Déficit commercial abyssal et dette extérieure énorme : Le Maroc au bord d’un chaos économico-social
Malgré les aides multiples qu’il reçoit de l’extérieur, le Maroc se porte extrêmement mal économiquement. Le Makhzen est même au bord de l’effondrement.
Les chiffres ne mentent pas. Selon ses propres données, publiées cette semaine, le Maroc accuse un déficit commercial de 311,6 milliards de dirhams (30,6 milliards de dollars) en 2022. Un déficit en hausse de 56,5% par rapport à 2021. Explication. Les importations ont culminé à 737,73 milliards de dirhams durant l’année écoulée, enregistrant ainsi une hausse de 39,6% par rapport à l’année précédente. Ce qui est énorme.
La forte hausse des importations découle, entre autres, de l’envolée de la facture énergétique (+104%), des importations de produits alimentaires (+49,9%) et des demi-produits (+46,4%). Ces statistiques montrent que la décision de l’Algérie de suspendre ses exportations de gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe a eu un impact très important sur les finances du Maroc. Cela prouve que durant toutes ces années, le Makhzen n’a pu tenir que grâce au gaz bon marché que lui fournissait l’Algérie.
Les exportations ont, quant à elles, atteint 426,1 milliards de dirhams. Le taux de couverture des importations par les exportations a ainsi enregistré une baisse de 4,5 points de pourcentage par rapport à 2021 pour s’établir à 57,8%. Il faut savoir que le Makhzen n’a pu exporter l’équivalent de 40 milliards de dollars que grâce au phosphate qu’il vole en toute impunité au peuple sahraoui. Sans cela, il aurait été en banqueroute depuis longtemps.
Dans l’absolu, un déficit commercial de 30 milliards de dollars n’est pas vraiment un problème pour un pays qui a les moyens de le juguler. Or dans le cas du Maroc, la situation est toute autre. Non seulement Rabat dispose de zéro réserves de changes mais il croule aussi sous une dette extérieure énorme. Celle-ci dépasse les 70 milliards de dollars. Il s’agit d’un niveau important qui constitue un lourd fardeau pour l’économie marocaine et le régime qui peine à payer les échéances sur le principal auxquelles s’ajoute le service de la dette (intérêts de la dette) ce qui a poussé le gouvernement marocain à demander de nouveaux prêts. En fait, le Makhzen est prisonnier depuis longtemps dans un cycle vicieux et infernal qui consiste à s’endetter toujours plus pour financer son économie.
La situation risque de s’aggraver davantage puisque l’on assiste à un resserrement des taux des grandes banques centrales et au renchérissement du dollar, ce qui menace d’alimenter une récession dans un tiers des économies du monde et d’induire une grave crise de la dette notamment au sein des pays à revenu intermédiaire importateurs d’énergie, ce qui est le cas du Maroc. C’est la raison pour laquelle la valeur du dirham ne cesse de s’effondrer (Il a perdu 75% de sa valeur en janvier), ce qui affecte le taux d’inflation. Actuellement, les biens alimentaires au Maroc ont connu des hausses vertigineuses et le citoyen lambda assiste, impuissant, à une baisse drastique de son pouvoir d’achat. Les médias marocains n’en parlent pas beaucoup mais le Makhzen est classé en zone rouge. La Banque mondiale a d’ailleurs récemment publié un rapport négatif sur l’évolution des taux d’inflation au Maroc.
La panne structurelle qui affecte l’économie marocaine a plongé des millions de Marocains dans la l’extrême pauvreté. Le chômage reste plus que jamais massif au Maroc. Le gouvernement de Mohamed VI, dirigé par un puissant homme d’affaires, est incapable de résoudre ce mal endémique. La crise sociale est aggravée par le piteux état du secteur éducatif et du système de santé, l’arrogance, la corruption des élites et une répression féroce.
En matière d’emploi, sur une population de 36 millions de personnes, seul un peu plus d’un million sont des salariés du secteur privé formel. Un autre million est employé par le secteur public, dont la moitié dans l’armée et les services de police ou assimilés. Le reste de la population marocaine est obligée de faire dans la débrouillardise pour survivre. C’est cette situation intenable qui a poussé ces derniers mois la société civile et les syndicats marocains à sortir massivement dans la rue presque chaque semaine pour crier leur courroux et dénoncer l’incurie des dirigeants.
Le peuple marocain exige désormais un revenu décent et des minimas sociaux. La croissance molle des richesses et l’accaparement de l’essentiel de cette richesse par une minuscule minorité sont mal acceptés. Et les frustrations des jeunes générations rendent plus criante la dilapidation des richesses du pays, la course à l’armement, la corruption généralisée et le fonctionnement somptuaire de l’État et de ses élites. Aujourd’hui, tous les ingrédients d’une explosion sociale d’une grande amplitude sont réunis au Maroc. Si celle-ci venait à se produire, elle pourrait bien entraîner dans son sillage cette fois la monarchie qui est considérée comme la principale responsable de la corruption qui gangrène le pays.
Khider Larbi