Sécurité alimentaire : Les conditions du renouveau agricole
Les Assises nationales de l’Agriculture s’ouvrent aujourd’hui à Alger afin de faire le diagnostic de l’évolution du secteur de l’agriculture dans notre pays, évaluer ses performances et examiner les voies et moyens de promouvoir sa contribution à garantir la sécurité alimentaire. Bien que le secteur ait enregistré un développement appréciable au cours des dernières années, ce qui a permis une hausse notable de la production agricole, notamment en ce qui concerne les produits frais et les produits maraîchers et qui permet aujourd’hui à l’Algérie d’occuper les premières places en matière de sécurité alimentaire dans le Monde arabe et en Afrique, celui-ci gagnerait encore à être promu et boosté, notamment dans les segments liés aux cultures stratégiques, plus précisément en ce qui concerne les céréales, les oléagineux, les produits sucriers et le lait, pour couvrir la demande nationale, le marché étant encore très dépendant des importations. Une question qui devient vitale au regard du contexte international qui a induit des tensions majeures sur le marché des produits alimentaires de base. Aussi et afin de se pencher sur les facteurs susceptibles d’inciter un véritable renouveau agricole, des ateliers préparatoires aux Assises nationales de l’agriculture ont été tenus hier, lesquels ont été sanctionnés par une série de recommandations.
Les ateliers organisés au niveau de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), de l’Institut national algérien de la recherche agronomique (INRAA), du Centre national de contrôle et de certification des semences et plants et de la Direction générale des forêts (DGF) ont permis de mettre l’accent sur les aspirations des paysans et des experts et de cerner les obstacles entravant la réalisation des objectifs escomptés du secteur.Le foncier industriel, l’irrigation complémentaire et le financement étaient au cœur des débats du premier atelier abrité par l’INRAA, où les participants ont souligné la nécessité de renforcer le secteur de l’agriculture à travers le plan du cadastre, la numérisation du secteur et la facilitation de l’accès au financement.A cet effet, le directeur du foncier agricole et de la mise en valeur des terres au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Wahid Tefiani, a insisté sur la nécessité d’assainir le foncier agricole, soulignant que « la révision des mécanismes d’accès est devenu plus qu’impératif à l’heure actuelle ».Concernant le deuxième atelier sur « la promotion des filières stratégiques », la directrice de la promotion et de la valorisation des produits agricoles, Bouchra Boudaoud, a fait savoir que ces discussions avaient permis d’élaborer une série de mesures visant le développement et le renforcement des différentes filières pour une sécurité alimentaire durable.Ces ateliers organisés par le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants (CNCC) ont porté sur l’importance d’adopter un système national des statistiques pour l’identification du cheptel, a-t-elle poursuivi.Elle a insisté, en outre, sur l’impératif de « mettre en place toutes les incitations financières au profit des projets relatifs à l’industrie manufacturière afin d’absorber l’excédent de la production agricole et de réguler le marché local, en sus d’encourager la création de coopératives de services spécialisées dans la machinerie et le matériel agricole, lesquels joueront un rôle dans le développement agricole et rural durable ».
Placés sous le slogan »Agriculture: sécurité alimentaire durable », les travaux de ces assisses qui s’ouvrent aujourd’hui seront une opportunité pour consolider les acquis des diverses filières agricoles et réajuster les actions qui confortent le statut de » pays à stabilité alimentaire », accordé à l’Algérie l’an dernier par le Programme alimentaire mondial (PAM), à l’instar de la majorité des pays européens, des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Brésil.
Notons que le secteur de l’agriculture participe à hauteur de 14,7% au PIB avec une valeur de production agricole en 2022 de 4.500 milliards de DA, soit une augmentation de 31% par rapport à 2021. Les pouvoirs publics ont consacré 130 milliards de DA pour 2021-2022 sous forme de subventions pour le développement de l’investissement agricole, la régulation de la production et les projets structurels, alors que les subventions des engrais sont passées de 20% à 50%.Sur le terrain, ces subventions ont permis à la filière des céréales de dégager une production de 41 millions de qx contre 27,6 millions de qx en 2021, avec des prévisions de productions de 55 millions qx sur 3,75 millions ha pour 2025.Pour ce qui est du développement des cultures stratégiques dans le Sud, un portefeuille foncier initial a été affecté au titre de la concession, pour une superficie de 134.000 ha au profit de 140 investisseurs, avec un programme en cours de 97.000 ha.Les oléagineux, le colza et le soja ont été intégrés à la liste des filières stratégiques et les efforts sont déployés pour atteindre l’objectif de couvrir 25% des besoins nationaux en huile de colza et 33% en maïs, dئici à 2024.Dans le cadre du même objectif de la sécurisation céréalière, des actions entretenues ont rendu possible la mobilisation des ressources en eau pour l’irrigation sur 500.000 ha et la prévision de généralisation des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau sur 150.000 ha à l’horizon 2025.Pour la filière légumes secs, la production est passée de 0,9 million qx en 2021 à 1,18 million qx en 2022 pour une valeur de 17 milliards de dinars (+19%). Pour la pomme de terre, la production est passée à 44,2 millions qx en 2022 pour une valeur de 287 milliards de dinars (+43%).S’agissant de la filière animale, l’action retenue a conduit, en 2022, à une hausse de 31% (5,7 millions qx) dans la production de la viande blanche comparée à 2021 et une hausse de 8% en viandes rouges (5,7 millions qx).
Chokri Hafed