Lutte contre le terrorisme en Afrique : L’ANP prend les devants
Face à la monté des menaces, dans le sillage d’un contexte géopolitique qui se tend, l’appropriation des capacités de défense et de lutte contre le terrorisme en Afrique, en faisant barrage à toute forme d’ingérence étrangère, est une priorité.
C’est dans ce contexte que l’Armée nationale populaire a multiplié les échanges et les discussions avec les responsables militaires de nombreux pays africains pour se pencher sur les moyens et opportunités de renforcer ces capacités de défense que ce soit dans un cadre bilatéral à travers les discussions menées avec les représentants de nombreux pays africains au cours des derniers mois ou régional. Une question qui a d’ailleurs été une nouvelle fois au cœur la 11e réunion du Comité des Chefs d’Etat-Major et la 10e réunion du Conseil des ministres de la Défense des Etats membres de la Capacité régionale d’Afrique du Nord (NARC) tenues hier à Alger. Des réunions qui ont vu la participation du Chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire, le Général d’Armée Saïd Chanegriha accompagné du Secrétaire général du ministère de la Défense nationale, du chef du Département Emploi-Préparation de l’Etat-Major de l’ANP, le directeur des Relations extérieures et de la Coopération, ainsi que des cadres et officiers de différentes Armes et un représentant du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, mais aussi du du Général d’Armée Muhammad Ali El-Haddad, Chef d’Etat-Major Général du Gouvernement Libyen d’Unité nationale, du Général-Major Mohamed El Wali Akeik, Chef d’Etat-Major de l’Armée populaire de libération sahraouie de la République arabe sahraouie démocratique, du Général-Major Essam El-Gamal, Chef d’Etat-Major Adjoint des Forces armées de la République arabe d’Egypte et de M. Ahmed Ahmeeda El Tadjouri, Secrétaire exécutif de la Capacité régionale de l’Afrique du Nord, précise un communiqué du ministère de la Défense nationale. D’ailleurs au cours de son intervention, le chef de l’Etat-major de l’ANP a souligné toute l’importance accordée par l’Algérie au renforcement des capacités de défense et de lutte contre le terrorisme du continent, notamment dans le contexte actuel. S’il a estimé que ces réunions annuelles offrent une occasion pour « renforcer la coopération et la coordination entre les Etats membres, en vue de faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité de la région », le Gébéral D’Armée Saïd Chanegriha a souligné qu’elles « donneront, sans nul doute, une forte impulsion à notre capacité régionale, en termes de disponibilité opérationnelle et de renforcement de la coordination déjà existante entre nos pays respectifs, pour faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité de notre région ». « En effet, notre région, au même titre que les autres régions du continent africain, est confrontée à de nombreux défis en matière de paix et de sécurité, tels que le terrorisme, le crime organisé, les conflits armés et les différends frontaliers, ce qui nous interpelle, plus que jamais, à travailler en collaboration pour faire face à ces défis et œuvrer à mettre un terme à la violence, à l’extrémisme et à toutes les formes de criminalité transfrontalière », a-t-il relevé. Il d’ailleurs souligné que l’Algérie a, de tout temps, plaidé pour l’adoption d’une « nouvelle approche africaine de lutte contre le terrorisme, basée sur la lutte contre les groupes extrémistes et la prévention de toute forme de radicalisme », avant de rappeler le rôle majeur et précurseur joué par notre pays en la matière. « En sus des efforts déployés par mon pays dans le sens de la restauration de la sécurité et de la stabilité dans la région du Sahel, que ce soit dans le cadre de la coopération bilatérale ou des mécanismes multilatéraux, l’Algérie a, de tout temps, plaidé pour l’adoption d’une nouvelle approche africaine de lutte contre le terrorisme, basée sur la lutte contre les groupes extrémistes et la prévention de toute forme d’intégrisme » a-t-il mis en avant. «En effet, le combat contre le terrorisme ne peut être remporté en l’absence d’une approche inclusive, visant à faire face à l’extrémisme violent et à tarir les sources de son financement à travers, entre autres, l’interdiction de paiement de rançons, qui contribuent à resserrer les rangs des terroristes, à les doter en armements et à augmenter leurs capacités de nuisance », a fait valoir le Chef d’Etat-Major de l’ANP. Il a tenu à rappeler, avant de conclure, « l’engagement de l’Algérie et la détermination de l’ANP pour aller de l’avant dans le sens de la consolidation de notre mécanisme régional et de soutenir tous les efforts, à même de contribuer à l’instauration de la sécurité et de la paix à l’échelle internationale, continentale et régionale ». Il faut dire que l’État-major de l’ANP, et dans le sillage des lignes fixées dans le cadre de la politique étrangère tracée par les plus hautes autorités du pays, a fait de l’appropriation des capacités de défense et de lutte contre le terrorisme un axe d’action majeur, notamment au regard de la situation sécuritaire que vit la région et des menaces qui pèsent sur elles notamment dans le sillage de la crise en Libye, mais surtout de la propagation du fléau du terrorisme au Sahel et plus largement en Afrique. C’est dans ce contexte que l’Algérie déploie des efforts sur le double front diplomatique et de la défense pour contrer ces menaces. Ainsi et au-delà de cette réunion de coordination régionale au niveau des pays de l’Afrique du Nord, et afin de faire face aux menaces directes alimentées par l’insécurité croissante au Sahel, l’ANP veille dans le cadre du Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) qui regroupe les états-majors de l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger entretenir une coordination permanente. Une récente réunion a d’ailleurs permis de «débattre et d’entériner de nouveaux projets de texte relatifs à ce mécanisme de coopération sécuritaire, s’inscrivant dans le cadre de la redynamisation de la coopération et de la consolidation de l’interopérabilité entre les pays membres» avec de redynamiser la coopération en matière de lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, le chef de l’État-major de l’ANP a souligné au mois d’avril dernier l’initiative de l’Algérie, visant à conférer une nouvelle dynamique aux efforts de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel et le Sahara, qui approuvée en octobre 2022, par les pays membres du CEMOC « tend, au premier chef, à ce que chaque pays prenne en charge, lui-même, la lutte contre la menace terroriste dans son territoire national, en comptant essentiellement sur ses propres capacités et moyens, tout en s’inscrivant, évidemment, dans une dynamique collective, fondée sur la conjugaison des efforts, la coordination et l’aide mutuelle et qui exclue toute forme d’ingérence étrangère sous le couvert de la lutte antiterroriste, puisque les derniers développements dans la région ont démontré que cette approche est un échec total ».
Lyes Saidi