Enlèvement de 7 diplomates algériens dans le nord du Mali en 2012 : Tebboune pointe du doigt « un État voisin »
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est revenu dans son entretien accordé à la chaîne d’information qatarie Al Jazeera sur l’enlèvement de 7 diplomates algériens dans le nord du Mali en 2012. Pour le président Tebboune, il n‘y a pas de doute possible. L’enlèvement a été l’œuvre d’«un Etat voisin », surtout que ce même pays est connu pour avoir inspiré la création du MUJAO.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est revenu dans son entretien accordé il y a deux semaines à la chaîne d’information qatarie Al Jazeera sur l’enlèvement de 7 diplomates algériens dans le nord du Mali en 2012. Il s’agit du consul d’Algérie à Gao, Boualem Saies, mort en captivité, et de six de ses collaborateurs, dont Tahar Touat, exécuté par les ravisseurs. Le chef de l’Etat a accusé sans le citer le Maroc d’avoir été derrière le kidnapping qui a coûté la vie à deux fonctionnaires algériens. Rapt qui avait été revendiqué à l’époque par le Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest (MUJAO).
Pour le président Tebboune, il n‘y a pas de doute possible. L’enlèvement a été l’œuvre d’«un Etat voisin », surtout que ce même pays est connu pour avoir inspiré la création du MUJAO. «La première victime de l’instabilité au Mali c’est l’Algérie. Nous sommes le seul pays dont des diplomates ont été enlevés au Mali, dont deux ont été assassinés. Nous savons qui a fait cela, c’est un pays voisin, à travers une organisation terroriste fictive qu’ils ont créée au Mali», a-t-il soutenu. Le chef de l’Etat n’en dira pas plus sur cette affaire qui avait suscité l’émoi en Algérie pendant de longs mois et qui va davantage empoisonner les relations algéro-marocaines.
En revanche, M. Tebboune est revenu longuement sur la situation au Mali, pays duquel parviennent des nouvelles inquiétantes. A ce propos, il a affirmé que l’Algérie œuvrait à instaurer la sécurité au Mali. « Personne ne nous empêchera d’aider nos frères maliens et nous n’accepterons aucune scission entre le nord et le sud du Mali », a-t-il souligné. Il expliquera en outre que « l’approche de l’Algérie et de la France concernant le Mali n’est pas la même et j’en avais informé le président français… ». « La France voit que la solution est militaire, alors que nous la considérons économique et sociale », a-t-il dit.
Les déclarations du président Abdelmadjid Tebboune interviennent à un moment où les tensions s’exacerbent entre le nord et le sud. L’accord de paix d’Alger n’a jamais été autant menacé. Le 5 avril, un avion de chasse de l’armée malienne a fait monter la tension en survolant des localités du nord malien. Un Soukhoï Su-25 est apparu dans le ciel de Kidal, où se trouve le QG des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Un survol à basse altitude des Forces armées malienne (FAMA) perçu comme une manœuvre d’intimidation. L’appareil n’a mené aucune frappe mais ses rotations au-dessus de la ville ont provoqué des tirs de riposte des combattants au sol. Des survols du même ordre ont également été observés à Ber, Anefis et Amassine, n’entraînant aucune perte.
Politiquement, ces opérations s’inscrivent dans un contexte de dégradation des relations entre les autorités de transition et les ex-mouvements rebelles, à majorité touareg et arabe, qui depuis plus de dix ans contrôlent dans les faits le septentrion malien. Mercredi, la CMA a dénoncé une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 » et une « provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale garante des arrangements sécuritaires et de l’accord pour la paix ». Le gouvernement malien, lui, est resté silencieux. Le porte-parole de l’armée, le colonel Souleymane Dembélé, avait démenti, deux jours avant les faits, toute volonté de reprendre par les armes les territoires perdus du nord du pays. « Des esprits malveillants sont en train de dire que l’armée mène une opération vers Kidal. On n’est pas dans cette dynamique, les autorités restent attachées à l’accord pour la paix. L’armée malienne n’est pas en train de se réarmer pour reconquérir Kidal », assurait alors le patron de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées. Le problème c’est que les groupes du nord de croient plus à ce discours rassurant, la confiance entre les deux camps étant extrêmement limitée. Cette crise de confiance vient du fait que Bamako ne fait rien pour appliquer les accords de paix de 2015 qui ont mis fin à la rébellion du nord malien.
Khider Larbi