Les BRICS commencent à faire de l’ombre au G7 : L’économie mondiale change de centre de gravité
Les BRICS sont un groupe de pays émergents qui réunit le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud, fondé en 2006, lors du premier passage de Lula à la présidence (2003-2010).
Les membres du groupe des BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, devraient dépasser le G7 dirigé par les États-Unis en termes de contribution à la croissance économique mondiale, à partir de cette année. Selon les calculs de l’agence Bloomberg, basés sur les dernières données du FMI, les pays BRICS contribueront à 32,1 % de la croissance mondiale, contre 29,9 % pour le G7. Le Groupe des sept nations (G7) – composé des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon – a longtemps été considéré comme le bloc économique le plus avancé de la planète. La Russie en était membre jusqu’en 2014, date à laquelle elle a été exclue.
La même source rappelle qu’en 2020, les contributions des pays BRICS et du G7 à la croissance économique mondiale étaient égales. Depuis lors, les performances du bloc dirigé par l’Occident ont décliné. D’ici 2028, la contribution du G7 à l’économie mondiale devrait diminuer à 27,8 %, tandis que les BRICS représenteront 35 %. Les calculs de Bloomberg montrent que la Chine sera le principal contributeur à la croissance mondiale au cours des cinq prochaines années, sa part devant être le double de celle des États-Unis. La part de la Chine dans l’expansion du PIB mondial devrait représenter 22,6 % de la croissance mondiale totale d’ici 2028, a écrit le média. L’Inde devrait contribuer à 12,9 % du PIB mondial. « Au total, 75 % de la croissance mondiale devrait être concentrée dans 20 pays et plus de la moitié dans les quatre premiers : la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’Indonésie. Alors que les pays du Groupe des Sept comprendront une part plus petite, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la France figurent parmi les 10 principaux contributeurs », a écrit le média. Une étude récente d’un cabinet de recherche en macroéconomie basé au Royaume-Uni a également révélé que l’écart entre les deux groupes en termes de poids économique mondial devrait continuer à se creuser. Les analystes ont noté que la Chine et l’Inde ont connu une croissance économique robuste et que davantage de pays sont intéressés à rejoindre les BRICS.
Le succès que connaissent les BRICS a amené de nombreux pays à s’intéresser à cette jeune organisation qui constitue une alternative intéressante à l’ordre économique et financier actuel. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, « plus d’une douzaine » de pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS, notamment l’Algérie, l’Argentine, Bahreïn, le Bangladesh, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Égypte, le Mexique, le Nigéria, le Pakistan, le Soudan, la Syrie, Türkiye, les Emirats Arabes Unis et le Venezuela. Il est d’ailleurs question que les BRICS s’élargissent à d’autres pays durant les prochains mois. C’est au mois d’août prochain que les membres de ce bloc économique examineront les critères d’adhésion et l’élargissement du groupe. «Un certain nombre de pays sont intéressés à rejoindre les BRICS, mais les cinq pays auront une discussion approfondie sur cette question en Afrique du Sud cet été», a déclaré au début de la semaine à Sputnik, Clayson Monyela porte-parole du ministre sud-africain des Relations internationales et de la Coopération. C’est donc à l’occasion du Sommet du groupe devant se dérouler du 22 au 24 août prochain que les leaders des BRICS définiront ces fameux critères se basant sur leurs «valeurs, idéologie et approche». Clayson Monyela a précisé que «les cinq pays actuels ont beaucoup en commun en termes de valeurs, d’histoire, et de coopération».
Au plan stratégique, les BRICS travaillent d’arrache-pied pour la création de leur propre monnaie afin de s’éloigner du dollar américain et de l’euro dans les transactions mutuelles. Il y a actuellement un mouvement de fond pour « dédollariser » l’économie mondiale. Le président brésilien Lula en a beaucoup parlé la semaine dernière avec son homologue chinois Xi Jinping lors de sa visite en Chine.
Il a tenu d’ailleurs à assister à l’intronisation de l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff à la tête de la banque des BRICS, dont le siège est à Shanghai. Lula Da Silva en a profité pour fustiger le Fonds monétaire international (FMI), qu’il a accusé d' »asphyxier les économies de pays comme l’Argentine ». « Aucun dirigeant ne peut travailler avec le couteau sous la gorge parce qu’il est endetté », a déclaré l’ancien syndicaliste. Le chef de l’Etat de la première économie d’Amérique latine a également déploré que le dollar américain soit encore utilisé pour la plupart des échanges internationaux. «Aujourd’hui, un pays doit se procurer des dollars pour exporter alors qu’il pourrait le faire dans sa propre monnaie », a-t-il ajouté.
Fin mars, lors d’un forum économique regroupant plusieurs dizaines de patrons brésiliens en Chine, les deux pays ont noué un accord prévoyant que leurs échanges pourront être effectués dans leur propre monnaie, sans utiliser le dollar. Deux banques – une de chaque pays – ont été désignées pour réaliser les opérations de change qui permettront à l’exportateur de recevoir dans sa monnaie un paiement fait par l’importateur dans sa devise d’origine. C’est ce qui pourrait s’assimiler au début de la fin de l’épopée du dollar.
Khider Larbi