Le congrès du parti reporté sine die : Quel avenir pour le FLN
Baadji fait durer le suspense autour de la tenue du 11e congrès du FLN.
Le Front de libération national ne tiendra pas son congrès. Le Secrétaire général du Front de libération nationale, Abou Al-Fadl Baadj, a exclu l’organisation du 11e congrès du parti cet été, invoquant des questions logistiques liées à l’hébergement et aux moyens nécessaires pour organiser l’événement. Dans son discours lors de l’ouverture de la réunion des mouhafadhshier au siège du parti, Baadji a tenu à préciser que le congrès était reporté après l’été, sans toutefois divulguer de date précise. Ce report n’a pas été du goût des cadres du parti, dépités par cette situation kafkaïenne qui plonge encore plus l’ex-parti unique dans une crise organique sans précèdent. Bien que plusieurs d’entre eux expliquent ce report par un « refus de délivrer l’autorisation de la tenue du congrès à l’équipe dirigeante actuelle » du parti qui signifie « une fin de non-recevoir » pour Baadji lequel est « prié de quitter la scène politique », ce dernier insiste sur l’option de tenir le congrès sous l’égide de la direction actuelle. Abou el Fadhl Baadji qui a tenté de lancer des messages à ses adversaires continue soutenir que « le congrès arrive et nous sommes en train de nous préparer et d’organiser les observations que nous recevons de la base ». « Le congrès du Front de libération nationale est un événement national et international et doit être bien préparé » souligne-t-il. Et pour justifier le retard et les différents reports par la difficulté « d’organiser un congrès de parti en été » et d’affirmer que « les installations et les structures utilisées seront à 100% publiques » et que « la période actuelle assiste à la tenue de plusieurs congrès de différents courants politiques et que la tenue du congrès du FLN aura lieu après la fin de tous les autres congrès, pour conclure ces événements ».
Le FLN se dirigerait-il vers le musée ?
Pour les adversaires de l’actuel patron du FLN, l’ex-parti unique qui vit depuis le dernier congrès de 2015 une série de chamboulements à sa tête se retrouve dans une situation « d’illégalité » au vu de la loi sur les partis et cela depuis près de trois années. Sa mise en conformité tarde à venir. Le 11e congrès qui devait se tenir au délai du 30 mai 2020, s’est prolongé. L’Administration a dû lui accorder un délai de six mois pour tenir ses assises, c’est-à-dire jusqu’à la fin novembre 2020 pour régulariser sa situation et se mettre en conformité avec la loi par la tenue de son congrès. Dans l’impossibilité de s’adapter, le FLN et en guise de renouvellement avait procéder à un jeu de roque comme aux échecs pour renouveler sa composante en recourant à des assises tenues in extrémis et propulsant dans la hâte en session extraordinaire validée par le comité central au poste de secrétaire général du parti Abou El Fadhl Baadji. Ce dernier, décrié de toute part résiste contre vents et marrées pour se maintenir à son poste livrant le FLN à des scènes de violences entre partisans et opposants. La formation que dirige Baadji continue d’essuyer les coups de butoir sans lâcher prise sous le regard impassible de la tutelle qui au nom de la non-ingérence dans les affaires de partis évite d’imposer le diktat de la loi. Ce « pourrissement » dénoncé par certains cadres du parti leur fait craindre la fin de cette formation qu’ils disent appelé à rejoindre le musée d’autant que les calculs en prévision des prochaines échéances ne prennent pas en compte l’élément FLN qui ne semble plus faire partie de la future configuration politique. Le « détachement » du Président Tebboune de cette formation qu’il a déclaré avoir quitté pour se présenter comme le candidat de la jeunesse et de la société civile à la présidentielle du 19 novembre 2019 en dit long sur le devenir du vieux front dont le rôle sur l’échiquier politique a été réduit à néant en dépit du fait de sa victoire relative aux précédentes échéances électorales dont il a raflé la majorité.
Azzedine Belferag