétaire de 337 milliards de dinars, ont été réalisés, au profit de 6,2 millions de citoyens ». Des projets, avait-il ajouté, qui concernent « des opérations de raccordement à l’électricité, le gaz, l’eau, la réalisation de centres de santé de proximité, des routes ou encore des projets relatifs aux cantines et au transport scolaire ».
Au-delà de la résorption des zones d’ombre, le développement local nécessite donc, en plus des réformes économiques, dont celles liées à la fiscalité, la révision de l’arsenal législatif relatif à la gestion locale. Beaucoup de lacunes, sur ce plan-là, ont d’ailleurs été relevées par la Cour des comptes dans son rapport relatif à l’année 2022. Mettant l’accent sur quelques wilayas, comme Blida, Oran et Sidi Bel Abbes, la Cour avait évoqué entre autres « l’urgence de renforcer les procédures de contrôle interne » et « la nécessité de redynamiser l’inspection générale de la wilaya ». Elle a également cité comme insuffisances « le lancement de commandes en l’absence d’un recensement des besoins », « le recours limité aux procédures de consultation » ainsi que « l’absence de plan de développement à moyen terme ». Tout ceci pour dire qu’un diagnostic a été fait à différents niveaux. Cette rencontre Gouvernement – walis sera donc une occasion pour donner un coup d’accélérateur au processus de développement socio-économique local.
Elyas Nour